Par Sibylle Turo , Université de Montpellier et Anne-Sophie Cases , Université de Montpellier Aujourd’hui, les écrans et les notifications dominent notre quotidien. Nous sommes tous familiers de ces distractions numériques qui nous tirent hors de nos pensées ou de notre activité. Entre le mail important d’un supérieur et l’appel de l’école qui oblige à partir du travail, remettant à plus tard la tâche en cours, les interruptions font partie intégrante de nos vies – et semblent destinées à s’imposer encore davantage avec la multiplication des objets connectés dans les futures « maisons intelligentes ». Cependant, elles ne sont pas sans conséquences sur notre capacité à mener à bien des tâches, sur notre confiance en nous, ou sur notre santé. Par exemple, les interruptions engendreraient une augmentation de 27 % du temps d’exécution de l’activité en cours. En tant que chercheuse en psychologie cognitive, j’étudie les coûts cognitifs de ces interruptions numériques : au
Le premier Forum sur la gouvernance d’internet (FGI), qui a réuni cette semaine près d’Athènes sous l’égide de l’ONU quelque 1200 délégués représentants 90 États, les principales entreprises du Net et des dizaines d’associations, s’est achevé sur un bilan en demi-teinte. D’un côté, aucune décision concrète n’a été prise, ce qui est logique compte tenu du statut uniquement consultatif de la nouvelle instance. De l’autre, le Forum a permis d’évoquer les grands enjeux d’internet: censure, liberté d’expression, multilinguisme, cybercriminalité, fracture numérique nord-sud, etc.
L’impossibilité pour le Forum de prendre des décisions n’a pu que réjouir les États-Unis qui sortent une nouvelle fois vainqueurs de la bataille pour le contrôle d’internet dont l’ancêtre Arpanet émanait – ne l’oublions pas – de l’armée américaine.
Domination des États-Unis
La domination des États-Unis sur la gestion technique du réseau avait été évoquée entre gouvernements lors du Sommet sur la société de l’information de Tunis, en novembre 2005, mais avait accouché d’une souris. Il s’agissait alors de déterminer quel était le statut de l’Icann (voir infographie), cet organisme américain qui supervise l’attribution des noms de domaines, c’est-à-dire les suffixes. fr ou. com des adresses de sites web (comme dans www.madepeche.com). L’Icann est en théorie indépendante mais, dans les faits, elle est liée au Département du Commerce américain. L’an passé, Washington avait tenu tête au reste du monde sur le statut de l’Icann et avait obtenu gain de cause. L’administration de George Bush avait alors concédé la création du FGI. Si certains rêvent d’un internet gouverné par une instance internationale de type ONU, d’autres font toutefois remarquer, avec raison, que la domination des États-Unis permet d’éviter une balkanisation du réseau et garantit la liberté d’expression dans des pays où la censure est reine.
La censure justement a cristallisé les débats durant les quatre jours du Forum. Google, Microsoft ou Cisco ont, en effet, dû défendre leur «collaboration» avec la Chine. En contrepartie de leur présence dans ce pays aux débouchés immenses – qui ne compte que 130 millions d’internautes sur 1,4 milliard d’habitants – ces sociétés ont censuré certaines informations. Ainsi en tapant «Tien an men» sur Google Chine, aucune photo de la répression de 1989 n’est accessible… L’argumentaire du «moindre mal» n’a pas convaincu Amnesty international qui a réuni 50000 signatures sur une pétition proclamant «J’appelle les gouvernements à cesser de restreindre la liberté d’expression sur internet, ainsi que les compagnies qui les y aident.»
Diversité culturelle
Autre débat: le multilinguisme de la toile. Au nom de la préservation de la diversité culturelle, plusieurs participants ont dénoncé la domination de l’anglais et celle de l’alphabet latin.L’écriture des adresses web, la création de pages nécessitent de connaître la langue de Shakespeare.A contrario, le fait d’avoir un langage unique permet à Internet de présenter une architecture unique plutôt que d’être fragmenté en pôles linguistiques. Enfin, les moteurs de recherches présentent tous des versions multilingues.
Au terme de quatre jours de débats très riches auxquels ont même participé ceux qui s’ignorent à l’ONU (comme les Cubains et les Américains), le forum est assuré de sa pérennité. Après Rio de Janeiro l’an prochain, le FGI aura lieu en Inde puis en Égypte.
Domination des États-Unis
La domination des États-Unis sur la gestion technique du réseau avait été évoquée entre gouvernements lors du Sommet sur la société de l’information de Tunis, en novembre 2005, mais avait accouché d’une souris. Il s’agissait alors de déterminer quel était le statut de l’Icann (voir infographie), cet organisme américain qui supervise l’attribution des noms de domaines, c’est-à-dire les suffixes. fr ou. com des adresses de sites web (comme dans www.madepeche.com). L’Icann est en théorie indépendante mais, dans les faits, elle est liée au Département du Commerce américain. L’an passé, Washington avait tenu tête au reste du monde sur le statut de l’Icann et avait obtenu gain de cause. L’administration de George Bush avait alors concédé la création du FGI. Si certains rêvent d’un internet gouverné par une instance internationale de type ONU, d’autres font toutefois remarquer, avec raison, que la domination des États-Unis permet d’éviter une balkanisation du réseau et garantit la liberté d’expression dans des pays où la censure est reine.
La censure justement a cristallisé les débats durant les quatre jours du Forum. Google, Microsoft ou Cisco ont, en effet, dû défendre leur «collaboration» avec la Chine. En contrepartie de leur présence dans ce pays aux débouchés immenses – qui ne compte que 130 millions d’internautes sur 1,4 milliard d’habitants – ces sociétés ont censuré certaines informations. Ainsi en tapant «Tien an men» sur Google Chine, aucune photo de la répression de 1989 n’est accessible… L’argumentaire du «moindre mal» n’a pas convaincu Amnesty international qui a réuni 50000 signatures sur une pétition proclamant «J’appelle les gouvernements à cesser de restreindre la liberté d’expression sur internet, ainsi que les compagnies qui les y aident.»
Diversité culturelle
Autre débat: le multilinguisme de la toile. Au nom de la préservation de la diversité culturelle, plusieurs participants ont dénoncé la domination de l’anglais et celle de l’alphabet latin.L’écriture des adresses web, la création de pages nécessitent de connaître la langue de Shakespeare.A contrario, le fait d’avoir un langage unique permet à Internet de présenter une architecture unique plutôt que d’être fragmenté en pôles linguistiques. Enfin, les moteurs de recherches présentent tous des versions multilingues.
Au terme de quatre jours de débats très riches auxquels ont même participé ceux qui s’ignorent à l’ONU (comme les Cubains et les Américains), le forum est assuré de sa pérennité. Après Rio de Janeiro l’an prochain, le FGI aura lieu en Inde puis en Égypte.