Face aux escroqueries en ligne, le gouvernement a décidé de hausser le ton. Le 30 mai, une stratégie nationale de lutte contre la cybercriminalité a été dévoilée par le ministère de l’Intérieur, dans un contexte marqué par une explosion des arnaques en ligne et une professionnalisation inquiétante des acteurs criminels. Fraudes au faux conseiller bancaire, rançongiciels, usurpation d’identité, blanchiment par crypto-actifs : le champ d’action des cybercriminels ne cesse de s’étendre et de se structurer. En 2023, 278 770 atteintes numériques ont été recensées, en hausse de 40 % en cinq ans. Le préjudice est estimé à plusieurs milliards d’euros par an. Face à cette menace systémique, l’État engage une riposte à la fois technique, judiciaire et diplomatique. Placée sous l’égide du COMCYBER-MI, la stratégie s’articule autour de quatre piliers : anticipation, opérationnalité, expertise et coopération. Elle entend détecter plus tôt les signaux faibles, renfor...

Peut-on faire un jeu vidéo bâti sur la souffrance physique, morale et sociale des personnes qui vivent dans la rue ? Pour la société allemande Farbflut Entertainment, basée à Hambourg, la réponse est clairement oui. Après avoir lancé « Clodogame » (le jeu du clochard) Outre-Rhin en 2008 et comptabilisé depuis quelque 2,2 millions de joueurs pour 3 milliards de pages internet vues par mois, elle vient d'ouvrir une version française.
Le joueur doit multiplier les « stratégies » pour survivre dans la rue parisienne et devenir « châtelain » à Versailles : attraper un animal pour organiser des combats, créer sa bande pour attaquer des sans-logis et contrôler un arrondissement, jouer d'un instrument dans le métro, partir mendier, etc. Au pays des droits de l'Homme, de l'abbé Pierre et des Don Quichotte, autant dire que ce jeu exploitant tous les clichés passe mal.
« Il ne s'agit aucunement de se moquer de ces personnes. On est plutôt dans le pur deuxième degré, sans méchanceté. On donne de la visibilité à un problème de société », explique benoîtement à nos confrères de 01net Jean-Baptiste Bertrand, porte-parole de l'éditeur en France, qui promet que si le jeu, gratuit et financé par la publicité, trouve son public, il reversera une partie des bénéfices, comme en Allemagne, à des associations caritatives. Clodogame.fr pourrait ne pas en avoir l'opportunité.
Après le tollé et les réactions négatives des associations, Benoist Apparu, secrétaire d'État au Logement, a vivement condamné « les créateurs de jeux qui utilisent la souffrance humaine pour se faire un coup de pub » et demandé à ses services juridiques « d'étudier les différentes possibilités d'intervention contre ce jeu en ligne. » Reste qu'une interdiction de Clodogame paraît difficile, le jeu ne contrevenant à aucune loi.