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Les deepfakes au cœur de la guerre informationnelle russo-ukrainienne

Par  Christine Dugoin-Clément , IAE Paris – Sorbonne Business School Vladimir Poutine annonçant le retour de la Crimée à l’Ukraine et sa propre démission, ou Volodymyr Zelensky déclarant la reddition intégrale de son pays : ces vidéos totalement fabriquées, et d’autres du même type, ont été visionnées pour certaines des millions de fois sur les réseaux sociaux. Si la Russie a, dans ce domaine comme sur le terrain militaire, lancé les hostilités dès 2014, l’Ukraine a désormais appris à employer ces méthodes – et d’autres outils de la guerre informationelle –, dont l’objectif est toujours de semer la confusion au sein de l’opinion publique du pays ennemi. Depuis son invasion massive de l’Ukraine, la Russie a lancé de nombreuses attaques informationnelles visant aussi bien différentes sphères de la société ukrainienne que des pays soutenant Kiev – à travers des opérations comme Döppelganger ou Portal Kombat – ainsi que des pays africains, moyen-orientaux ou asiatiques où Moscou a c

La télé sur tous les écrans

Qui a dit que la télé n'était plus dans le coup et allait se faire dévorer par internet ? Tout au contraire, elle ne s'est jamais aussi bien portée et sort désormais de son cadre habituel - le poste familial dans le salon - pour envahir tous les écrans dont nous disposons, dévoilant jour après jour de nouveaux usages.

Sur les écrans plats qui vont passer à la 3D au printemps prochain, sur les écrans des téléphones portables intelligents comme l'iPhone, sur les écrans des ordinateurs qu'ils soient portables ou fixes, et bientôt sur les écrans des tablettes tactiles qui vont décoller cette année : les programmes télé se visionnent sur n'importe quel support… et surtout n'importe quand. Car à la révolution matérielle s'ajoute une révolution technologique permise par le développement de l'internet à haut débit avec ses «box» : la « catch-up TV », autrement appelée télé de rattrapage. C'est-à-dire que les téléspectateurs vont pouvoir s'affranchir des grilles de programmes définies par les chaînes pour se concocter, à l'heure qui leur convient, leur propre soirée télé. Un épisode de Desperate housewives pioché sur M6Replay, un documentaire sur Camus récupéré sur Arte7 +, un match venant de Canal+ et enfin un film loué sur TF1Video : grâce aux sites internet des chaînes qui deviennent de véritables vidéothèques fonctionnant 24 heures sur 24, chacun se fait sa propre télé.

Cette convergence entre télé et internet qui s'affiche sur tous les écrans possibles est en plein boom, comme l'atteste la dernière étude Ipsos MediaCT « Bilan, évolutions, perspective pour la TV et la pub TV », réalisée en ce début d'année pour le Syndicat National de la Publicité Télévisée (SNPTV). « Les nouvelles façons de consommer la télévision (sur internet, le téléphone portable, écran mobile… via la catch-up TV, le podcasting, la VOD) suscitent un intérêt très marqué pour deux tiers des Français. Ils connaissent ces nouveaux services TV (61 %) et pour 43 % les ont déjà testé », indique l'enquête. De nouveaux usages qui concernent par ailleurs toutes les générations. « Ces nouveaux comportements ne concernent pas seulement les 15-24 ans (76 %). Les 25-34 ans (59 %), voire les 25-49 ans (50 %), sont de plus en plus adeptes de ces nouvelles pratiques. » Plus que jamais nous sommes tous les enfants de la télé…


Enquête : les Français aiment leur télé
Selon une étude SNPTV/Ipsos MidiaCT, la télévision reste « en 2010 le média auquel les Français «sont le plus attachés.» «Elle permet de rassembler toute la famille (pour 71%) et figure comme le média dont les Français se sentent le plus proche (39%). Dans un contexte où de nouvelles formes de consommation des médias se développent, 53% des Français pensent que la TV est le média le plus divertissant et qui suscite le plus de sujets de conversation (50%).»

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Par André Spicer, professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School (City University of London) : Vous vous souvenez des bipeurs ? Ces appareils étaient utilisés largement avant l'arrivée massive des téléphones portables et des SMS. Si vous aviez un bipeur, vous pouviez recevoir des messages simples, mais vous ne pouviez pas répondre. Un des rares endroits où on peut encore en trouver aujourd’hui sont les hôpitaux. Le Service National de Santé au Royaume-Uni (National Health Service) en utilise plus de 130 000. Cela représente environ 10 % du nombre total de bipeurs présents dans le monde. Une récente enquête menée au sein des hôpitaux américains a révélé que malgré la disponibilité de nombreuses solutions de rechange, les bipeurs demeurent le moyen de communication le plus couramment utilisée par les médecins américains. La fin du bipeur dans les hôpitaux britanniques ? Néanmoins, les jours du bipeur dans les hôpitaux britanniques pourraient être compté

Quelle technologie choisir pour connecter les objets ?

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