Accéder au contenu principal

Téléphone, mail, notifications… : comment le cerveau réagit-il aux distractions numériques ?

  Par  Sibylle Turo , Université de Montpellier et Anne-Sophie Cases , Université de Montpellier Aujourd’hui, les écrans et les notifications dominent notre quotidien. Nous sommes tous familiers de ces distractions numériques qui nous tirent hors de nos pensées ou de notre activité. Entre le mail important d’un supérieur et l’appel de l’école qui oblige à partir du travail, remettant à plus tard la tâche en cours, les interruptions font partie intégrante de nos vies – et semblent destinées à s’imposer encore davantage avec la multiplication des objets connectés dans les futures « maisons intelligentes ». Cependant, elles ne sont pas sans conséquences sur notre capacité à mener à bien des tâches, sur notre confiance en nous, ou sur notre santé. Par exemple, les interruptions engendreraient une augmentation de 27 % du temps d’exécution de l’activité en cours. En tant que chercheuse en psychologie cognitive, j’étudie les coûts cognitifs de ces interruptions numériques : au

RGPD : êtes-vous prêt ?



Par Mathieu Pierard, Security Product Manager, Exclusive Networks


Votée le 27 avril 2016, la RGPD - Règlement général sur la protection des données - entrera en vigueur le 25 mai 2018. La réglementation laisse ainsi un peu plus de deux ans aux entreprises pour se mettre en conformité et adopter de bonnes pratiques en termes de sécurité informatique et de protection des données personnelles. Pour des organisations qui n’ont pas l’habitude de faire de la sécurité par défaut une priorité, la RGPD impose un chantier qui peut être colossal. À moins d’un an de l’échéance, les entreprises françaises sont à la traîne.

RGPD : la sécurité au premier plan

Aujourd’hui, chaque pays a sa propre législation plus ou moins stricte sur l’utilisation des données personnelles. Avec la multiplication des fuites de données suite à des attaques (Yahoo, Sony, TalkTalk, etc.), ou des manipulations de grandes entités comme les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon), la nécessité d’agir est globale. C’est tout l’intérêt de la RGPD, la première mesure supranationale qui régule l’utilisation des données personnelles pour les entreprises et les institutions privées ou publiques. Visant à homogénéiser la réglementation déjà existante, la RGPD sera appliquée de façon systématique aux 28 membres de l’union Européenne, sans mesure « à la carte ».

La réglementation impose de nombreuses contraintes pour les entreprises. En effet, la RGPD encadre l’utilisation des données personnelles et redonne le pouvoir au consommateur en lui offrant le droit d’accéder aux informations qui le concernent, le droit à l’oubli, le droit à la portabilité et un droit d’opposition. Des mesures d’autant plus importantes que les données sont utilisées par les entreprises dans le cadre d’une relation commerciale ou d’une démarche marketing. La RGPD restitue ainsi la propriété des données aux citoyens, et non plus aux entreprises.

Néanmoins, au-delà de ces deux axes majeurs, la RGPD vient surtout placer la sécurité informatique au centre des préoccupations des entreprises. Alors qu’elle a toujours été appréhendée comme une contrainte pour les comités directeurs, ces derniers n’ont désormais plus d’autre choix que de l’intégrer par défaut à chaque projet – une règle de bon sens s’il en est. Le coût humain et technique de cette sécurité, les process qu’elle impose, les nouveaux outils et les formations qu’elle nécessite rendent la RGPD impopulaire auprès des entreprises. Néanmoins, celles-ci gagneront à investir dans ce profond changement sur le long terme.

Qui est concerné et que risquez-vous ?

Cette nouvelle réglementation s’adresse aux organismes publics et privés qui traitent, manipulent, gèrent ou stockent des données personnelles des citoyens européens. D’une part, elle a vocation à renforcer la législation en matière de protection des données personnelles et, d’autre part, à l’harmoniser au sein de l’Union Européenne. Il s’agit également, à l’heure où le numérique et la mobilité explosent, de protéger les individus contre la manipulation potentiellement malveillante de leurs données.

De fait, le 25 mai 2018, toute organisation manipulant des données à caractère personnel de résidents ou citoyens de l’Union Européenne devra s’être conformée à cette réglementation qui s’inscrit dans la programme de « Marché unique numérique ». De quoi faire plier, entre autres, Google et Amazon ? Il vaudrait mieux. En effet, en cas de non-respect de la réglementation, la RGPD prévoit une sanction dont le montant pourrait culminer jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires annuel ou 20 millions d’euros, le chiffre le plus élevé étant retenu.

RGPD : 2 priorités pour l’échéance mai 2018

La mise en place de mesures visant à se conformer à la RGPD est un chantier chronophage et onéreux pour les entreprises. Néanmoins, si le coût de la mise en œuvre de ces changements nécessaires sont élevés, ils permettent d’améliorer la gestion des données internes et externes, d’alléger les bases de données et de parfaire la documentation. Un investissement qui devrait pousser les entreprises réfractaires à gagner en efficacité et en productivité.

Pour s’assurer d’être prêt le jour J, deux priorités sont à respecter. D’une part, un nouveau profil exigé par la réglementation doit être créé. Un Délégué à la Protection des Données (DPO) devra ainsi veiller à la bonne application de la RGPD dans l’entreprise, en reportant directement au comité directif.
D’autre part, les entreprises qui ne l’ont pas encore fait doivent sans tarder réaliser un audit d’impact sur la protection des données, afin de faire un état des lieux de leur sécurité. Où sont stockées les données manipulées ? Quels process mettre en place pour les sécuriser ? Comment intégrer la sécurité par défaut à l’ensemble des projets ? Voilà les questions qu’il devient désormais urgent de se poser avant de se lancer dans cette grande transformation dont les étapes varient selon les entreprises, leurs besoins et leurs activités.

L’échéance est très proche. Les changements chronophages exigés par la réglementation RGPD devront désormais être actés dans moins d’un an : il est temps, pour les entreprises, de dépasser la phase d’évaluation d’exposition aux risques et d’activer progressivement ces nouveaux process pour éviter toute pénalisation dès le 25 mai 2018. Compte-tenu de l’importance des enjeux et des sanctions en cas de non-respect de la réglementation, les entreprises, notamment celles qui traitent un important volume de données à caractère personnel, ont tout intérêt à bien s’entourer pour faire de la sécurité LA priorité.

Posts les plus consultés de ce blog

Le bipeur des années 80 plus efficace que le smartphone ?

Par André Spicer, professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School (City University of London) : Vous vous souvenez des bipeurs ? Ces appareils étaient utilisés largement avant l'arrivée massive des téléphones portables et des SMS. Si vous aviez un bipeur, vous pouviez recevoir des messages simples, mais vous ne pouviez pas répondre. Un des rares endroits où on peut encore en trouver aujourd’hui sont les hôpitaux. Le Service National de Santé au Royaume-Uni (National Health Service) en utilise plus de 130 000. Cela représente environ 10 % du nombre total de bipeurs présents dans le monde. Une récente enquête menée au sein des hôpitaux américains a révélé que malgré la disponibilité de nombreuses solutions de rechange, les bipeurs demeurent le moyen de communication le plus couramment utilisée par les médecins américains. La fin du bipeur dans les hôpitaux britanniques ? Néanmoins, les jours du bipeur dans les hôpitaux britanniques pourraient être compté

Comment les machines succombent à la chaleur, des voitures aux ordinateurs

  La chaleur extrême peut affecter le fonctionnement des machines, et le fait que de nombreuses machines dégagent de la chaleur n’arrange pas les choses. Afif Ramdhasuma/Unsplash , CC BY-SA Par  Srinivas Garimella , Georgia Institute of Technology et Matthew T. Hughes , Massachusetts Institute of Technology (MIT) Les humains ne sont pas les seuls à devoir rester au frais, en cette fin d’été marquée par les records de chaleur . De nombreuses machines, allant des téléphones portables aux voitures et avions, en passant par les serveurs et ordinateurs des data center , perdent ainsi en efficacité et se dégradent plus rapidement en cas de chaleur extrême . Les machines génèrent de plus leur propre chaleur, ce qui augmente encore la température ambiante autour d’elles. Nous sommes chercheurs en ingénierie et nous étudions comment les dispositifs mécaniques, électriques et électroniques sont affectés par la chaleur, et s’il est possible de r

De quoi l’inclusion numérique est-elle le nom ?

Les professionnels de l'inclusion numérique ont pour leitmotiv la transmission de savoirs, de savoir-faire et de compétences en lien avec la culture numérique. Pexels , CC BY-NC Par  Matthieu Demory , Aix-Marseille Université (AMU) Dans le cadre du Conseil National de la Refondation , le gouvernement français a proposé au printemps 2023 une feuille de route pour l’inclusion numérique intitulée « France Numérique Ensemble » . Ce programme, structuré autour de 15 engagements se veut opérationnel jusqu’en 2027. Il conduit les acteurs de terrain de l’inclusion numérique, notamment les Hubs territoriaux pour un numérique inclusif (les structures intermédiaires ayant pour objectif la mise en relation de l’État avec les structures locales), à se rapprocher des préfectures, des conseils départementaux et régionaux, afin de mettre en place des feuilles de route territoriales. Ces documents permettront d’organiser une gouvernance locale et dé

Ce que les enfants comprennent du monde numérique

  Par  Cédric Fluckiger , Université de Lille et Isabelle Vandevelde , Université de Lille Depuis la rentrée 2016 , il est prévu que l’école primaire et le collège assurent un enseignement de l’informatique. Cela peut sembler paradoxal : tous les enfants ne sont-ils pas déjà confrontés à des outils numériques, dans leurs loisirs, des jeux vidéos aux tablettes, et, dans une moindre mesure, dans leur vie d’élève, depuis le développement des tableaux numériques interactifs et espaces numériques de travail ? Le paradoxe n’est en réalité qu’apparent. Si perdure l’image de « natifs numériques », nés dans un monde connecté et donc particulièrement à l’aise avec ces technologies, les chercheurs ont montré depuis longtemps que le simple usage d’outils informatisés n’entraîne pas nécessairement une compréhension de ce qui se passe derrière l’écran. Cela est d’autant plus vrai que l’évolution des outils numériques, rendant leur utilisation intuitive, a conduit à masquer les processus in

Midi-Pyrénées l’eldorado des start-up

Le mouvement était diffus, parfois désorganisé, en tout cas en ordre dispersé et avec une visibilité et une lisibilité insuffisantes. Nombreux sont ceux pourtant qui, depuis plusieurs années maintenant, ont pressenti le développement d’une économie numérique innovante et ambitieuse dans la région. Mais cette année 2014 pourrait bien être la bonne et consacrer Toulouse et sa région comme un eldorado pour les start-up. S’il fallait une preuve de ce décollage, deux actualités récentes viennent de l’apporter. La première est l’arrivée à la tête du conseil de surveillance de la start-up toulousaine Sigfox , spécialisée dans le secteur en plein boom de l’internet des objets, d’Anne Lauvergeon, l’ancien sherpa du Président Mitterrand. Que l’ex-patronne du géant Areva qui aurait pu prétendre à la direction de grandes entreprises bien installées, choisisse de soutenir l’entreprise prometteuse de Ludovic Le Moan , en dit long sur le changement d’état d’esprit des élites économiques du pay

La fin du VHS

La bonne vieille cassette VHS vient de fêter ses 30 ans le mois dernier. Certes, il y avait bien eu des enregistreurs audiovisuels avant septembre 1976, mais c’est en lançant le massif HR-3300 que JVC remporta la bataille des formats face au Betamax de Sony, pourtant de meilleure qualité. Ironie du sort, les deux géants de l’électronique se retrouvent encore aujourd’hui face à face pour déterminer le format qui doit succéder au DVD (lire encadré). Chassée par les DVD ou cantonnée au mieux à une petite étagère dans les vidéoclubs depuis déjà quatre ans, la cassette a vu sa mort programmée par les studios hollywoodiens qui ont décidé d’arrêter de commercialiser leurs films sur ce support fin 2006. Restait un atout à la cassette VHS: l’enregistrement des programmes télé chez soi. Las, l’apparition des lecteurs-enregistreurs de DVD et, surtout, ceux dotés d’un disque dur, ont sonné le glas de la cassette VHS, encombrante et offrant une piètre qualité à l’heure de la TNT et des écrans pl