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Téléphone, mail, notifications… : comment le cerveau réagit-il aux distractions numériques ?

  Par  Sibylle Turo , Université de Montpellier et Anne-Sophie Cases , Université de Montpellier Aujourd’hui, les écrans et les notifications dominent notre quotidien. Nous sommes tous familiers de ces distractions numériques qui nous tirent hors de nos pensées ou de notre activité. Entre le mail important d’un supérieur et l’appel de l’école qui oblige à partir du travail, remettant à plus tard la tâche en cours, les interruptions font partie intégrante de nos vies – et semblent destinées à s’imposer encore davantage avec la multiplication des objets connectés dans les futures « maisons intelligentes ». Cependant, elles ne sont pas sans conséquences sur notre capacité à mener à bien des tâches, sur notre confiance en nous, ou sur notre santé. Par exemple, les interruptions engendreraient une augmentation de 27 % du temps d’exécution de l’activité en cours. En tant que chercheuse en psychologie cognitive, j’étudie les coûts cognitifs de ces interruptions numériques : au

Loi de programmation militaire : la stratégie "drone" française se muscle

reaper
Un drone Reaper utilisé au Mali lors de l’opération Barkhane./ AFP

Le projet de loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030, dont le texte est actuellement examiné en première lecture à l’Assemblée nationale, doit acter une hausse très significative du budget des armées : le projet prévoit, en effet, de consacrer 413 milliards d’euros sur sept ans au budget des armées, en procédant par marches : +3,1 milliards en 2024, puis 3 milliards supplémentaires par an de 2025 à 2027, et 4,3 milliards de plus par an à partir de 2028, après la fin du quinquennat Macron.

Ce projet redéfinit aussi de grandes orientations dans un contexte international qui a profondément changé. "L’ambition de ce texte est […] de relever le défi historique de l’émergence de nouveaux espaces de conflictualité, en particulier le cyber et le spatial, tout en tirant parti de ruptures technologiques et de l’innovation dans les domaines de la robotique, des drones, et bientôt de la technologie quantique et de l’intelligence artificielle", indiquait le ministre des Armées Sébastien Lecornu.

Dans la section "Adapter notre outil militaire à l’évolution des menaces", un chapitre est ainsi consacré aux drones. "Les drones font désormais partie intégrante de l’équipement et sont présents dans les airs, sur terre, sur et sous la mer. Ils constituent une caractéristique du combat de demain. Leur rôle est essentiel du niveau stratégique au niveau tactique. Avec la prochaine LPM, la poursuite du développement des capacités dronisées permettra aux armées d’accroître les fonctions de détection et d’action à distance", explique le ministère, qui détaille les perspectives d’équipement.

Des drones aériens et sous-marins

"Des drones de contact ainsi que des munitions téléopérées (MTO) équiperont les armées, apportant performance, précision et létalité avec un rapport coût efficacité favorable. L’ambition portée est de développer une filière française de MTO et à horizon 2030, d’atteindre la capacité de vol en essaims. La Marine poursuivra son effort de dronisation entamé lors de la précédente LPM, notamment sous la mer et embarqué. L’armée de Terre, se verra dotée à horizon 2025 de 1 200 systèmes drones, soit plus de 3 000 drones dont les systèmes de drones tactiques (SDT). Enfin, l’armée de l’Air et de l’Espace réceptionnera à l’horizon 2030 son premier système Eurodrone sur une cible de 6 systèmes."

Au total, la France consacrera 5 milliards d’euros aux drones sur la période 2024-2030.

La France est d’ores et déjà prête aujourd’hui à utiliser des drones de combat en cas de conflit. "Les drones dans l’armée de l’air, ce sont plus de 25 années d’opération, au Kosovo ou en Afghanistan", soulignait cette semaine sur RTL le colonel Yann Malard, porte-parole de l’armée de l’Air et de l’Espace. "Il y a un savoir-faire lié, au-delà de la capacité technique, à la ressource humaine, la plus précieuse, car les équipages ont capitalisé cette expérience à travers les opérations qu’ils ont conduites qui leur permettent d’apporter cette expertise de leur milieu."

La France pour l’heure possède déjà plusieurs types de drones comme le MQ9 Reaper (12 exemplaires, 24 d’ici 2030), un appareil américain de 20 m d’envergure capable de voler 24 heures d’affilée. La France dispose aussi de SMDM (systèmes de mini-drones embarqués de la marine) conçus par la société française SurveyCompter pour des missions de surveillance.

Prochainement, l’Armée de terre disposera du Patroller, conçu par Safran. La France dispose aussi d’exemplaires de drones AeroVironment RQ-20 puma, Skylark I-Lex, Delair UX11, Black Hornet (un drone de 33 grammes), Parrot…

(Article publié dans La Dépêche du Midi du vendredi 2 juin 2023)

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