Accéder au contenu principal

Le projet iCRIME : recréer virtuellement une scène de crime pour aider les enquêteurs et les magistrats à établir la vérité

  Par  David Brutin , Aix-Marseille Université (AMU) Dans les enquêtes criminelles, chaque détail compte. Une trace de sang, l’angle d’un impact, la position d’un corps : tous ces éléments peuvent changer la compréhension d’une scène de crime. Pourtant, malgré les avancées technologiques en matière de criminalistique, les enquêteurs, les magistrats ou les jurés restent encore trop souvent confrontés à des difficultés majeures (difficile représentation d’une scène 3D pour les jurés, scène de crime originelle altérée, impossibilité de reconstitution) lorsqu’il s’agit de reconstituer des faits sanglants, par nature complexes.  C’est ce constat qui a conduit à la naissance du projet iCRIME , que je porte, un programme de recherche pluridisciplinaire financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR), visant à transformer notre manière d’aborder les scènes de crime sanglantes grâce aux outils de la simulation numérique et de la réalité virtuelle. Dans le c...

WikiLeaks provoque une cyberguerre

Alors que le fondateur de WikiLeaks est en prison et que son site web est menacé de fermeture partout où il est hébergé, les partisans de Julian Assange ont déclenché une cyberguerre contre les adversaires du site qui a révélé les dessous de la diplomatie américaine.

Après la guerre froide qui prit fin avec la chute du mur de Berlin ; après la guerre des étoiles chère à Ronald Reagan dans les années 80, voilà la cyberguerre. Une guerre d'un nouveau genre, bien plus complexe et redoutable, qui n'oppose plus seulement des États entre eux mais des groupes d'intérêts face à un ou des pays, une ou des organisations.
On assiste ainsi depuis deux jours à un genre particulier de cyberguerre : celle déclenchée par les partisans de WikiLeaks. Depuis que ce site internet a fourni à cinq grands quotidiens dans le monde quelque 250 000 télégrammes du Département d'État des États-Unis - dévoilant ainsi l'arrière-cuisine pas toujours reluisante de la diplomatie US - il est devenu la cible de certains États qui veulent l'empêcher de fonctionner. Que ce soit au niveau de son hébergement - WikiLeaks a dû changer plusieurs fois d'adresse - ou de son financement avec le blocage de toute transaction en sa faveur par les réseaux Visa et Mastercard.
Les partisans de WikiLeaks et de son fondateur Julian Assange, actuellement incarcéré, ont décidé de lancer une « opération riposte. » Hier ces hackers ont accru leurs cyberattaques contre Visa et Mastercard, contre le site du gouvernement suédois et celui de Sarah Palin, figure des ultraconservateurs américains, qui estimait qu'Assange avait « du sang sur les mains.»
« C'est une guerre informatique, nous voulons que l'internet reste libre et ouvert à tous », a expliqué le porte-parole d'un groupe de pirates, soulignant là un autre enjeu de cette guerre d'influence mondiale : celui de la censure sur internet. La Haut commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Navi Pillay, s'est d'ailleurs dite inquiète hier des pressions exercées sur les compagnies offrant des services au site WikiLeaks. Des pressions qui « peuvent être interprétées comme une tentative de censure contre la publication d'informations, et pourraient potentiellement constituer une violation du droit à la liberté d'expression de WikiLeak.» Mais dans ce conflit, il y a peu de risques de voir apparaître des cyber casques bleus…

«Une bataille pour l'info»

Jean-Philippe Bichard est analyste chez Kaspersky Lab, et spécialiste en cybercriminalité.

A-t-on raison de parler de cyberguerre avec l'opération riposte des partisans de WikiLeaks ?
C'est exagéré. Il y a eu une première cyberguerre il y a trois ans en Estonie, un pays très numérisé, qui a vu ses réseaux de distributeurs de billets, ses réseaux électriques, d'essence victimes d'attaques informatiques massives. Dans le cas de WikiLeaks, nous sommes plutôt dans une info-guerre, une guerre de l'information, de l'influence par rapport à une forme de transparence. Internet est utilisé pour faire valoir ses arguments. Les États sous-estiment la puissance d'internet et la démultiplication que permet l'économie dématérialisée.

Justement, les États, les gouvernements ont-ils pris la mesure des risques ?
Oui, face aux attaques informatiques, de nombreux États ont mis en place des cyberforces. C'est le cas au États-Unis avec plusieurs milliers de personnes mobilisées. En France, c'est le grand secret. On a bien sûr des cybergendarmes mais ils n'ont pas de rôle en matière de défense. Pour le reste, il y a en France beaucoup de discrétion.

Quelles sont les cyber armes auxquelles on doit faire face ?
Ce sont des malwares, des logiciels malveillants qui infectent les machines pour bâtir des botnets, c'est-à-dire des réseaux de machines infectées à l'insu de leurs utilisateurs, et qui vont se réveiller pour attaquer tel site internet, tel service. Ces botnets sont gérés par des organisations criminelles d'un nouveau genre, qui vendent leurs services illégaux, notamment à des sociétés qui ont pignon sur rue, voire à des États. On est entré dans l'ère des cyber-mercenaires.

Face à ces menaces, que doivent faire les particuliers ?
Pour se protéger des attaques - il y en a une toutes les trois minutes - et éviter que son ordinateur ne soit infecté, il faut disposer d'un logiciel de sécurité anti-malware qui soit régulièrement mis à jour.


Les États-Unis et l'Europe mal protégés face aux pirates
Paradoxalement, les fuites de WikiLeaks ont permis de révéler que la Chine était en mesure de lancer des cyberattaques défensives et offensives et qu'il y avait de fortes chances pour qu'elle soit derrière les attaques de Google en janvier dernier.
Si les États ont désormais bien compris l'importance de la cybercriminalité, c'est parce qu'ils ont pris conscience de leur vulnérabilité. En février dernier, d'anciens hauts fonctionnaires américains ont simulé une cyberattaque massive sur les États-Unis, pour sensibiliser la population à cette nouvelle menace.
Le scénario catastrophe concocté par le Bipartisan Policy Center (BPC) était digne des meilleurs films d'Hollywood : réseaux de téléphonie mobile et fixe au tapis ; internet devenu si lent que toute l'économie se grippait et que les avions restaient cloués au sol ; le réseau électrique, touché lui aussi, plongeait des dizaines de millions d'Américains dans l'obscurité. Et personne ne savait d'où venait l'attaque..
En août dernier, un expert de la NSA estimait que l'invasion informatique des USA pouvait se faire en deux ans pour seulement 100 millions de dollars. Pour faire face et préparer une cyberarmée, Barack Obama a nommé un « Monsieur cybersécurité », une première. L'Union européenne, très vulnérable elle aussi, a effectué une simulation « Cyber Europe 2010 » début novembre pour mesurer la capacité de réaction des pays à éviter une paralysie d'internet. La France travaille depuis 2004 au très confidentiel Piranet, une sorte de Vigipirate du net.

Posts les plus consultés de ce blog

Le bipeur des années 80 plus efficace que le smartphone ?

Par André Spicer, professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School (City University of London) : Vous vous souvenez des bipeurs ? Ces appareils étaient utilisés largement avant l'arrivée massive des téléphones portables et des SMS. Si vous aviez un bipeur, vous pouviez recevoir des messages simples, mais vous ne pouviez pas répondre. Un des rares endroits où on peut encore en trouver aujourd’hui sont les hôpitaux. Le Service National de Santé au Royaume-Uni (National Health Service) en utilise plus de 130 000. Cela représente environ 10 % du nombre total de bipeurs présents dans le monde. Une récente enquête menée au sein des hôpitaux américains a révélé que malgré la disponibilité de nombreuses solutions de rechange, les bipeurs demeurent le moyen de communication le plus couramment utilisée par les médecins américains. La fin du bipeur dans les hôpitaux britanniques ? Néanmoins, les jours du bipeur dans les hôpitaux britanniques pourraient être compté...

Quelle technologie choisir pour connecter les objets ?

Par Frédéric Salles, Président et co-fondateur de Matooma   En 2021, le nombre total d'objets connectés utilisés atteindra les 25 milliards selon Gartner. Il est ainsi légitime de se demander quelles sont les technologies principales permettant de connecter les objets, et quelle pourrait être celle la plus adaptée pour sa solution. Un projet de vidéosurveillance par exemple n'aura absolument pas les mêmes besoins qu'un projet basé sur le relevé de température au milieu du désert. Ainsi pour trouver la meilleure connectivité pour son objet, de nombreuses questions peuvent se poser : mon objet fonctionne-t-il sur batterie ou est-il alimenté ? Mon objet restera-t-il statique ou sera-t-il mobile ?  Mon objet est-il susceptible d'être dans un endroit difficile d'accès ou enterré ? A quelle fréquence mes données doivent-elles remonter ? Etc. Voici les différentes solutions actuellement disponibles sur le marché. Courte distance : RFID/Bluetooth/WiFi La RFID (Ra...

La fin du VHS

La bonne vieille cassette VHS vient de fêter ses 30 ans le mois dernier. Certes, il y avait bien eu des enregistreurs audiovisuels avant septembre 1976, mais c’est en lançant le massif HR-3300 que JVC remporta la bataille des formats face au Betamax de Sony, pourtant de meilleure qualité. Ironie du sort, les deux géants de l’électronique se retrouvent encore aujourd’hui face à face pour déterminer le format qui doit succéder au DVD (lire encadré). Chassée par les DVD ou cantonnée au mieux à une petite étagère dans les vidéoclubs depuis déjà quatre ans, la cassette a vu sa mort programmée par les studios hollywoodiens qui ont décidé d’arrêter de commercialiser leurs films sur ce support fin 2006. Restait un atout à la cassette VHS: l’enregistrement des programmes télé chez soi. Las, l’apparition des lecteurs-enregistreurs de DVD et, surtout, ceux dotés d’un disque dur, ont sonné le glas de la cassette VHS, encombrante et offrant une piètre qualité à l’heure de la TNT et des écrans pl...

6 questions sur Zone-telechargement

Quel était ce site ? Zone-telechargement.com était jusqu'à lundi soir l'un des plus gros sites web français proposant de télécharger des contenus numériques illégaux. En grande majorité des films parfois très récents ; des séries télé notamment américaines qui n'étaient pas diffusées en France ; de la musique ; des logiciels et des jeux vidéo. Les séries et les films étaient disponibles en différentes qualités et ceux en langue anglaise étaient sous-titrés grâce à des communautés d'utilisateurs capables de sous-titrer des épisodes de série 24 heures après leur diffusion aux États-Unis. Le site comptabilisait, selon la gendarmerie, en moyenne 140 millions de pages vues par mois et 11 000 téléchargements par jour. La société Alexa affichait Zone-Telechargement à la 11e place des sites les plus visités de France… devant Twitter ! Zone-Telechargement proposait 18 000 films, 2 500 séries télé ; 11 000 documentaires ; 20 943 émissions télé ; plus de 150 000 MP3 mais aus...

Comment savoir si je suis touché par un logiciel espion ?

Par Allan Camps, Senior Enterprise Account Executive chez Keeper Security Les logiciels espions sont des logiciels malveillants qui, installés à votre insu sur votre appareil, permettent aux cybercriminels de vous espionner et de voler vos informations privées. Ces informations peuvent ensuite être utilisées par des cybercriminels ou vendues sur le dark web pour commettre des fraudes ou des usurpations d'identité. Il est possible de repérer ces logiciels malveillants sur votre appareil en observant des signes particuliers tels que l'épuisement rapide de la batterie, la surchauffe, l'augmentation du nombre de fenêtres pop-up ou de l'utilisation des données, et la présence d'applications inconnues. Comment détecter un logiciel espion sur votre smartphone Android ou votre iPhone ? Recherchez les applications que vous n'avez pas téléchargées. Les applications que vous n'avez pas téléchargées peuvent se cacher dans votre bibliothèque et contenir des logiciels ...

Deepfakes, vidéos truquées, n’en croyez ni vos yeux ni vos oreilles !

Par  Divina Frau-Meigs , Auteurs historiques The Conversation France Les spécialistes en fact-checking et en éducation aux médias pensaient avoir trouvé les moyens de lutter contre les « deepfakes » , ou hypertrucages , ces manipulations de vidéos fondées sur l’intelligence artificielle, avec des outils de vérification comme Invid-Werify et le travail des compétences d’analyse d’images (littératie visuelle), avec des programmes comme Youverify.eu . Mais quelques cas récents montrent qu’une nouvelle forme de cyberattaque vient de s’ajouter à la panoplie des acteurs de la désinformation, le deepfake audio. Aux États-Unis, en janvier 2024, un robocall généré par une intelligence artificielle et prétendant être la voix de Joe Biden a touché les habitants du New Hampshire, les exhortant à ne pas voter, et ce, quelques jours avant les primaires démocrates dans cet État. Derrière l’attaque, Steve Kramer, un consultant travaillant pour un adversaire de Biden, Dean ...