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Les Français s’intéressent toujours à l’information et ils préfèrent les journalistes aux algorithmes

BVA Xsight a mené pour l’ ARCOM , une enquête auprès d’un échantillon représentatif de 3 400 Français âgés de 15 ans et plus, afin de répondre aux questions suivantes : Les Français s’intéressent–ils à l’information ? Comment les Français s’informent–ils ? Quelle connaissance ont–ils des réseaux sociaux ? Quelle image ont-ils des médias et des journalistes ? Cette enquête menée du 22 novembre au 20 décembre 2023 révèle ainsi que les Français se sentent plutôt bien informés malgré une surcharge informationnelle et une exposition aux fake news qui les poussent parfois à adopter des comportements d’évitement de l’information (changer de chaîne de télévision ou de station de radio, suspension des notifications des applications…). L’expansion rapide des réseaux sociaux et des plateformes de vidéo a facilité et démultiplié l’accès direct des Français à l’information et son appropriation, même si les médias éditorialisés – au premier rang desquels la télévision et la radio – restent aujourd’

Le bipeur des années 80 plus efficace que le smartphone ?

pager


Par André Spicer, professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School (City University of London) :

Vous vous souvenez des bipeurs ? Ces appareils étaient utilisés largement avant l'arrivée massive des téléphones portables et des SMS. Si vous aviez un bipeur, vous pouviez recevoir des messages simples, mais vous ne pouviez pas répondre. Un des rares endroits où on peut encore en trouver aujourd’hui sont les hôpitaux. Le Service National de Santé au Royaume-Uni (National Health Service) en utilise plus de 130 000. Cela représente environ 10 % du nombre total de bipeurs présents dans le monde. Une récente enquête menée au sein des hôpitaux américains a révélé que malgré la disponibilité de nombreuses solutions de rechange, les bipeurs demeurent le moyen de communication le plus couramment utilisée par les médecins américains.

La fin du bipeur dans les hôpitaux britanniques ?

Néanmoins, les jours du bipeur dans les hôpitaux britanniques pourraient être comptés. Dans le cadre de sa mission de numérisation du secteur médical, le ministre britannique de la santé Matt Hancock veut s’en débarrasser. Supprimer une technologie désuète semble une chose évidente. Mais est-ce le cas concernant les bipeurs ?

En tant que professeur de comportement organisationnel, je vois des raisons claires de se débarrasser des bipeurs et de les remplacer par des téléphones portables permettant d’envoyer des SMS ou utiliser des applications de messagerie instantanée. Le système d’exploitation de bipeurs n’utilise qu’une seule voie de communication. Sa technologie est très basique et ne vous permet de partager que des messages les plus simples. Bien entendu, le personnel hospitalier est déjà familiarisé avec les téléphones portables.

Une enquête menée auprès de médecins d'un hôpital du Royaume-Uni a révélé qu'ils utilisaient déjà leur téléphone mobile pour échanger avec leurs confrères sur les sujets cliniques (professionnels). Parallèlement,  une petite enquête d'observation a révélé que les médecins utilisant un assistant numérique réagissaient plus rapidement à un incident que ceux utilisant un bipeur. Ces derniers, considéraient la messagerie SMS comme pratique, discrète, fiable et efficace. L'utilisation du téléphone mobile a amélioré l’échange d'informations parmi le personnel médical.

Et si ce n’était pas fini....

Pourquoi on les utilise encore ?

Avant que le NHS ne se précipite pour « mettre à la poubelle » les 130 000 bipeurs, il vaut la peine de s’interroger sur les raisons qui poussent les gens à continuer à utiliser cette technologie dite dépassée ? Les bipeurs ont de gros avantages techniques. Ils utilisent des piles bénéficiant d’une longue durée de vie. Ils utilisent des ondes radio qui pénètrent mieux les murs épais que l'on trouve dans certains endroits des hôpitaux. Ils fonctionnent également sur leur propre réseau dédié qui est moins susceptible d'être submergé en cas d'urgence.

Il y a aussi des raisons sociales (sociétales) pour lesquelles les bipeurs peuvent être plébiscités. Justement parce que leur utilisation est si simple, ils permettent de partager difficilement de l'information qui porterait atteinte à la vie privée des patients.

Mais lorsque le personnel médical a commencé à utiliser des téléphones portables dans le cadre professionnel, de nombreux problèmes ont vu le jour : la communication entre les médecins est devenue moins fréquente et on ne savait plus reconnaitre des messages urgents et ceux qui ne l'étaient pas. Parallèlement, on a noté une augmentation significative d'interruptions auxquelles le personnel médical a été confronté pendant qu'il travaillait. Cela pourrait également être néfaste pour les patients. Après tout, nous savons que les médecins distraits sont plus susceptibles de commettre des erreurs.

En plus des interruptions de plus en plus fréquentes, les médecins qui utilisent des téléphones portables parlent moins avec leurs confrères des différentes spécialités. En effet, les téléphones mobiles et les systèmes de messagerie peuvent éclipser les échanges en face à face. Cela peut se révéler source de problèmes, car c'est souvent au cours d'interactions réelles que l'information complexe est communiquée.

De plus, comme les téléphones portables peuvent transmettre beaucoup plus de données (y compris des photos et des vidéos), le risque de partager par inadvertance des informations qui enfreignent les lois sur la vie privée des patients est beaucoup plus élevé.

Bannir les bipeurs peut sembler une évidence. Mais il y a des conséquences involontaires importantes dont les hôpitaux doivent tenir compte, notamment en ce qui concerne la protection de la vie privée, la réduction des échanges directs et l'augmentation des interruptions. Tout cela nous rappelle que des technologies parfois dépassées et simples, comme le bipeur, peuvent être davantage bénéfiques pour certains métiers que des technologies modernes plus sophistiquées.

Cet article a été publié dans The Conversation. Lire l’article original.

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