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Téléphone, mail, notifications… : comment le cerveau réagit-il aux distractions numériques ?

  Par  Sibylle Turo , Université de Montpellier et Anne-Sophie Cases , Université de Montpellier Aujourd’hui, les écrans et les notifications dominent notre quotidien. Nous sommes tous familiers de ces distractions numériques qui nous tirent hors de nos pensées ou de notre activité. Entre le mail important d’un supérieur et l’appel de l’école qui oblige à partir du travail, remettant à plus tard la tâche en cours, les interruptions font partie intégrante de nos vies – et semblent destinées à s’imposer encore davantage avec la multiplication des objets connectés dans les futures « maisons intelligentes ». Cependant, elles ne sont pas sans conséquences sur notre capacité à mener à bien des tâches, sur notre confiance en nous, ou sur notre santé. Par exemple, les interruptions engendreraient une augmentation de 27 % du temps d’exécution de l’activité en cours. En tant que chercheuse en psychologie cognitive, j’étudie les coûts cognitifs de ces interruptions numériques : au

5G : les antennes se déploient, la défiance aussi

 

antenne

Le déploiement de la téléphonie 5G se poursuit en France, lentement mais sûrement. Selon le dernier pointage de l’Agence nationale des fréquences (ANFR), qui gère l’ensemble des fréquences radioélectriques en France, 20 611 antennes 5G étaient opérationnelles dont 1 535 en Occitanie. La Haute-Garonne et l’Hérault sont les départements qui comptent le plus grand nombre d’antennes 5G (respectivement 521 et 317) ; la Lozère et l’Ariège en comptent le moins (13 et 23).

En janvier, Free Mobile disposait du plus grand nombre d’antennes 5G (1 168) en Occitanie, suivi par Orange (255) et Bouygues (159). SFR en a le moins à date (112) selon l’ANFR. L’installation des antennes ne se fait toutefois pas dans la sérénité : la défiance envers la 5G perdure. Si les recours déposés par Priartem, Robin des toits et Agir pour l’environnement, contre l’Etat pour « excès de pouvoir » dans l’attribution des fréquences 5G ont été rejetés fin décembre par le Conseil d’Etat ; si une majorité de Français se montre favorable à la 5G dont les offres commerciales n’en sont qu’à leurs débuts, les questions qui entourent la 5G continuent à se poser. Sur l’intérêt de la nouvelle norme quand certains territoires peinent à accrocher la 4G, sur l’impact environnemental du nouveau réseau ou son poids énergétique, ou encore sur les conséquences potentielles de ce nouveau réseau sur la santé humaine, les questionnements sont nombreux.

L’installation des antennes catalyse d’ailleurs ces questionnements légitimes mais aussi les craintes de nombreux élus, les maires ne pouvant s’opposer au déploiement de la 5G.

La ville de Bordeaux, dirigée par l’écologiste Pierre Hurmic, s’est ainsi dite « désolée » de l’ouverture de la 5G dans la commune, annoncée le 8 février par Bouygues Telecom et SFR. « Nous sommes désolés, c’est un aveu d’échec. La seule chose que nous puissions faire est de veiller sur le plan sanitaire que les expositions aux ondes ne soient pas importantes », a expliqué Delphine Jamet, adjointe au maire. Des villes écologistes ou de gauche, comme Paris - qui a finalement trouvé un accord avec les opérateurs - ou Nantes, ont émis des réticences quant au déploiement de la 5G ; Lille avait même demandé un moratoire jusqu’à la publication d’un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) dont les conclusions sont attendues à la fin du trimestre. En septembre, 70 maires et députés avaient plaidé pour un moratoire sur le déploiement du réseau 5G ; s’attirant une pique un rien méprisante d’Emmanuel Macron. Le président de la République doutait que l’on puisse « relever la complexité des problèmes contemporains en revenant à la lampe à huile ! Je ne crois pas que le modèle Amish permette de régler les défis de l’écologie contemporaine ».

Le rappel à la loi de Cédric O aux opérateurs

Cinq mois plus tard, la défiance est toujours là. En Occitanie, l’inquiétude est bien présente et l’opposition à la 5G vire parfois à des actes délictueux. En Haute-Garonne, autour de Toulouse, deux nouvelles antennes ont ainsi été incendiées le 28 janvier.

Joël Aviragnet, député PS de Haute-Garonne, vient de poser une question écrite à Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, sur le déploiement des antennes de réseaux mobiles. Dénonçant la multiplication des antennes et l’absence de mutualisation entre opérateurs, le député souhaite savoir « s’il est envisageable d’élargir les compétences des maires pour leur permettre d’exercer en responsabilité les arbitrages entre les exigences d’aménagement du territoire et celles de préservation de l’environnement. »

L’inquiétude des élus face aux implantations est d’ailleurs remontée depuis longtemps au gouvernement. Fin septembre, Cédric O, secrétaire d’Etat au numérique, a rappelé par courrier aux opérateurs qu’ils doivent légalement s’engager à fournir aux élus locaux un « dossier d’information » un mois avant tout déploiement.

carte 5G

5G

Aviation, météo : les mauvaises surprises

Le déploiement de la 5G dans le monde s‘accompagne aussi de son lot de surprises. L’une d’entre elles concerne la navigation aérienne. Les téléphones 5G pourraient perturber le fonctionnement des altimètres des avions en raison de leur recours à des ondes de fréquences voisines, a-t-on appris auprès de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), qui recommande d’éteindre ces mobiles à bord des appareils. « L’utilisation d’appareils 5G à bord des aéronefs pourrait conduire à des risques d’interférences conduisant à des erreurs potentielles sur les mesures d’altitude », a précisé un porte-parole de la DGAC. Ce possible phénomène, dû au « brouillage de signal par une onde de fréquence proche et de puissance comparable ou supérieure à celle des radioaltimètres », provoquerait des erreurs « particulièrement critiques lors des phases d’atterrissage aux instruments », a relevé la DGAC qui demande qu’à bord, « tous les appareils électroniques compatibles en 5G (soient) en mode avion ou éteints ».

Surveillance des antennes à proximité des aéroports

La DGAC a en outre indiqué avoir « cadré les conditions de mise en œuvre des antennes 5G sur le territoire afin de maîtriser ces risques d’interférence avec les systèmes embarqués lors des phases d’atterrissage sur les aéroports français ». Cela s’est traduit par une limitation du niveau de puissance des émissions des antennes 5G, en cours de déploiement sur le territoire, « à proximité des 17 aéroports certifiés pour des opérations d’atterrissage dits tous temps ».

« Pour les 123 autres aéroports du territoire, une surveillance des antennes déployées à proximité est mise en place en coordination étroite avec l’Agence nationale des fréquences (ANFR).

Autre genre de mauvaise surprise : celle concernant les prévisions météo. L’une des gammes de fréquences micro-ondes utilisées par la 5G (bande des 24 GHz) est très proche de la bande de 23,8 GHz, qui donne aux météorologues la teneur en vapeur d’eau dans l’atmosphère, importante pour les prévisions météo. Compte tenu des aléas des émissions, certaines antennes 5G peuvent donc déraper. Un vrai problème qui ne pourra se régler qu’au niveau mondial.


Les Français sont prêts. Selon une enquête Harris interactive - Celside Insurance, 81 % des sondés se montrent enthousiastes face à l’arrivée de la 5G, notamment les plus jeunes (84 %). L’étude montre que les attentes sont toutefois différentes selon les tranches d’âge. Pour les seniors, la 5G apparaît comme un gage de sécurité.  17 % par exemple comptent sur la 5G pour faciliterr l’accès à la téléconsultation. Les moins de 35 ans, de leur côté, estiment que cette technologie leur offrira une connexion internet et un téléchargement plus rapides.  38 % se disent prêts à se tourner vers la 5G quand leur téléphone actuel montrera des signes de faiblesse.


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