La posture antiétatiste d’un Elon Musk ne se limite pas à la volonté d’affirmer un nouvel ordre institutionnel au sein de la culture politique occidentale. Les fondements mêmes de cette culture définie par le droit et les règlements sont mis à bas. Gerd Altmann Par Virginie Tournay , Sciences Po et Guy Saez , Sciences Po Grenoble Les grandes firmes numériques restructurent l’espace politique sous une forme que l’on peut qualifier de néoféodale. Le contrat social fondé sur l’idéal républicain d’une communauté de semblables s’efface, au profit de liens personnels d’individu à individu. Pour les firmes, l’enjeu est le contrôle du cyberespace, notamment l’utilisation des données personnelles, mais aussi la prise en charge de la santé, de la sécurité ou de la mobilité des usagers, jusqu’alors assurées par les États. La nomination de l’entrepreneur Elon Musk à l’agence de l’efficacité gouvernementale (DOGE) es...
Tribune d'Alexandre Lazarègue , avocat spécialisé en droit du numérique Tout a commencé dans la Silicon Valley, berceau des start-up et d’un imaginaire où technologie rimait avec liberté. Google promettait un accès universel à l’information, Facebook de connecter la planète, Apple de rendre l’informatique intime. Ces entreprises – bientôt regroupées sous l’acronyme GAFAM – ont introduit un modèle inédit : celui de la plateforme, un intermédiaire technologique connectant gratuitement des millions d’utilisateurs et d’entreprises. Mais derrière cette vitrine, un autre récit s’est imposé : celui d’un pouvoir économique sans précédent, fondé sur la captation des données, la maîtrise des infrastructures et l’accumulation de positions dominantes dans le secteur du numérique redessinant les équilibres de marché. L’illusion de la gratuité : un capitalisme de surveillance Gratuit, vraiment ? Ce que l’on a pris pour une révolution philanthropique s’est révélé être une mutation radicale du ca...