Accéder au contenu principal

Les droits d’auteur en danger ? Ce que l’affaire « Bartz contre Anthropic » risque de changer aux États-Unis… et ailleurs

  Par  Maximiliano Marzetti , IÉSEG School of Management Aux États-Unis, un premier jugement autorise l’usage d’œuvres légalement acquises pour l’apprentissage des modèles d’intelligence artificielle, mais le recours à des contenus piratés est, lui, explicitement condamné. Un coup d’arrêt pour les auteurs, et un bouleversement juridique aux enjeux internationaux ? En 2024, les auteurs Andrea Bartz, Charles Graeber et Kirk Wallace Johnson ont porté plainte contre Anthropic, l’un des géants de l’intelligence artificielle (IA), l’accusant d’avoir utilisé leurs ouvrages pour entraîner son modèle de langage Claude . Cette affaire s’inscrit dans une série de litiges similaires : au moins 47 procès ont déjà été engagés aux États-Unis, visant différentes entreprises consacrées à l’IA. La question principale ? Les modèles d’IA auraient été entraînés à partir d’œuvres protégées par le droit d’auteur, sans autorisation préalable des auteurs,...

L'impact de l’intelligence artificielle sur les métiers et l’organisation



Par David Remaud, Directeur Marketing DHATIM

Big Data et Intelligence Artificielle (IA) opèrent un changement dans nos manières de travailler et donnent naissance au collaborateur augmenté. Ce dernier, soutenu dans l’exécution de tâches complexes ou répétitives, peut alors acquérir de nouvelles compétences et/ou développer des services porteurs de valeur ajoutée. Oui, mais à condition que cette évolution induise une prise de conscience à la fois individuelle et collective, afin d’accompagner cette transformation dans toute la chaîne de valeur.

Une question de confiance avant tout

L’expérience d’apprentissage que vivent aujourd’hui certains collaborateurs avec l’arrivée de l’IA dans leur travail quotidien peut être rapprochée de celle rencontrée lors de l’apparition du tout premier smartphone. Aussi peut-on se demander quel impact elle aura sur leur vie professionnelle.
Le collaborateur doit-il craindre d’être un jour remplacé par une machine ? Pur fantasme, en réalité, puisqu’à ce stade et pour encore de nombreuses années, l’IA n’est pas techniquement en mesure d’effectuer la totalité du travail des cols blancs. D’ailleurs, les employés, s’ils perçoivent parfaitement la valeur de ces outils dans l’exécution de tâches pénibles, comme la saisie automatique de milliers de lignes Excel, sont aussi parfaitement conscients de leurs limites.
En revanche, ce qui peut freiner leur adoption, c’est que ces machines qui apprennent de manière intuitive fonctionnent à la manière d’une boîte noire. Si elles reproduisent parfaitement un processus pour atteindre le résultat attendu, elles sont cependant dans l’incapacité de l’expliquer. Dans ces conditions, comment leur faire confiance ? D’où la nécessité pour les collaborateurs d’apprendre à travailler avec ces nouveaux outils.

Une évolution incontournable

Cet apprentissage est d’autant plus important, que l’impact de ces outils apprenants sera différent d’un métier à l’autre. Certaines fonctions administratives, comme les gestionnaires de paie, les chargés de la conformité des données ou encore les employés de banque, par exemple, évoluent dans des environnements de plus en plus normalisés et contraignants. Un rythme qui s’intensifie, ainsi que des process qui se complexifient rendent difficile l’exercice quotidien de leurs métiers. Se pose donc une réelle question, doublée d’une très forte attente de leur part d’être augmentés pour continuer à fonctionner.
Cette réalité s’observe également dans les fonctions comptables ou de consulting, où la donnée joue désormais un rôle prépondérant. La compétition, toujours plus rude entre les cabinets, conduit à un besoin d’augmenter la productivité de manière significative. L’automatisation du traitement des dossiers est l’une des réponses, avec pour conséquence évidente de diminuer son coût. Mais que faire alors des collaborateurs à qui l’on retire une partie des tâches qui leur étaient dévolues ?

De nouvelles fonctions apparaissent

Le marché du travail, encore très segmenté par métiers, va devoir très vite se réorganiser avec l’arrivée de ses nouvelles technologies. En effet, l’intelligence artificielle et la robotisation vont non seulement permettre une évolution des tâches et compétences mais également laisser apparaitre de nouvelles professions les « cols neufs », une nouvelle catégorie de travailleurs capables de gérer des situations auparavant dévolues aux professions intellectuelles, comme l’indique la dernière étude McKinsey. Certaines entreprises l’ont déjà compris et ont mis en place une organisation dite « agiles », où les employés sont réunis en équipes autonomes et flexibles. Mais attention tous les employés ne sont pas « digital addict » c’est pourquoi il est important de développer les compétences correspondant aux besoins des employeurs et packager des outils simples à utiliser.

Une transformation métier, mais pas seulement…

La solution s’impose d’elle-même : les métiers doivent évoluer, se transformer. Seulement, cela nécessite pour l’entreprise de revoir dans certains cas son modèle économique. En effet, dans le cas des cabinets comptables par exemple, l’amélioration de sa productivité va entraîner une diminution du coût de la prestation pour ses clients et, donc, une perte de revenu pour elle. Il va donc lui falloir contrebalancer ce phénomène.
Tout l’enjeu consiste à travailler sur la donnée pour en extraire de la valeur. Celle-ci doit permettre aux collaborateurs de mieux accompagner leurs clients, de les aider à bien se positionner sur leurs marchés, d’anticiper des problèmes de trésorerie, de développer de nouveaux services…
Les entreprises doivent bien avoir conscience de cette chaîne de conséquences lorsqu’elles prennent la décision d’augmenter leurs salariés, afin de réduire la pénibilité de leur travail et d’améliorer leur productivité. Cela ne peut se faire sans la mise en place d’un accompagnement au changement solide, prenant en compte l’ensemble des aspects éthiques, sociaux et technologiques.

Posts les plus consultés de ce blog

Le bipeur des années 80 plus efficace que le smartphone ?

Par André Spicer, professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School (City University of London) : Vous vous souvenez des bipeurs ? Ces appareils étaient utilisés largement avant l'arrivée massive des téléphones portables et des SMS. Si vous aviez un bipeur, vous pouviez recevoir des messages simples, mais vous ne pouviez pas répondre. Un des rares endroits où on peut encore en trouver aujourd’hui sont les hôpitaux. Le Service National de Santé au Royaume-Uni (National Health Service) en utilise plus de 130 000. Cela représente environ 10 % du nombre total de bipeurs présents dans le monde. Une récente enquête menée au sein des hôpitaux américains a révélé que malgré la disponibilité de nombreuses solutions de rechange, les bipeurs demeurent le moyen de communication le plus couramment utilisée par les médecins américains. La fin du bipeur dans les hôpitaux britanniques ? Néanmoins, les jours du bipeur dans les hôpitaux britanniques pourraient être compté...

Quelle technologie choisir pour connecter les objets ?

Par Frédéric Salles, Président et co-fondateur de Matooma   En 2021, le nombre total d'objets connectés utilisés atteindra les 25 milliards selon Gartner. Il est ainsi légitime de se demander quelles sont les technologies principales permettant de connecter les objets, et quelle pourrait être celle la plus adaptée pour sa solution. Un projet de vidéosurveillance par exemple n'aura absolument pas les mêmes besoins qu'un projet basé sur le relevé de température au milieu du désert. Ainsi pour trouver la meilleure connectivité pour son objet, de nombreuses questions peuvent se poser : mon objet fonctionne-t-il sur batterie ou est-il alimenté ? Mon objet restera-t-il statique ou sera-t-il mobile ?  Mon objet est-il susceptible d'être dans un endroit difficile d'accès ou enterré ? A quelle fréquence mes données doivent-elles remonter ? Etc. Voici les différentes solutions actuellement disponibles sur le marché. Courte distance : RFID/Bluetooth/WiFi La RFID (Ra...

La fin du VHS

La bonne vieille cassette VHS vient de fêter ses 30 ans le mois dernier. Certes, il y avait bien eu des enregistreurs audiovisuels avant septembre 1976, mais c’est en lançant le massif HR-3300 que JVC remporta la bataille des formats face au Betamax de Sony, pourtant de meilleure qualité. Ironie du sort, les deux géants de l’électronique se retrouvent encore aujourd’hui face à face pour déterminer le format qui doit succéder au DVD (lire encadré). Chassée par les DVD ou cantonnée au mieux à une petite étagère dans les vidéoclubs depuis déjà quatre ans, la cassette a vu sa mort programmée par les studios hollywoodiens qui ont décidé d’arrêter de commercialiser leurs films sur ce support fin 2006. Restait un atout à la cassette VHS: l’enregistrement des programmes télé chez soi. Las, l’apparition des lecteurs-enregistreurs de DVD et, surtout, ceux dotés d’un disque dur, ont sonné le glas de la cassette VHS, encombrante et offrant une piètre qualité à l’heure de la TNT et des écrans pl...

6 questions sur Zone-telechargement

Quel était ce site ? Zone-telechargement.com était jusqu'à lundi soir l'un des plus gros sites web français proposant de télécharger des contenus numériques illégaux. En grande majorité des films parfois très récents ; des séries télé notamment américaines qui n'étaient pas diffusées en France ; de la musique ; des logiciels et des jeux vidéo. Les séries et les films étaient disponibles en différentes qualités et ceux en langue anglaise étaient sous-titrés grâce à des communautés d'utilisateurs capables de sous-titrer des épisodes de série 24 heures après leur diffusion aux États-Unis. Le site comptabilisait, selon la gendarmerie, en moyenne 140 millions de pages vues par mois et 11 000 téléchargements par jour. La société Alexa affichait Zone-Telechargement à la 11e place des sites les plus visités de France… devant Twitter ! Zone-Telechargement proposait 18 000 films, 2 500 séries télé ; 11 000 documentaires ; 20 943 émissions télé ; plus de 150 000 MP3 mais aus...

Deepfakes, vidéos truquées, n’en croyez ni vos yeux ni vos oreilles !

Par  Divina Frau-Meigs , Auteurs historiques The Conversation France Les spécialistes en fact-checking et en éducation aux médias pensaient avoir trouvé les moyens de lutter contre les « deepfakes » , ou hypertrucages , ces manipulations de vidéos fondées sur l’intelligence artificielle, avec des outils de vérification comme Invid-Werify et le travail des compétences d’analyse d’images (littératie visuelle), avec des programmes comme Youverify.eu . Mais quelques cas récents montrent qu’une nouvelle forme de cyberattaque vient de s’ajouter à la panoplie des acteurs de la désinformation, le deepfake audio. Aux États-Unis, en janvier 2024, un robocall généré par une intelligence artificielle et prétendant être la voix de Joe Biden a touché les habitants du New Hampshire, les exhortant à ne pas voter, et ce, quelques jours avant les primaires démocrates dans cet État. Derrière l’attaque, Steve Kramer, un consultant travaillant pour un adversaire de Biden, Dean ...

Comment savoir si je suis touché par un logiciel espion ?

Par Allan Camps, Senior Enterprise Account Executive chez Keeper Security Les logiciels espions sont des logiciels malveillants qui, installés à votre insu sur votre appareil, permettent aux cybercriminels de vous espionner et de voler vos informations privées. Ces informations peuvent ensuite être utilisées par des cybercriminels ou vendues sur le dark web pour commettre des fraudes ou des usurpations d'identité. Il est possible de repérer ces logiciels malveillants sur votre appareil en observant des signes particuliers tels que l'épuisement rapide de la batterie, la surchauffe, l'augmentation du nombre de fenêtres pop-up ou de l'utilisation des données, et la présence d'applications inconnues. Comment détecter un logiciel espion sur votre smartphone Android ou votre iPhone ? Recherchez les applications que vous n'avez pas téléchargées. Les applications que vous n'avez pas téléchargées peuvent se cacher dans votre bibliothèque et contenir des logiciels ...