Une large partie du rapport sur les « Frères musulmans et islamisme politique en France » aborde le rôle des réseaux sociaux en évoquant notamment « une prédication 2.0 des influenceurs qui complète et parfois concurrence la prédication traditionnelle. »
Ces prédicateurs 2.0 opèrent à la croisée du religieux, de l’activisme identitaire et du marketing communautaire. Leur stratégie ? Investir massivement les plateformes numériques pour « produire des contenus en français au ton militant, défensif voire victimaire » et bâtir autour d’eux une communauté fidèle. « Ils s’adressent à une jeunesse connectée, parfois désaffiliée des institutions religieuses classiques, en promouvant une religiosité d’apparence et d’appartenance », indique le rapport. Voile, halal, pureté morale… : autant de marqueurs symboliques qui alimentent une narration clivante entre « eux » et « nous. »
Ces influenceurs n’appellent pas à la violence, mais jouent sur les lignes de crête. Leur discours, parfaitement ajusté aux codes numériques, valorise la pratique religieuse comme geste de résistance face à une société perçue comme hostile. Le rapport souligne que « le jihad s’efface au profit d’un registre victimaire, centré sur la dénonciation de l’islamophobie et la revendication d’une citoyenneté conditionnelle ».
Comment développer un contre-discours ?
Derrière cette stratégie se dessine une entreprise de contournement républicain. Elle ne prend pas d’assaut les institutions, elle les court-circuite par le bas, en créant ce que le rapport nomme une « contre-société numérique », transnationale, fluide, résolument déterritorialisée. En somme, une prédication algorithmique, où l’idéologie avance masquée derrière les filtres et les vues.
Toute la question pour l’État est de trouver la bonne réplique aux islamistes qui utilisent quotidiennement les réseaux pour exploiter l’actualité (notamment les controverses sur la laïcité), propager l’idée que l’État est islamophobe et retourner les valeurs républicaines contre la République elle-même. Qui doit intervenir entre l’État et la société civile ? Comment développer un contre-discours pour contrer la propagande islamiste ? Des questions qui appellent des mesures de la part du gouvernement.