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Jusqu’où peut aller l’espionnage des télétravailleurs ?

Mike_Shots/Shutterstock Par  Caroline Diard , TBS Education et Vincent Meyer , EM Normandie Le contrat de travail donne à l’employeur un pouvoir de direction, incluant le contrôle des tâches effectuées en contrepartie d’une rémunération. Mais peut-on vraiment surveiller les télétravailleurs à leur insu ? La généralisation du télétravail a modifié le lieu d’exercice du travail – en mode nomade, à domicile, en tiers-lieu – et provoqué une imbrication des temps et espaces de vie. La banque états-unienne Wells Fargo a licencié une dizaine de collaborateurs au motif que ses salariés utilisaient un simulateur de mouvement de souris pour contrer le logiciel installé par leur employeur pour contrôler leur activité. Le géant bancaire brésilien Itaú a, quant à lui, tranché la question de la productivité de ses salariés en télétravail de façon radicale avec le licenciement de 1 000 salariés. Ces deux affaires très médiatisées interroge...

L’IA Open Source et frugale : la clé de l’autonomie stratégique européenne ?

IA

Par Julien Pillot, INSEEC Grande École

Non seulement l’Europe est la grande absente des principaux marchés de l’intelligence artificielle, mais elle s’est mise en situation de dépendance technologique vis-à-vis d’entreprises et de puissances étrangères qui n’hésitent pas à lui imposer un rapport de force défavorable. Si elle veut reprendre la main, et bâtir son autonomie stratégique, elle doit adopter une autre démarche. L’open source et une régulation volontaire en matière d’empreinte environnementale peuvent y contribuer. Cet article est publié en collaboration avec la revue Telecom Paris.


378 millions. C’est le nombre d’utilisateurs qui avaient déjà eu recours à une solution d’IA générative à la fin de l’année 2024. Cette progression vertigineuse des outils d’IA dans les usages est certes source de grands espoirs sur le front de la productivité, de la compétitivité, et des avancées scientifiques, mais elle est également vectrice d’inquiétudes diverses parmi lesquelles figurent naturellement l’empreinte environnementale de ces solutions, ou notre capacité à offrir des environnements sécurisés, respectueux de la vie privée, voire souverains dans certains domaines applicatifs sensibles (défense, santé…).

Or, une analyse minutieuse de l’écosystème de l’IA montre à quel point l’Europe est, à l’heure actuelle, bien trop absente des débats sur les segments de l’industrie les plus générateurs de valeur. Pire, elle s’est mise en situation de dépendance forte sur des maillons aussi stratégiques que celui des semi-conducteurs (GPUs en tête), celui de l’infrastructure software (modèles et données), et peine à faire émerger des concurrents crédibles aux hyperscallers américains sur le segment des centres de données et de calculs. Si l’Europe veut s’autonomiser stratégiquement, elle doit impérativement reprendre la main sur ces dimensions de l’écosystème, en offrant des alternatives locales aux solutions étrangères. Des alternatives qui doivent être crédibles, mais aussi réalistes au regard à la fois des forces européennes, et des objectifs environnementaux et industriels susmentionnés. C’est là qu’une politique industrielle orientée vers les solutions d’IA frugales et open source pourrait se montrer particulièrement intéressante.

Préoccupations environnementales

Avec une société en voie de digitalisation accélérée, l’empreinte environnementale du numérique devient une préoccupation majeure. Cette empreinte environnementale est à la fois d’ordre énergétique, puisque les services numériques requièrent d’importantes puissances de calcul et d’acheminement des flux de données, et d’ordre matériel pour donner corps aux différents composants de l’infrastructure (réseaux, terminaux, capteurs, centres de données, composants électroniques…).

À ces besoins énergétiques et extractifs, il faut ajouter des consommations intermédiaires qui ont également un impact sur l’environnement comme, par exemple, la consommation d’eau pour refroidir les centres de données, ou encore le recours à des produits chimiques pour raffiner les matières premières.

Si cette empreinte environnementale inquiète tant, c’est que le numérique, bien loin de se substituer au physique, a plutôt tendance à s’y ajouter – c’est le cas des cryptoactifs – ou à s’y superposer – c’est le cas des réseaux sociaux utilisés à des fins de marketing. Et quand il s’y substitue, comme dans le cas du streaming qui remplace peu à peu les supports physiques, ou dans celui des courriels qui supplantent les plis postaux traditionnels, les effets de volume induits par notre tendance à surconsommer excèdent bien souvent les gains initiaux liés à la « dématérialisation ». Sans omettre les effets de rebond qui résultent de la baisse tendancielle des coûts du numérique, qui finissent par occasionner des consommations tierces… forcément carbonées. Nos usages bien peu parcimonieux des différents services numériques, encouragés par les offreurs desdits services dont les business models – souvent à coûts marginaux décroissants – poussent à la surconsommation (par exemple, un abonnement à Netflix est d’autant mieux amorti que la consommation de contenus y est intensive), font le reste.

Espoirs déçus

Or, en matière d’IA générative, les usages dominants constatés semblent loin des espoirs initiaux de productivité ou d’apprentissage prêtés à la technologie. Les use cases majoritaires sont davantage à chercher du côté du divertissement ou de l’assistance, et de façon plus inquiétante, dans la recherche d’un ami – voire d’un thérapeute – virtuel.

Tout cela ne prêterait pas à conséquence si l’empreinte environnementale des IA génératives, telles que rapportées dans cette étude, n’était pas aussi préoccupante :

  • Une requête ChatGPT consommerait 10 fois plus qu’une recherche Google ;

  • 50 requêtes Chat-GTP consommeraient 1,5 litre d’eau (pour refroidir les centres de données) ;

  • 1000 prompts ChatGPT nécessiteraient 0,042kWh d’énergie ;

  • la génération de 1000 images en stable diffusion réclamerait 2,9kWh.

Même s’il faut prendre ces données avec précaution, eu égard à la complexité technique de la mesure et aux gains de productivité rapides des technologies, les faits sont là : avec une consommation annuelle cumulée de 350,87 TWh, les centres de données consommaient déjà plus d’énergie (essentiellement carbonée) en 2024 que la consommation énergétique totale de pays tels que l’Italie ou l’Inde !

21 % de l’énergie consommée en Inde

La pénétration croissante des outils d’IA dans notre quotidien couplée à nos usages peu précautionneux, fait craindre de véritables conflits d’usage et des situations de demande énergétique excédentaire à l’offre, à plus forte raison d’énergie faiblement carbonée. En Irlande, la consommation des centres de données excède désormais les 21 % de l’énergie consommée dans le pays. Elle n’était « que » de 5 % en 2015…

Il ne s’agit pas de débrancher les IAs. L’histoire a montré que rien ne sert d’arrêter un train en marche. En revanche, au regard des données et projections environnementales, la recherche et la promotion d’IA frugales – notamment pour ce qui concerne les segments de marché « grand public » – devraient être érigées en priorité stratégique. Sur le plan purement technologique, l’émergence de DeepSeek (l’IA générative chinoise reposant sur un modèle prétendument moins énergivore) montre la voie vers des IA « good enough », bien plus en phase avec les accords de Paris. Sur le plan stratégique, mettre en place une régulation qui favoriserait les solutions moins intensives en carbone, en ressources et en énergie, serait à la fois un moyen de freiner l’expansion des offres américaines – dont les modèles de force brute sont particulièrement intensifs en énergie – sur le continent européen, mais également de flécher les investissements vers le tissu d’entreprises européennes à même de relever le défi de la sobriété. Et celui de la souveraineté.

L’Open Source comme réponse

Car la souveraineté est l’autre défi majeur posé par la technologie et le numérique en général, et l’IA en particulier. À plus forte raison quand, ainsi que nous l’avons souligné en amont, une grosse partie de la chaîne de valeur est contrôlée par des entreprises battant pavillon étranger. Problème : le contexte géopolitique trouble du XXIe siècle nous amène légitimement à douter de la fiabilité de nos partenaires historiques, États-Unis en tête. Une gageure quand on sait que les solutions technologiques étrangères sont au cœur de nos systèmes de défense, que nous avons confié nos données de santé à Microsoft, ou celles relatives à la maintenance de notre parc nucléaire à Amazon.

Il faut bien comprendre que les modèles d’IA sont « datavores ». Ils nécessitent de grandes quantités de (nouvelles) données qualifiées à des fins d’entraînement. Or, les données européennes présentent le double avantage d’être conséquentes et qualitatives. Elles sont donc particulièrement prisées des entreprises évoluant dans le secteur de l’IA (et au-delà). Tout irait bien si lesdites entreprises respectaient scrupuleusement le RGPD ce qui à l’aune des 5,7 milliards de sanctions cumulées (pour environ 2300 infractions constatées) depuis la mise en œuvre de ce règlement visant la protection de la vie privée des Européens en 2018, n’est clairement pas le cas. Pire, les enjeux économiques, financiers et stratégiques sont de telle ampleur, qu’il peut être parfaitement rationnel pour les entreprises, notamment les GAFAM aux trésoreries et capitalisations gigantesques, d’enfreindre le RGPD.

Freins institutionnels européens

Nous mesurons là une des principales faiblesses de nos démocraties libérales qui peinent à faire pleinement observer les règles dont elles se sont dotées. Parfois, ce sont les lois extraterritoriales qui sont en cause, le gouvernement fédéral américain pouvant ordonner à ses entreprises de lui communiquer les informations en leur possession au titre du FISA (Foreign Intelligence Surveillance Act), du Cloud Act ou du Patriot Act, quand bien même ces données concerneraient des personnes physiques ou morales européennes.

D’autres fois, ce sont nos lourdeurs bureaucratiques et nos intérêts politiques divergents qui nous paralysent, comme lorsqu’un faisceau d’indices semble montrer qu’Apple capterait des conversations via l’iPhone à l’insu des utilisateurs européens. En l’espèce, l’autorité de régulation fondée à agir est la Cnil irlandaise… laquelle n’est que peu incitée à intervenir rapidement alors qu’Apple est l’un des plus gros contributeurs fiscaux de l’île d’Émeraude.

Hors notre capacité à faire observer nos lois et valeurs aux géants étrangers, à plus forte raison que notre situation de dépendance pourrait nous amener à subir quelque chantage à la fourniture de technologies ou de services, c’est bien la situation de dominance d’entreprises proposant des solutions IA propriétaires qui pose problème. L’histoire est connue. Par le jeu des effets de réseau, les différents segments de marché tendent à devenir des « oligopoles à frange concurrentielle » (c.-à-d., une poignée d’entreprises leaders très concentrées captant l’essentiel des parts de marché, et laissant le reste à une multitude d’acteurs de niche), les entreprises dominantes ont moins intérêt à l’interopérabilité et la co-construction de communs (numériques). Dans le même temps, ces entreprises deviennent difficilement contournables car elles disposent des meilleures ressources. Ce qui leur confère un pouvoir de marché considérable, tel que celui dont disposent les GAFAM aujourd’hui.

Le monde de l’open source

Or, le monde de l’informatique, c’est d’abord et avant tout celui de l’open source, c’est-à-dire un modèle de développement et de diffusion de solutions dont le code source est libre d’accès, modifiable et partageable selon des conditions fixées par licence. C’est le monde de l’open source qui rend possible la co-construction de solutions par des communautés de développeurs dispersés géographiquement, et ne travaillant pas pour les mêmes entreprises. D’ailleurs de Llama de Facebook à Mistral, bien des solutions d’IA reposent sur des cœurs open source.

France 24.

Pour l’Europe en proie aux problématiques de souveraineté que nous avons décrites, les avantages de l’open source – à plus forte raison si les données sont stockées dans des serveurs dont l’emprise juridique est européenne ou française – seraient nombreux : moindre dépendance technologique vis-à-vis de firmes étrangères, stimulation de l’écosystème européen (à l’image de AI Sweden), éloignement des risques de capture par des entreprises étrangères devenues incontournables, conformité réglementaire et éthique renforcée, et résilience face aux tensions géopolitiques.

Le rôle de l’État stratège

Face aux problématiques environnementales et de souveraineté que pose l’IA chacun, des particuliers aux administrations en passant par les entreprises, est face à ses responsabilités. Mais il ne faut pas s’y tromper : il revient à l’État stratège de montrer la voie en créant les conditions d’émergence de solutions IA européennes, souveraines, et frugales.

Dans le contexte climatique et géopolitique que nous connaissons, et face aux enjeux économiques, stratégiques et éthiques que véhicule l’IA, personne ne comprendrait que l’UE ne se dote pas rapidement d’une politique industrielle qui soit cohérente avec ses intérêts et ses valeurs, et de nature à contribuer à la construction de son autonomie stratégique. Ainsi que le souligne le rapport Draghi, l’impulsion doit venir d’en haut. De même que l’exemplarité.

Cet article est publié avec la revue Telecom ParisThe Conversation

Julien Pillot, Enseignant-Chercheur en Economie, INSEEC Grande École

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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