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Le bitcoin : une « valeur refuge » peut-elle être virtuelle ?

  Les fortes variations du cours du bitcoin sont-ils le signe de sa folle jeunesse ? Shutterstock Oatawa Par  Hervé Alexandre , Université Paris Dauphine – PSL Pour quelles raisons le cours de l’or et celui du bitcoin se sont-ils envolés au mois de février 2024 ? Faut-il voir dans cette concordance davantage qu’un hasard, l’un devenant après l’autre une valeur refuge prisée des particuliers et bientôt des institutionnels comme semblait l’indiquer la chroniqueuse économique de France Infos ? Avant de tenter d’apporter quelques éléments de réponse à cette question, rappelons que, de manière générale, notre monde se numérise inexorablement. À part quelques nostalgiques et autres collectionneurs, nous n’achetons plus de disque en vinyle ni de CD. Nous téléchargeons des morceaux de musique, quand nous ne les écoutons pas tout simplement en streaming . Dans ce dernier cas, moyennant le paiement d’un abonnement, nous pouvons écouter un morceau sans

Espace : derrière l’échec de la mission russe Luna-25, la course mondiale vers la Lune

lune


La Russie a raté son retour sur la Lune. La sonde Luna-25, la première à être lancée par Moscou vers notre satellite depuis 1976, a percuté le sol lunaire à la suite d’un incident survenu samedi lors d’une manœuvre préalable à son alunissage. Un échec qui intervient au moment même où le président russe Vladimir Poutine avait promis de poursuivre le programme spatial russe malgré les problèmes de financement, les scandales de corruption et l’isolement russe du fait du conflit en Ukraine.

La mission Luna-25 – qui devait prélever et analyser des échantillons du sol – était destinée à donner un nouvel élan au secteur spatial russe mais elle était annoncée comme « risquée » de l’aveu même du patron de Roscosmos, Iouri Borissov. Face à Vladimir Poutine en juin, ce dernier avait déclaré que « la probabilité de réussite de telles missions est estimée à environ 70 % ».

Si Luna-25 avait été placée avec succès en orbite lunaire mercredi, après avoir décollé dans la nuit du 10 au 11 août de l’Extrême-Orient russe, elle n’aura pas été au terme de son voyage. Un échec technologique et aussi géopolitique pour Vladimir Poutine. Car la Russie, avec laquelle l’agence spatiale européenne a coupé les ponts, entend bien garder sa place dans l’espace.

Multiplication des missions lunaires depuis 1994

Une place de plus en plus disputée par les nouvelles sociétés du « new space », comme Space X d’Elon Musk ou Blue Origin de Jeff Bezos, et les nations spatiales émergentes (Chine, Inde, Émirats…) qui veulent, elles aussi, prouver leur avancée technologique face aux nations historiques (États-Unis Russie, Europe).

Cette bataille à forts enjeux géopolitiques a trouvé un terrain de compétition idéal avec une nouvelle course vers la Lune. Après les grandes avancées russes et américaines entre les années 60 et 80, la Lune avait perdu de son intérêt. Les agences spatiales se sont intéressées au reste de l’univers, multipliant les missions lointaines et vers Mars, cette planète rouge qui ne cesse de nous fasciner. Dans les années 90 pourtant, la Nasa va lancer deux petites missions (Clementine en 1994 et Lunar Prospector en 1998) qui vont réamorcer l’intérêt pour la Lune. Après tout, pourquoi viser Mars alors que la Lune n’a pas révélé tous ses secrets ni tout son potentiel géologique ? Dès lors, les missions exploratoires vont se multiplier et s’enchaîner à un rythme soutenu.

L’agence spatiale européenne lance SMART-1 en septembre 2003, son homologue japonaise lance l’orbiteur SELENE en octobre 2007. Un mois plus tard, la Chine lance Changi-1, première sonde de son ambitieux programme d’exploration lunaire CLEP qui en est aujourd’hui à Changi-6. La Nasa revient dans la course en 2009 avec LCROSS puis avec GRAIL. L’Inde, Israël, les Émirats arabes unis, le Japon, etc. entrent en lice.

moonvillage


Toutes ces missions ne sont pas couronnées de succès loin de là, mais celles qui réussissent permettent de mieux appréhender la Lune, sa topographie, sa composition, en un mot son potentiel économique.

Car si la Lune est protégée par le Traité de l’Espace de 1967, elle ne l’est pas par le Traité de la Lune de 1979 qui voulait restreindre l’exploitation des ressources naturelles de la Lune, « patrimoine commun de l’humanité », par un seul pays. Ce traité n’a été ratifié par aucune grande nation spatiale…

Dès lors, la reprise de la course à la Lune se fait avec des objectifs scientifiques mais aussi des visées d’exploitation de ses ressources.

Exploiter les ressources

En 2019, Donald Trump – qui affirmait que « l’Amérique sera toujours la première dans l’espace » – avait acté le retour de l’Homme sur la Lune avec le programme Artemis ; cela devrait se faire en 2025. Mais l’ancien président américain a pensé ce retour avec un objectif : exploiter les ressources de la Lune.

En 2020, il a ainsi signé un décret présidentiel visant à « encourager le soutien international pour la récupération et l’utilisation des ressources spatiales ». L’idée est de sortir du cadre actuel multilatéral du droit de l’espace (partage équitable) pour se rapprocher du droit de la mer où le poisson appartient à celui qui le pêche… Trump visait également à établir des zones de sécurité autour des installations lunaires, autant dire un droit de propriété…

Avant d’en arriver là, il faudra toutefois installer durablement des hommes sur et autour de la Lune, créer les infrastructures d’exploitation et les bases de vie. Des défis colossaux compliqués par les bouleversements géopolitiques… sur Terre.

(Article publié dans La Dépêche du Midi du mardi 22 août 2023)

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