Accéder au contenu principal

L’IA au travail : un gain de confort qui pourrait vous coûter cher

Par  Kathleen Desveaud , Kedge Business School L’intelligence artificielle promet un soulagement face à l’ennui des tâches répétitives au travail, mais son usage excessif pourrait entraîner une déqualification progressive et une nouvelle forme de frustration professionnelle. Entre automatisation bénéfique et risque de « travail zombie », comment faire de l’IA un allié du développement des compétences plutôt qu’une source d’appauvrissement cognitif ? L’impact de l’intelligence artificielle (IA) sur les métiers est un sujet majeur , qui a été traité dans de nombreuses études . Si la question de la disparition des emplois retient souvent l’attention, une autre question de fond mérite d’être considérée : comment ces technologies transforment et transformeront-elles concrètement le quotidien, les compétences et la motivation des travailleurs ? L’IA, un remède contre l’ennui au travail ? L’IA est parfois présentée comme un parfait remède a...

Loi de programmation militaire : la stratégie "drone" française se muscle

reaper
Un drone Reaper utilisé au Mali lors de l’opération Barkhane./ AFP

Le projet de loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030, dont le texte est actuellement examiné en première lecture à l’Assemblée nationale, doit acter une hausse très significative du budget des armées : le projet prévoit, en effet, de consacrer 413 milliards d’euros sur sept ans au budget des armées, en procédant par marches : +3,1 milliards en 2024, puis 3 milliards supplémentaires par an de 2025 à 2027, et 4,3 milliards de plus par an à partir de 2028, après la fin du quinquennat Macron.

Ce projet redéfinit aussi de grandes orientations dans un contexte international qui a profondément changé. "L’ambition de ce texte est […] de relever le défi historique de l’émergence de nouveaux espaces de conflictualité, en particulier le cyber et le spatial, tout en tirant parti de ruptures technologiques et de l’innovation dans les domaines de la robotique, des drones, et bientôt de la technologie quantique et de l’intelligence artificielle", indiquait le ministre des Armées Sébastien Lecornu.

Dans la section "Adapter notre outil militaire à l’évolution des menaces", un chapitre est ainsi consacré aux drones. "Les drones font désormais partie intégrante de l’équipement et sont présents dans les airs, sur terre, sur et sous la mer. Ils constituent une caractéristique du combat de demain. Leur rôle est essentiel du niveau stratégique au niveau tactique. Avec la prochaine LPM, la poursuite du développement des capacités dronisées permettra aux armées d’accroître les fonctions de détection et d’action à distance", explique le ministère, qui détaille les perspectives d’équipement.

Des drones aériens et sous-marins

"Des drones de contact ainsi que des munitions téléopérées (MTO) équiperont les armées, apportant performance, précision et létalité avec un rapport coût efficacité favorable. L’ambition portée est de développer une filière française de MTO et à horizon 2030, d’atteindre la capacité de vol en essaims. La Marine poursuivra son effort de dronisation entamé lors de la précédente LPM, notamment sous la mer et embarqué. L’armée de Terre, se verra dotée à horizon 2025 de 1 200 systèmes drones, soit plus de 3 000 drones dont les systèmes de drones tactiques (SDT). Enfin, l’armée de l’Air et de l’Espace réceptionnera à l’horizon 2030 son premier système Eurodrone sur une cible de 6 systèmes."

Au total, la France consacrera 5 milliards d’euros aux drones sur la période 2024-2030.

La France est d’ores et déjà prête aujourd’hui à utiliser des drones de combat en cas de conflit. "Les drones dans l’armée de l’air, ce sont plus de 25 années d’opération, au Kosovo ou en Afghanistan", soulignait cette semaine sur RTL le colonel Yann Malard, porte-parole de l’armée de l’Air et de l’Espace. "Il y a un savoir-faire lié, au-delà de la capacité technique, à la ressource humaine, la plus précieuse, car les équipages ont capitalisé cette expérience à travers les opérations qu’ils ont conduites qui leur permettent d’apporter cette expertise de leur milieu."

La France pour l’heure possède déjà plusieurs types de drones comme le MQ9 Reaper (12 exemplaires, 24 d’ici 2030), un appareil américain de 20 m d’envergure capable de voler 24 heures d’affilée. La France dispose aussi de SMDM (systèmes de mini-drones embarqués de la marine) conçus par la société française SurveyCompter pour des missions de surveillance.

Prochainement, l’Armée de terre disposera du Patroller, conçu par Safran. La France dispose aussi d’exemplaires de drones AeroVironment RQ-20 puma, Skylark I-Lex, Delair UX11, Black Hornet (un drone de 33 grammes), Parrot…

(Article publié dans La Dépêche du Midi du vendredi 2 juin 2023)

Posts les plus consultés de ce blog

Le bipeur des années 80 plus efficace que le smartphone ?

Par André Spicer, professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School (City University of London) : Vous vous souvenez des bipeurs ? Ces appareils étaient utilisés largement avant l'arrivée massive des téléphones portables et des SMS. Si vous aviez un bipeur, vous pouviez recevoir des messages simples, mais vous ne pouviez pas répondre. Un des rares endroits où on peut encore en trouver aujourd’hui sont les hôpitaux. Le Service National de Santé au Royaume-Uni (National Health Service) en utilise plus de 130 000. Cela représente environ 10 % du nombre total de bipeurs présents dans le monde. Une récente enquête menée au sein des hôpitaux américains a révélé que malgré la disponibilité de nombreuses solutions de rechange, les bipeurs demeurent le moyen de communication le plus couramment utilisée par les médecins américains. La fin du bipeur dans les hôpitaux britanniques ? Néanmoins, les jours du bipeur dans les hôpitaux britanniques pourraient être compté...

Quelle technologie choisir pour connecter les objets ?

Par Frédéric Salles, Président et co-fondateur de Matooma   En 2021, le nombre total d'objets connectés utilisés atteindra les 25 milliards selon Gartner. Il est ainsi légitime de se demander quelles sont les technologies principales permettant de connecter les objets, et quelle pourrait être celle la plus adaptée pour sa solution. Un projet de vidéosurveillance par exemple n'aura absolument pas les mêmes besoins qu'un projet basé sur le relevé de température au milieu du désert. Ainsi pour trouver la meilleure connectivité pour son objet, de nombreuses questions peuvent se poser : mon objet fonctionne-t-il sur batterie ou est-il alimenté ? Mon objet restera-t-il statique ou sera-t-il mobile ?  Mon objet est-il susceptible d'être dans un endroit difficile d'accès ou enterré ? A quelle fréquence mes données doivent-elles remonter ? Etc. Voici les différentes solutions actuellement disponibles sur le marché. Courte distance : RFID/Bluetooth/WiFi La RFID (Ra...

La fin du VHS

La bonne vieille cassette VHS vient de fêter ses 30 ans le mois dernier. Certes, il y avait bien eu des enregistreurs audiovisuels avant septembre 1976, mais c’est en lançant le massif HR-3300 que JVC remporta la bataille des formats face au Betamax de Sony, pourtant de meilleure qualité. Ironie du sort, les deux géants de l’électronique se retrouvent encore aujourd’hui face à face pour déterminer le format qui doit succéder au DVD (lire encadré). Chassée par les DVD ou cantonnée au mieux à une petite étagère dans les vidéoclubs depuis déjà quatre ans, la cassette a vu sa mort programmée par les studios hollywoodiens qui ont décidé d’arrêter de commercialiser leurs films sur ce support fin 2006. Restait un atout à la cassette VHS: l’enregistrement des programmes télé chez soi. Las, l’apparition des lecteurs-enregistreurs de DVD et, surtout, ceux dotés d’un disque dur, ont sonné le glas de la cassette VHS, encombrante et offrant une piètre qualité à l’heure de la TNT et des écrans pl...

6 questions sur Zone-telechargement

Quel était ce site ? Zone-telechargement.com était jusqu'à lundi soir l'un des plus gros sites web français proposant de télécharger des contenus numériques illégaux. En grande majorité des films parfois très récents ; des séries télé notamment américaines qui n'étaient pas diffusées en France ; de la musique ; des logiciels et des jeux vidéo. Les séries et les films étaient disponibles en différentes qualités et ceux en langue anglaise étaient sous-titrés grâce à des communautés d'utilisateurs capables de sous-titrer des épisodes de série 24 heures après leur diffusion aux États-Unis. Le site comptabilisait, selon la gendarmerie, en moyenne 140 millions de pages vues par mois et 11 000 téléchargements par jour. La société Alexa affichait Zone-Telechargement à la 11e place des sites les plus visités de France… devant Twitter ! Zone-Telechargement proposait 18 000 films, 2 500 séries télé ; 11 000 documentaires ; 20 943 émissions télé ; plus de 150 000 MP3 mais aus...

Deepfakes, vidéos truquées, n’en croyez ni vos yeux ni vos oreilles !

Par  Divina Frau-Meigs , Auteurs historiques The Conversation France Les spécialistes en fact-checking et en éducation aux médias pensaient avoir trouvé les moyens de lutter contre les « deepfakes » , ou hypertrucages , ces manipulations de vidéos fondées sur l’intelligence artificielle, avec des outils de vérification comme Invid-Werify et le travail des compétences d’analyse d’images (littératie visuelle), avec des programmes comme Youverify.eu . Mais quelques cas récents montrent qu’une nouvelle forme de cyberattaque vient de s’ajouter à la panoplie des acteurs de la désinformation, le deepfake audio. Aux États-Unis, en janvier 2024, un robocall généré par une intelligence artificielle et prétendant être la voix de Joe Biden a touché les habitants du New Hampshire, les exhortant à ne pas voter, et ce, quelques jours avant les primaires démocrates dans cet État. Derrière l’attaque, Steve Kramer, un consultant travaillant pour un adversaire de Biden, Dean ...

D’IBM à OpenAI : 50 ans de stratégies gagnantes (et ratées) chez Microsoft

  Paul Allen et Bill Gates en 1970 à Lakeside School (Seattle). Microsoft naîtra cinq ans plus tard. Auteur inconnu/Wikimedia Par  Frédéric Fréry , ESCP Business School Insubmersible. Même la vague des Gafa n’a pas vraiment atteint Microsoft. Cinquante ans après sa création, soit une éternité dans le monde de la tech, la firme de Bill Gates et Paul Allen est toujours là et bien là. Retour sur ce qu’on appelle outre-Atlantique, une success-story avec quelques échecs. Cette semaine, Microsoft fête ses 50 ans. Cet article a été écrit sur Microsoft Word, à partir d’un ordinateur équipé de Microsoft Windows, et il sera vraisemblablement publié sur des plateformes hébergées par Microsoft Azure, notamment LinkedIn, une filiale de Microsoft qui compte plus d’un milliard d’utilisateurs. C’est dire l’influence de cette entreprise qui, en 2024, a dégagé un bénéfice net de 88 milliards de dollars po...