Par Sibylle Turo , Université de Montpellier et Anne-Sophie Cases , Université de Montpellier Aujourd’hui, les écrans et les notifications dominent notre quotidien. Nous sommes tous familiers de ces distractions numériques qui nous tirent hors de nos pensées ou de notre activité. Entre le mail important d’un supérieur et l’appel de l’école qui oblige à partir du travail, remettant à plus tard la tâche en cours, les interruptions font partie intégrante de nos vies – et semblent destinées à s’imposer encore davantage avec la multiplication des objets connectés dans les futures « maisons intelligentes ». Cependant, elles ne sont pas sans conséquences sur notre capacité à mener à bien des tâches, sur notre confiance en nous, ou sur notre santé. Par exemple, les interruptions engendreraient une augmentation de 27 % du temps d’exécution de l’activité en cours. En tant que chercheuse en psychologie cognitive, j’étudie les coûts cognitifs de ces interruptions numériques : au
Au pied du sapin, Noël 2006 sera résolument un Noël techno.Ordinateurs, baladeurs MP3, téléphones mobiles, GPS (lire page «Vie Quotidienne») et, surtout, consoles de jeux. Alors que le lancement de la dernière console de Nintendo, la Wii, a pulvérisé des records de vente (voir encadré), une nouvelle polémique vient secouer le monde des jeux vidéo à propos des titres les plus violents.Faut-il ou non les interdire? Telle est la question qui se pose désormais au niveau européen après un drame survenu en Allemagne le mois dernier.
Le 22 novembre, Sébastien Bosse, un jeune homme de 18 ans, ouvre le feu sur 37 personnes, ses camarades et des personnels du lycée d’Emsdettent. L’enquête révèle, entre autres, que ce solitaire, amateur de Death Metal, jouait à des jeux vidéo violents, notamment des «simulateurs de meurtres.» Aussitôt, plusieurs ministres régionaux allemands réclament l’interdiction de ces jeux.Un projet de loi du gouvernement Merkel prévoit ainsi d’ici mars 2008 de renforcer la législation allemande, pourtant l’une des plus strictes en la matière, qui a déjà banni du territoire plusieurs jeux en vente ailleurs en Europe, notamment en France.
massacre à l’école en téléchargement
Aux États-Unis, marqués par des affaires similaires à celle du lycée allemand, plusieurs États ont pris des mesures: interdiction de vente de jeux vidéo violents aux mineurs, taxation à 100 % de ces jeux, etc. Sauf qu’une simple recherche sur internet permet de trouver, gratuitement, des jeux violents. Nous en avons fait l’expérience hier. Une fois validé un simple message confirmant que nous sommes bien majeurs, il nous a été proposé des jeux comme: massacre à l’école présenté comme «Un petit jeu d’aventure gore», dixit le site, ou encore Lame Hunter, dont le but est «de tirer sur un boîteux, une vraie tronche de blaireau et un vrai plaisir de le dégommer.» Ambiance…
pictogrammes
Face à ce phénomène des jeux violents, les industriels réagissent. Aux États-Unis, l’Entertainment software association défend la liberté d’expression. En France l’association des producteurs d’œuvres multimédia (Apom) met en avant l’information donnée au consommateur. «Notre industrie dispose d’ores et déjà d’un système d’information des plus stricts sur la classification de ses œuvres», explique l’Apom, qui fait notamment référence à PEGI («Pan European Game Information»). Il s’agit d’un système européen de classification par catégorie d’âge avec des pictogrammes très clairs sur le contenu des jeux (violence, gros mots, teneur sexuelle, stupéfiants, discriminations, etc.). Seul problème, ces normes n’ont aucun caractère impératif pour les éditeurs, ce ne sont que des recommandations.
Pour autant, si les jeux violents existent, il faut en relativiser l’ampleur. «Seuls 12 % des jeux vidéo sont interdits aux moins de 16 ans dont moins de 3 % destinés à un public exclusivement adulte», assure l’Apom. «Chaque année, un ou deux jeux sur plus de 2000 nouveautés défraient la chronique parce que leur contenu apparaît trop violent», explique Guillaume de Fondaumière, président de l’Apom, qui rappelle la présence des pictogrammes mais aussi le rôle que doivent jouer les parents pour surveiller ce à quoi jouent leurs enfants.
Le 22 novembre, Sébastien Bosse, un jeune homme de 18 ans, ouvre le feu sur 37 personnes, ses camarades et des personnels du lycée d’Emsdettent. L’enquête révèle, entre autres, que ce solitaire, amateur de Death Metal, jouait à des jeux vidéo violents, notamment des «simulateurs de meurtres.» Aussitôt, plusieurs ministres régionaux allemands réclament l’interdiction de ces jeux.Un projet de loi du gouvernement Merkel prévoit ainsi d’ici mars 2008 de renforcer la législation allemande, pourtant l’une des plus strictes en la matière, qui a déjà banni du territoire plusieurs jeux en vente ailleurs en Europe, notamment en France.
massacre à l’école en téléchargement
Aux États-Unis, marqués par des affaires similaires à celle du lycée allemand, plusieurs États ont pris des mesures: interdiction de vente de jeux vidéo violents aux mineurs, taxation à 100 % de ces jeux, etc. Sauf qu’une simple recherche sur internet permet de trouver, gratuitement, des jeux violents. Nous en avons fait l’expérience hier. Une fois validé un simple message confirmant que nous sommes bien majeurs, il nous a été proposé des jeux comme: massacre à l’école présenté comme «Un petit jeu d’aventure gore», dixit le site, ou encore Lame Hunter, dont le but est «de tirer sur un boîteux, une vraie tronche de blaireau et un vrai plaisir de le dégommer.» Ambiance…
pictogrammes
Face à ce phénomène des jeux violents, les industriels réagissent. Aux États-Unis, l’Entertainment software association défend la liberté d’expression. En France l’association des producteurs d’œuvres multimédia (Apom) met en avant l’information donnée au consommateur. «Notre industrie dispose d’ores et déjà d’un système d’information des plus stricts sur la classification de ses œuvres», explique l’Apom, qui fait notamment référence à PEGI («Pan European Game Information»). Il s’agit d’un système européen de classification par catégorie d’âge avec des pictogrammes très clairs sur le contenu des jeux (violence, gros mots, teneur sexuelle, stupéfiants, discriminations, etc.). Seul problème, ces normes n’ont aucun caractère impératif pour les éditeurs, ce ne sont que des recommandations.
Pour autant, si les jeux violents existent, il faut en relativiser l’ampleur. «Seuls 12 % des jeux vidéo sont interdits aux moins de 16 ans dont moins de 3 % destinés à un public exclusivement adulte», assure l’Apom. «Chaque année, un ou deux jeux sur plus de 2000 nouveautés défraient la chronique parce que leur contenu apparaît trop violent», explique Guillaume de Fondaumière, président de l’Apom, qui rappelle la présence des pictogrammes mais aussi le rôle que doivent jouer les parents pour surveiller ce à quoi jouent leurs enfants.
La rançon du succès pour la Wii
À côté de Sony et de sa Playstation et de Microsoft avec sa XBox, Nintendo a joué un joli coup cette année avec la Wii. Plutôt que sur la puissance, le constructeur japonais a misé sur un prix plus doux que ses concurrents (249 €) et, surtout, sur une manette de jeu sans fil révolutionnaire, qui permet de reconnaître les mouvements que le joueur fait devant sa télé! Résultat: 325000 consoles Wii vendues en Europe en deux jours. Aux États-Unis il s’en est écoulé 600000 en huit jours et au Japon 400000 en 24 heures… Seul hic, la dragonne ne serait pas assez solide et certains joueurs trop enthousiastes auraient lancé leur télécommande dans leur salon par accident… Du coup Nintendo propose de changer 3,2 millions de dragonnes.
Familles de France interpelle les pouvoirs publics
Alors qu’une étude américaine publiée tout récemment démontre que les jeux violents entraînent une certaine propension à des comportements émotionnels exacerbés, en France, l’association Familles de France s’est inquiétée, dès juin 2006, de certains jeux vidéo qui, selon elle, ont «dépassé certaines limites» dans l’ultraviolence, la pornographie, la prostitution et les stupéfiants. L’association a décortiqué de nombreux jeux où massacres, prise de drogue, meurtres sont monnaie courante. Reconnaissant cependant l’effort fait par les éditeurs pour la majorité de leurs titres, Familles de France entend partir en guerre contre les jeux vidéo qui «enfreignent la loi» ou «ont dépassé les limites de l’acceptable et du raisonnable.» L’association interpelle donc les pouvoirs publics et le ministère de l’Intérieur pour «protéger les mineurs, réviser la classification, mieux informer les familles et créer une autorité de régulation» sur le modèle du conseil supérieur de l’audiovisuel.