Accéder au contenu principal

Sur Internet, des adolescents confrontés de plus en plus jeunes à des images pornographiques

Par  Laurence Corroy , Université de Lorraine Si les adolescentes et adolescents se retrouvent confrontés de plus en plus précocement à de la pornographie en ligne, il leur est très difficile d’aborder le sujet avec des adultes. Retour sur une enquête de terrain alors que les éditeurs de sites sont sommés d’instaurer un contrôle d’âge pour l’accès à ces contenus sensibles. Dès que l’on parle des adolescents et de leurs relations au numérique, les débats se polarisent, sans qu’il y ait nécessairement le réflexe de recueillir leur témoignage. En recherche, il est pourtant extrêmement important de leur donner la parole, ce qui permet de mieux mesurer leur capacité d’analyse et de distance vis-à-vis des messages médiatiques. Dans le cadre de l’étude Sexteens , menée en Grand Est, nous avons rencontré plus d’une soixantaine d’adolescents pour évoquer avec eux les représentations de la sexualité et de l’amour dans les séries pour ados qu’ils regardent. Ces séries on...

Avis d'expert. Mort numérique : Autopsie d'un cheminement parlementaire



Par Benjamin Rosoor, co-fondateur de Transmitio. Il a largement oeuvré pour permettre à tous les (cadres) dirigeants d'entreprise de bénéficier au final d'un dispositif qui leur permettra de protéger et transmettre leur capital numérique. Ainsi, la continuité des services et pérennité des entreprises s'en trouvent asssurées (par voie successorale). 

Le vote solennel de la Loi Numérique initiée par Axelle Lemaire s'est déroulé aujourd'hui. Dans cette loi, il y  a l'article  32 qui a pour objet de donner un cadre à  "la mort numérique".
Il s'agit de la gestion des données d'une personne après sa mort : comptes réseaux sociaux, documents, accès aux services dans le cloud, etc. Avant cette loi, il n'y avait pas de cadre juridique et donc on devait s'en remettre au bon vouloir des éditeurs de services pour faire supprimer un compte ou récupérer les données hébergées.
Quand nous avons décidé de créer Transmitio.com pour assurer la transmission des données numériques en cas de décès, nous avons constaté assez rapidement qu'il n'y avait pas ou peu de matière juridique opposable sur ce sujet. Quand vous créez une Start-up c'est plutôt une bonne nouvelle (si si) puisque vous allez pouvoir vous lancer "à la barbare" sans barrière ou risque juridique. Mais nous savions aussi que le sujet serait rapidement préempté par le législateur puisqu'il touche au plus près les citoyens : comptes sur les réseaux sociaux en déshérence, sommes bloquées sur des sites de paiement et surtout activité d'entreprises mise en danger parce que des données clés sont inaccessibles.

Etape 1 : l'annonce du projet de loi ! #plNUM
Comme nous étions sur le sujet depuis plusieurs mois, avec notamment l'avocat qui nous a produit une étude  sur "l'état de l'Art", nous avions quelques convictions fortes :
Les héritiers ne pouvaient pas être les bénéficiaires automatiques des comptes et services du défunt. En effet, les données numériques sont personnelles, elles peuvent concerner de nombreuses personnes : collaborateurs, avocats, amis, amant, maîtresse, etc. et donc on ne peut pas appliquer les règles de la succession patrimoniale.
Il fallait notamment prendre en compte les services numériques souscrits par la personne physique pour le compte d'une personne morale : son entreprise, son client ou son employeur.
On devait exclure les éditeurs de la décision de fermeture, transmission ou conservation. Cela devait être un choix de l'utilisateur…de son vivant.

Axelle Lemaire décide d'ouvrir le débat au public avant la rédaction définitive du projet de loi. Des milliers de contributions dont les nôtres sont produites sur une plateforme participative. Une belle réussite. Dans la communauté du numérique on s'extasie devant l'initiative de la Ministre. (Et nous aussi). Et puis quelques heures avant la fermeture de la plateforme survient un phénomène auquel nous ne nous attendions pas.
Les "Institutions", les grandes organisation professionnelles publient de longues contributions. En choisissant le moment (le dernier) pour qu'il n'y ait pas de possibilité d'intervenir, d'argumenter, de compléter. L'ancien monde a bel et bien "hacké" le nouveau ce jour là !
Sur notre sujet, ce sont les notaires via leur Conseil National qui publient une contribution pour que la transmission en cas de mort numérique se calque sur l'existant : les notaires assurent la gestion de la succession vers les héritiers et ils gèrent aussi un fichier avec toutes les directives.
ARG ! Nous les barbares, nous étions en train de nous faire défoncer par l'armée conventionnelle. A l'ancienne.

Etape 2. De la communication pour faire passer notre vision.
Quand vous n'avez pas d'institution, d'organisation avec vous comment faire pour vous faire entendre ? La machine parlementaire est en route. La Ministre souhaite que sa loi soit votée avant le mois de février. Il va donc y avoir une rédaction du projet de loi puis un examen du Conseil d'Etat en un temps très court. Nous devons intervenir avant la rédaction.
Nous avons mené un double travail :
Tout d'abord des relations presse intensives en profitant d'un temps d'actualité sur la mort : la Toussaint.
Puis un travail auprès de nos parlementaires (ceux de notre région ou ceux qui avaient posé des questions sur la mort numérique), du Cabinet de la Ministre, de la CNIL.
Bonne nouvelle, il existe de nombreuses personnes qui considèrent qu'elles sont au service du citoyen. Elles écoutent et répondent.
Victoire ! Le projet de loi intègre la notion de choix du destinataire de ses directives numériques, de services certifiés pour les héberger et surtout précise : "à défaut, les héritiers reçoivent les données".  Le conseil d'Etat valide.

Etape 3. Le travail parlementaire ou la peur du retour des vieux lobbies.
Qui dit projet de loi dit amendements ! Et les amendements c'est le bon moyen pour un groupe de pression mécontent d'une loi de la modifier. 1er niveau, la commission des lois : elle étudie les amendements, les rejette, les corrige, les accepte. La Ministre est présente pour défendre sa loi. La personne importante c'est le rapporteur, en général, la commission suit son avis. On a de la chance, il a bon esprit.
L'article 32 sort de "cette lessiveuse" sans modification majeure en ce qui nous concerne, un député tient absolument à décrire l'ordre héréditaire, après le "à défaut", on sent le souffle des notaires…
Deuxième niveau, en assemblée. Une fois de plus des amendements rejetés par la commission peuvent être à nouveau présentés puisque l'Assemblée est souveraine. En fin de soirée, la loi est votée, l'article 32 est nickel !
Il reste maintenant à attendre la navette parlementaire et un décret d'application produit par la CNIL, dans quelques mois.
Et surtout de conseiller aux gens de donner leurs directives pour la protection et transmission de leur capital numérique  parce que maintenant "à défaut", les comptes seront récupérés par les héritiers.

Posts les plus consultés de ce blog

Le bipeur des années 80 plus efficace que le smartphone ?

Par André Spicer, professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School (City University of London) : Vous vous souvenez des bipeurs ? Ces appareils étaient utilisés largement avant l'arrivée massive des téléphones portables et des SMS. Si vous aviez un bipeur, vous pouviez recevoir des messages simples, mais vous ne pouviez pas répondre. Un des rares endroits où on peut encore en trouver aujourd’hui sont les hôpitaux. Le Service National de Santé au Royaume-Uni (National Health Service) en utilise plus de 130 000. Cela représente environ 10 % du nombre total de bipeurs présents dans le monde. Une récente enquête menée au sein des hôpitaux américains a révélé que malgré la disponibilité de nombreuses solutions de rechange, les bipeurs demeurent le moyen de communication le plus couramment utilisée par les médecins américains. La fin du bipeur dans les hôpitaux britanniques ? Néanmoins, les jours du bipeur dans les hôpitaux britanniques pourraient être compté...

Quelle technologie choisir pour connecter les objets ?

Par Frédéric Salles, Président et co-fondateur de Matooma   En 2021, le nombre total d'objets connectés utilisés atteindra les 25 milliards selon Gartner. Il est ainsi légitime de se demander quelles sont les technologies principales permettant de connecter les objets, et quelle pourrait être celle la plus adaptée pour sa solution. Un projet de vidéosurveillance par exemple n'aura absolument pas les mêmes besoins qu'un projet basé sur le relevé de température au milieu du désert. Ainsi pour trouver la meilleure connectivité pour son objet, de nombreuses questions peuvent se poser : mon objet fonctionne-t-il sur batterie ou est-il alimenté ? Mon objet restera-t-il statique ou sera-t-il mobile ?  Mon objet est-il susceptible d'être dans un endroit difficile d'accès ou enterré ? A quelle fréquence mes données doivent-elles remonter ? Etc. Voici les différentes solutions actuellement disponibles sur le marché. Courte distance : RFID/Bluetooth/WiFi La RFID (Ra...

La fin du VHS

La bonne vieille cassette VHS vient de fêter ses 30 ans le mois dernier. Certes, il y avait bien eu des enregistreurs audiovisuels avant septembre 1976, mais c’est en lançant le massif HR-3300 que JVC remporta la bataille des formats face au Betamax de Sony, pourtant de meilleure qualité. Ironie du sort, les deux géants de l’électronique se retrouvent encore aujourd’hui face à face pour déterminer le format qui doit succéder au DVD (lire encadré). Chassée par les DVD ou cantonnée au mieux à une petite étagère dans les vidéoclubs depuis déjà quatre ans, la cassette a vu sa mort programmée par les studios hollywoodiens qui ont décidé d’arrêter de commercialiser leurs films sur ce support fin 2006. Restait un atout à la cassette VHS: l’enregistrement des programmes télé chez soi. Las, l’apparition des lecteurs-enregistreurs de DVD et, surtout, ceux dotés d’un disque dur, ont sonné le glas de la cassette VHS, encombrante et offrant une piètre qualité à l’heure de la TNT et des écrans pl...

6 questions sur Zone-telechargement

Quel était ce site ? Zone-telechargement.com était jusqu'à lundi soir l'un des plus gros sites web français proposant de télécharger des contenus numériques illégaux. En grande majorité des films parfois très récents ; des séries télé notamment américaines qui n'étaient pas diffusées en France ; de la musique ; des logiciels et des jeux vidéo. Les séries et les films étaient disponibles en différentes qualités et ceux en langue anglaise étaient sous-titrés grâce à des communautés d'utilisateurs capables de sous-titrer des épisodes de série 24 heures après leur diffusion aux États-Unis. Le site comptabilisait, selon la gendarmerie, en moyenne 140 millions de pages vues par mois et 11 000 téléchargements par jour. La société Alexa affichait Zone-Telechargement à la 11e place des sites les plus visités de France… devant Twitter ! Zone-Telechargement proposait 18 000 films, 2 500 séries télé ; 11 000 documentaires ; 20 943 émissions télé ; plus de 150 000 MP3 mais aus...

Deepfakes, vidéos truquées, n’en croyez ni vos yeux ni vos oreilles !

Par  Divina Frau-Meigs , Auteurs historiques The Conversation France Les spécialistes en fact-checking et en éducation aux médias pensaient avoir trouvé les moyens de lutter contre les « deepfakes » , ou hypertrucages , ces manipulations de vidéos fondées sur l’intelligence artificielle, avec des outils de vérification comme Invid-Werify et le travail des compétences d’analyse d’images (littératie visuelle), avec des programmes comme Youverify.eu . Mais quelques cas récents montrent qu’une nouvelle forme de cyberattaque vient de s’ajouter à la panoplie des acteurs de la désinformation, le deepfake audio. Aux États-Unis, en janvier 2024, un robocall généré par une intelligence artificielle et prétendant être la voix de Joe Biden a touché les habitants du New Hampshire, les exhortant à ne pas voter, et ce, quelques jours avant les primaires démocrates dans cet État. Derrière l’attaque, Steve Kramer, un consultant travaillant pour un adversaire de Biden, Dean ...

D’IBM à OpenAI : 50 ans de stratégies gagnantes (et ratées) chez Microsoft

  Paul Allen et Bill Gates en 1970 à Lakeside School (Seattle). Microsoft naîtra cinq ans plus tard. Auteur inconnu/Wikimedia Par  Frédéric Fréry , ESCP Business School Insubmersible. Même la vague des Gafa n’a pas vraiment atteint Microsoft. Cinquante ans après sa création, soit une éternité dans le monde de la tech, la firme de Bill Gates et Paul Allen est toujours là et bien là. Retour sur ce qu’on appelle outre-Atlantique, une success-story avec quelques échecs. Cette semaine, Microsoft fête ses 50 ans. Cet article a été écrit sur Microsoft Word, à partir d’un ordinateur équipé de Microsoft Windows, et il sera vraisemblablement publié sur des plateformes hébergées par Microsoft Azure, notamment LinkedIn, une filiale de Microsoft qui compte plus d’un milliard d’utilisateurs. C’est dire l’influence de cette entreprise qui, en 2024, a dégagé un bénéfice net de 88 milliards de dollars po...