On leur devait déjà le remarquable « Opération d’influences chinoises : un moment machiavélien » (Ed. Les Equateurs) qui, en septembre 2021, détaillait minutieusement comment la Chine entendait « vaincre sans combattre, en façonnant un environnement favorable » à ses intérêts, en enrôlant, entre autres, des personnalités de premier plan en France. Aujourd’hui le duo formé par Paul Charon, directeur du domaine Renseignement, anticipation et stratégies d’influence de l’Institut de recherche stratégique de l’école minimaire (IRSEM) et Jean-Baptiste Jeangène-Vilmer, docteur en science politique et en philosophie, ancien directeur de l’IRSEM et aujourd’hui ambassadeur de France au Vanuatu, publient aux Presses universitaires de France (PUF) un colossal « Les mondes du renseignement. Approches, acteurs, enjeux. ». Cette somme de 584 pages constitue une véritable encyclopédie sur le renseignement et une mine d’informations pour comprendre le rôle crucial qu’il a aujourd’hui dans un monde mul
Daniel Benchimol est le Président fondateur du cluster numérique DigitalPlace et le fondateur du Groupe Eurogiciel (devenu Scalian). Il est investisseur et au board de nombreuses startups et PME. Il conseille aussi quelques Présidents de Sociétés.
Il exprime son point de vue sur le management.
L’entreprise est un être moral ; certains diront sans âme et sans cœur. Moi, pour autant, je pense que, dès qu’elle commence à exister, grandir, construire son projet, essuyer des crises, elle existe, vit et sa culture d’entreprise est son ADN, son unicité. Cette constitution de faits et d’épreuves et sa façon de réagir en font toute sa spécificité ; en ce sens, elle ne peut être clonée. Tout d’ailleurs, dans le vocabulaire, la rapproche du corps humain : un esprit de corps, des membres actifs, une épine dorsale ou encore un core business, une vision, une entreprise apprenante. Elle est sans aucun doute un être vivant !
Sa personnalité, l’âme de son organisation vient souvent de son créateur puis de ses managers qui se sont appropriés la culture ; cette culture qui diffuse au sein de toute l’Entreprise afin que chaque décision de chaque manager, au quotidien, soit imprégnée de cette âme.
La création d’une alchimie qui transforme le lien juridique du contrat de travail en un lien affectivement immatériel est un art. Cet art vient du management, je devrais dire plutôt des managers. Ce lien culturel crée un sentiment d’appartenance qui non seulement renforce la mobilisation des salariés, mais aussi, stimule le génie qui existe en tout un chacun.
Si le management est un art c’est qu’il doit y avoir des facteurs esthétiques, des facteurs de création, des facteurs émotionnels, des choix comportementaux et la volonté de la recherche du beau.
Pour une fois, nous pourrions, non pas appuyer la rationalité du management sur des théories scientifiques, ou sur des poncifs de gourous du management, mais plutôt sur des théories artistiques. Par exemple :
La capacité à se remettre en cause, à faire et refaire son œuvre et à penser qu’elle n’est jamais aboutie ; au même titre que dans l’Entreprise, nous devons nous efforcer de penser à repenser l’avenir, à se réinventer. C’est pour cette raison que l’observation de tous les écosystèmes innovants intéressent les Grands Groupes ou les ETI. Regarder dehors pour voir ce qu’il s’y passe devient indispensable.
L’appropriation de l’œuvre et de son interprétation par l’artiste au même titre que la capacité à faire s’approprier l’Entreprise par tous ses cadres. Donner du sens signifie donner la Direction (je vais où), de la signification (je fais ça pourquoi) mais aussi pourquoi pas de la sensualité (de l’attirance pour son travail) . On ne m’empêchera pas de dire que certaines Entreprises sont plus sensuelles que d’autres.
Partager le bonheur de l’exécution d’une œuvre à plusieurs ou encore donner à chacun l’attention et la reconnaissance qui lui donnent l’Envie.
Donner un sentiment d’appartenance qui permet d’augmenter sa résilience, son courage devant les difficultés et mieux s’épanouir du sentiment de réussite (comme l’artiste, savoir mieux gérer l’effort pour feter le succès).
Nous pourrions trouver encore beaucoup d’analogies entre l’artiste et le manager mais pour autant, une culture d’Entreprise forte et gagnante est longue à construire. Attention à ne pas la détruire rapidement par des couacs de dirigeants qui déclenchent sans préparation des crises. N’oublions pas que le management c’est aussi l’art de communiquer.