Face aux escroqueries en ligne, le gouvernement a décidé de hausser le ton. Le 30 mai, une stratégie nationale de lutte contre la cybercriminalité a été dévoilée par le ministère de l’Intérieur, dans un contexte marqué par une explosion des arnaques en ligne et une professionnalisation inquiétante des acteurs criminels. Fraudes au faux conseiller bancaire, rançongiciels, usurpation d’identité, blanchiment par crypto-actifs : le champ d’action des cybercriminels ne cesse de s’étendre et de se structurer. En 2023, 278 770 atteintes numériques ont été recensées, en hausse de 40 % en cinq ans. Le préjudice est estimé à plusieurs milliards d’euros par an. Face à cette menace systémique, l’État engage une riposte à la fois technique, judiciaire et diplomatique. Placée sous l’égide du COMCYBER-MI, la stratégie s’articule autour de quatre piliers : anticipation, opérationnalité, expertise et coopération. Elle entend détecter plus tôt les signaux faibles, renfor...
Tribune d'expert. Violation de données chez Ashley Madison : une simple affaire de mauvais choix de mots de passe ?
Par Filip Chitry, Security Expert chez Avast
Les experts en sécurité d’Avast ont cherché à comprendre la manière dont les pirates avaient pu découvrir les mots de passe des utilisateurs du site d’Ashley Madison, et ont analysé les différentes méthodes qui ont pu être mises en œuvre*. Car, contrairement à ce que l’on pourrait croire, les mots de passe des utilisateurs étaient bien chiffrés et donc, a priori illisibles pour les voleurs. Mais c’était sans compter la multitude d’outils disponibles pour craquer les codes et déchiffrer les données, ainsi que la détermination des pirates.
Dans le cas d’un mot de passe purement aléatoire ou très soigneusement élaboré, ce type d‘outil peut mettre plusieurs années à le découvrir, ce qui n’est malheureusement pas le cas de mots de passe trop simples ou évidents. Les chercheurs Avast ont donc réalisé un test sur une petite portion des données disponibles suite à la faille chez Ashley Madison (1 million de données sur les 36 millions divulguées), en utilisant les outils de déchiffrement disponibles sur internet tels que « md5 » ou encore « bcrypt ».
Pour cela, les experts Avast ont utilisé les listes contenant les pires mots de passe découverts (très facile à trouver sur internet), pour les comparer avec les données issues du système d’Ashley Madison. Il ressort que les mots de passe les plus simples de type « 123456 », « password » ou « 12345 » sont sur le podium des mots de passe les plus utilisés par les membres d’Ashley Madison.
Dans ce contexte, et malgré toutes les précautions prises par les services en ligne pour protéger les données de leurs utilisateurs comme c’était le cas pour Ashley Madison, le choix du mot de passe reste déterminant pour déjouer les méthodes de plus en plus sophistiquées des hackers mal intentionnés. Il n’y a aujourd’hui aucune excuse valable pour ne pas consacrer plus d’attention au choix de ses mots de passe, sachant qu’ils restent l’ultime rempart contre les violations de données.
L’utilisateur doit donc être responsabilisé vis-à-vis de ses propres données et ne pas se contenter de « faire confiance » aux différents prestataires, qu’il s’agisse des fournisseurs Internet, des services en ligne auxquels il se connecte ou même du réseau qu’il utilise– les accès Wi-Fi publics ne sont, par exemple, pas non plus réputés pour leur sécurité.
La fuite de données chez Ashley Madison n’est malheureusement qu’un exemple parmi d’autres, il est donc impératif que les internautes prennent conscience de l’importance des mots de passe pour la protection de leurs données personnelles. Si tous les mots de passe étaient véritablement choisis selon des méthodes purement aléatoires ou bien de manière « intelligente » - donc en essayant clairement de contourner les outils de déchiffrement existants – les conséquences de certaines cyber-attaques seraient probablement moindres.