Accéder au contenu principal

Le bitcoin : une « valeur refuge » peut-elle être virtuelle ?

  Les fortes variations du cours du bitcoin sont-ils le signe de sa folle jeunesse ? Shutterstock Oatawa Par  Hervé Alexandre , Université Paris Dauphine – PSL Pour quelles raisons le cours de l’or et celui du bitcoin se sont-ils envolés au mois de février 2024 ? Faut-il voir dans cette concordance davantage qu’un hasard, l’un devenant après l’autre une valeur refuge prisée des particuliers et bientôt des institutionnels comme semblait l’indiquer la chroniqueuse économique de France Infos ? Avant de tenter d’apporter quelques éléments de réponse à cette question, rappelons que, de manière générale, notre monde se numérise inexorablement. À part quelques nostalgiques et autres collectionneurs, nous n’achetons plus de disque en vinyle ni de CD. Nous téléchargeons des morceaux de musique, quand nous ne les écoutons pas tout simplement en streaming . Dans ce dernier cas, moyennant le paiement d’un abonnement, nous pouvons écouter un morceau sans

Intelligence artificielle : l’Europe régule, la France accélère

IA

Les députés européens ont adopté hier des règles pour encadrer les systèmes d’intelligence artificielle (IA) comme ChatGPT d’OpenAI, faisant de l’Europe le premier continent doté d’une législation sur le sujet. Le commissaire européen chargé du Numérique, Thierry Breton, s’est félicité sur X du "soutien massif" du Parlement (523 voix pour, 46 voix contre) au texte, qui avait fait l’objet de tractations et d’interrogations entre la nécessité de réguler et celle de ne pas freiner les innovations face aux concurrents chinois ou américains.

 "Cela profitera au formidable réservoir de talents de l’Europe. Et établira un modèle pour une IA digne de confiance dans le monde entier", a souligné de son côté la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, évoquant une législation "pionnière". Ce projet de loi avait été présenté par la Commission européenne en avril 2021.

Une législation à deux niveaux

La législation prévoit une approche à deux niveaux. Les modèles d’IA à "usage général" devront respecter des obligations de transparence ainsi que les règles européennes en matière de droits d’auteur. Les systèmes considérés à "haut risque" (dans les infrastructures critiques, l’éducation, les ressources humaines, le maintien de l’ordre) seront soumis à des exigences plus strictes.

Le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC) a cependant estimé que "la législation aurait dû aller plus loin pour protéger les consommateurs". Idem pour Reporters sans frontière qui "regrette que ce texte fondateur néglige d’intégrer la protection du droit à l’information, en n’octroyant pas aux algorithmes impliqués dans la production et la distribution de l’information le statut de systèmes à haut risque."

Former 60 000 personnes par an

Au même moment, hier, le Comité sur l’intelligence artificielle, installé en septembre par Elisabeth Borne, a rendu son rapport à Emmanuel Macron, qui s’intéresse au sujet de longue date.

Composé d’experts, le Comité s’est d'abord voulu rassurant en expliquant que "l’IA ne doit susciter ni excès de pessimisme, ni excès d’optimisme : nous n’anticipons ni chômage de masse, ni accélération automatique de la croissance". De ses six mois de travail, 600 auditions et une consultation publique auprès de 7 000 Français, le Comité a tiré 25 recommandations, qui représentent un engagement annuel d’environ 5 milliards d’€ au cours des cinq prochaines années, pour faire de la France – qui dispose d’une stratégie nationale sur l’intelligence artificielle depuis 2017 – un leader européen de l’IA. Un objectif qui va nécessiter d’importants investissements. Le Comité propose de "réorienter structurellement l’épargne vers l’innovation et créer, à court terme, un fonds France & IA de 10 milliards d’euros (7 milliards de capitaux privés et 3 de fonds publics).

Le Comité veut faire de la France un pôle majeur de la puissance de calcul – c’est-à-dire aller au-delà des supercalculateurs Jean-Zay et du prochain Jules-Verne en 2025 – faciliter l’accès aux données – carburant des systèmes d’IA génératives – et former quelque 60 000 personnes par an pour répondre aux besoins de l’écosystème de l’IA français. "Une mobilisation collective, massive, sans délai et au long cours est impérative. Cet investissement est significatif mais il est nécessaire", assure le Comité, qui estime que son plan IA représenterait 0,3 % des dépenses publiques totales. En contrepartie, l’IA pourrait apporter jusqu’à environ 1,3 % de croissance supplémentaire du PIB d’ici 2034, soit un gain de 250 à 400 milliards d’euros à l’horizon 2030.

Enfin, le prochain sommet international sur l’IA, que la France doit accueillir d’ici un an, aura vocation, selon les experts du Comité, à poser les bases d’une «gouvernance internationale».

(Article publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 14 mars 2024)

Posts les plus consultés de ce blog

Le bipeur des années 80 plus efficace que le smartphone ?

Par André Spicer, professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School (City University of London) : Vous vous souvenez des bipeurs ? Ces appareils étaient utilisés largement avant l'arrivée massive des téléphones portables et des SMS. Si vous aviez un bipeur, vous pouviez recevoir des messages simples, mais vous ne pouviez pas répondre. Un des rares endroits où on peut encore en trouver aujourd’hui sont les hôpitaux. Le Service National de Santé au Royaume-Uni (National Health Service) en utilise plus de 130 000. Cela représente environ 10 % du nombre total de bipeurs présents dans le monde. Une récente enquête menée au sein des hôpitaux américains a révélé que malgré la disponibilité de nombreuses solutions de rechange, les bipeurs demeurent le moyen de communication le plus couramment utilisée par les médecins américains. La fin du bipeur dans les hôpitaux britanniques ? Néanmoins, les jours du bipeur dans les hôpitaux britanniques pourraient être compté

Comment les machines succombent à la chaleur, des voitures aux ordinateurs

  La chaleur extrême peut affecter le fonctionnement des machines, et le fait que de nombreuses machines dégagent de la chaleur n’arrange pas les choses. Afif Ramdhasuma/Unsplash , CC BY-SA Par  Srinivas Garimella , Georgia Institute of Technology et Matthew T. Hughes , Massachusetts Institute of Technology (MIT) Les humains ne sont pas les seuls à devoir rester au frais, en cette fin d’été marquée par les records de chaleur . De nombreuses machines, allant des téléphones portables aux voitures et avions, en passant par les serveurs et ordinateurs des data center , perdent ainsi en efficacité et se dégradent plus rapidement en cas de chaleur extrême . Les machines génèrent de plus leur propre chaleur, ce qui augmente encore la température ambiante autour d’elles. Nous sommes chercheurs en ingénierie et nous étudions comment les dispositifs mécaniques, électriques et électroniques sont affectés par la chaleur, et s’il est possible de r

De quoi l’inclusion numérique est-elle le nom ?

Les professionnels de l'inclusion numérique ont pour leitmotiv la transmission de savoirs, de savoir-faire et de compétences en lien avec la culture numérique. Pexels , CC BY-NC Par  Matthieu Demory , Aix-Marseille Université (AMU) Dans le cadre du Conseil National de la Refondation , le gouvernement français a proposé au printemps 2023 une feuille de route pour l’inclusion numérique intitulée « France Numérique Ensemble » . Ce programme, structuré autour de 15 engagements se veut opérationnel jusqu’en 2027. Il conduit les acteurs de terrain de l’inclusion numérique, notamment les Hubs territoriaux pour un numérique inclusif (les structures intermédiaires ayant pour objectif la mise en relation de l’État avec les structures locales), à se rapprocher des préfectures, des conseils départementaux et régionaux, afin de mettre en place des feuilles de route territoriales. Ces documents permettront d’organiser une gouvernance locale et dé

La fin du VHS

La bonne vieille cassette VHS vient de fêter ses 30 ans le mois dernier. Certes, il y avait bien eu des enregistreurs audiovisuels avant septembre 1976, mais c’est en lançant le massif HR-3300 que JVC remporta la bataille des formats face au Betamax de Sony, pourtant de meilleure qualité. Ironie du sort, les deux géants de l’électronique se retrouvent encore aujourd’hui face à face pour déterminer le format qui doit succéder au DVD (lire encadré). Chassée par les DVD ou cantonnée au mieux à une petite étagère dans les vidéoclubs depuis déjà quatre ans, la cassette a vu sa mort programmée par les studios hollywoodiens qui ont décidé d’arrêter de commercialiser leurs films sur ce support fin 2006. Restait un atout à la cassette VHS: l’enregistrement des programmes télé chez soi. Las, l’apparition des lecteurs-enregistreurs de DVD et, surtout, ceux dotés d’un disque dur, ont sonné le glas de la cassette VHS, encombrante et offrant une piètre qualité à l’heure de la TNT et des écrans pl

Ce que les enfants comprennent du monde numérique

  Par  Cédric Fluckiger , Université de Lille et Isabelle Vandevelde , Université de Lille Depuis la rentrée 2016 , il est prévu que l’école primaire et le collège assurent un enseignement de l’informatique. Cela peut sembler paradoxal : tous les enfants ne sont-ils pas déjà confrontés à des outils numériques, dans leurs loisirs, des jeux vidéos aux tablettes, et, dans une moindre mesure, dans leur vie d’élève, depuis le développement des tableaux numériques interactifs et espaces numériques de travail ? Le paradoxe n’est en réalité qu’apparent. Si perdure l’image de « natifs numériques », nés dans un monde connecté et donc particulièrement à l’aise avec ces technologies, les chercheurs ont montré depuis longtemps que le simple usage d’outils informatisés n’entraîne pas nécessairement une compréhension de ce qui se passe derrière l’écran. Cela est d’autant plus vrai que l’évolution des outils numériques, rendant leur utilisation intuitive, a conduit à masquer les processus in

Des conseils d'administration inquiets et mal préparés face à la menace cyber

Alors que les Assises de la Sécurité ouvrent leurs portes ce mercredi 11 octobre, pour trois jours de réflexion sur l’état de la cybersécurité en France, la société de cybersécurité Proofpoint f ait le point sur le niveau de préparation des organisations face à l’avancée de la menace.  Cette année encore, les résultats montrent que la menace cyber reste omniprésente en France et de plus en plus sophistiquée. Si les organisations en ont bien conscience,  augmentant leur budget et leurs compétences en interne pour y faire face, la grande majorité d’entre elles ne se sont pour autant, pas suffisamment préparées pour l’affronter réellement, estime Proofpoint. En France, 80 % des membres de conseils d’administration interrogés estiment que leur organisation court un risque de cyberattaque d’envergure, contre 78 % en 2022 – 36 % d’entre eux jugent même ce risque très probable. Et si 92 % d’entre eux pensent que leur budget lié à la cybersécurité augmentera au cours des 12 prochains mois, ces