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Deepfake, décryptage d’une arnaque

Par Thomas Mannierre, Directeur EMEA Sud de BeyondTrust L’IA a fait entrer les braquages dans une nouvelle dimension. Plus besoin d’une cagoule noire désormais. En améliorant les attaques d'ingénierie sociale modernes, l’IA a donné naissance à un autre type de menaces : les deepfakes. Bienvenue dans ce qui pourrait être un épisode de Black Mirror ! Le faux CFO de Hong Kong En début d’année, une entreprise à Hong Kong s’est vue escroquée de 25,6 millions de dollars par un hacker utilisant l’IA et la technologie deepfake pour usurper l’identité d’un directeur financier. Si l'on en croit les rapports d’enquête, l'attaque a simulé un environnement de vidéoconférence complet et utilisé une fausse identité d'un important directeur financier de Hong Kong et d'autres participants à la réunion. La victime ciblée du département financier s'est d'abord méfiée d'un e-mail de phishing prétendant provenir du directeur financier. Cependant, la victime a rejoint une con

La traversée du pôle en ballon

À n'en pas douter, le vent glacial qui balayait hier l'archipel norvégien du Spitzberg était aussi celui de l'Histoire et, en y regardant bien, on pouvait sans doute y déceler aussi le souffle de Jules Verne. Car l'auteur du Tour du monde en 80 jours - qui a d'ailleurs situé l'action de deux de ses Voyages extraordinaires au pôle Nord - n'aurait pas renié l'aventure qu'a entamée ce lundi Jean-Louis Étienne à bord de son ballon Generali Arctic Observer. Le médecin et explorateur tarnais, affectueusement surnommé Papy Pôle pour son inextinguible passion des pôles depuis 25 ans, a largué les amarres de sa rozière de 28 mètres de haut, hier à 6 h 10 pour tenter la première traversée en solitaire de l'océan arctique. Un voyage de quelque 3 500 kilomètres entre Longyerbyen et l'Alaska qui devrait durer entre sept et dix jours et dont on pourra suivre l'évolution en temps réel sur internet.

Jean-Louis Étienne se préparait, depuis plusieurs jours, au décollage, attendant une fenêtre météo favorable. Celle-ci s'est présentée hier. « ça s'est passé brusquement. On m'a appelé en me disant Viens, viens, on décolle ! Mais je suis assez détendu. Le plaisir commencera quand j'aurai pris quelques mètres », confiait l'explorateur, peu avant d'embarquer dans sa minuscule nacelle de 5 m2, pleine comme un œuf d'instruments de mesure et de navigation. Le décollage s'est fait sous les regards d'une petite foule au premier rang de laquelle Zinedine Zidane. Le champion de football, parrain de l'expédition, avait fait le déplacement en Norvège pour soutenir Jean-Louis Étienne. Joint par radio peu après le décollage, l'explorateur n'a pas caché son émotion. « Je n'ai pas eu une petite, mais une énorme émotion au départ. C'était quelque chose d'extraordinaire. C'est un moment d'une grande intensité. Et ça devient petit à petit une beauté magnifique. C'est le grand calme maintenant. C'est absolument magique. Je commence à deviner les montagnes. Il y a un paysage devant moi fait de montagnes et d'eau. C'est d'un calme absolu, c'est magnifique, c'est comme cela que je l'avais imaginé. »

Jean-Louis Étienne va maintenant procéder aux mesures de CO2, de particules en suspension, de l'ozone troposphérique et du champ magnétique. Mais au-delà de cet aspect scientifique, cette grande expédition vaut aussi par les images, les vidéos que Jean-Louis Étienne nous transmettra. Son regard sur ce pôle si fragile, à la fois eldorado et paradis perdu, est aussi celui de toute l'humanité.


Pourquoi on l'appelle « Papy Pôle »
Si Jean-Louis Étienne est surnommé « Papy Pôle » c'est bien parce que ce médecin né le 9 décembre 1946 à Vielmur-sur-Agout dans le Tarn dont il a gardé l'accent, s'est fait une spécialité de parcourir les contrées aussi inhospitalières que fascinantes et fragiles de l'Arctique et de l'Antarctique. Son parcours exceptionnel n'est toutefois pas né sur la banquise mais en mer.
Accompagnateur du père Jaouen sur le Bel Espoir, un fier trois mâts, puis coéquipier d'Éric Tabarly lors de la course autour du monde de ce dernier dans les années 1970 à bord du Pen Duick VI, Jean-Louis Étienne a attrapé sur les océans le goût de l'aventure et l'envie de comprendre le monde. Comprendre par exemple comment l'homme s'adapte aux conditions extrêmes. Ce questionnement le conduira, en 1986, à devenir le premier homme à rallier le pôle Nord en solitaire au terme de 63 jours éprouvants. Depuis, la passion des pôles ne l'a jamais quitté.
Entre juillet 1989 et mars 1990 ce sera La Transantarctica ; la traversée du continent antarctique (6 300 km) via le pôle Sud géographique avec cinq hommes de différentes nationalités. De 1991 à 1996, l'aventure prendra le nom d'Antarctica, une goélette qui mènera des expéditions scientifiques en Antarctique, en Patagonie, en Norvège, etc. Puis viendra en 2002 la Mission Banquise à bord du Polar Observer, qui dérivera trois mois au pôle Nord pour étudier, déjà, le réchauffement climatique. Après la pause d'une expédition familiale sur l'atoll de Clipperton, en 2004-2005, pour y inventorier la biodiversité, Jean-Louis Étienne retrouvera ses amours polaires en avril 2007 avec, dans le cadre d'une Année polaire internationale, la mission Total Pole Airship, qui consistait à mesurer l'épaisseur de la banquise de l'océan arctique. Une mission qui s'est achevée par l'accident du dirigeable en janvier 2008. Mais « Papy Pôle » n'est pas homme à se laisser abattre. Sa passion des pôles trouvera à s'exprimer dans une nouvelle mission, Generali Artic Observer qui a donc démarré hier.


Un ballon high tech pour des mesures scientifiques

Le ballon utilisé par Jean-Louis Étienne, un aérostat de type rozière qui peut monter jusqu'à 11 000 mètres d'altitude, a été conçu par le Britannique Don Cameron. Ce spécialiste, qui a déjà opéré pour Bertrand Piccard et Brian Jones en 1999, ainsi que pour Steve Fosset en 2002, détient le plus grand nombre de records du monde sur des vols d'endurance.

La nacelle, conçue autour d'une armature en aluminium avec des panneaux en fibre de verre et 5 cm de mousse de polyuréthane pour une meilleure isolation - les températures descendent jusqu'à -40 °C - a demandé des trésors d'ingéniosité pour son aménagement intérieur. Jean-Louis Étienne ne dispose, en effet, que de 5 m2 pour son espace de vie. Il ne peut être qu'allongé, assis ou debout, sans possibilité de marcher. La nacelle, dont l'air n'est pas pressurisé, dispose d'une réserve d'oxygène et d'un chauffage au propane pour maintenir une température intérieure de 15 °C.

La sécurité à bord, véritable impératif pour l'équipe, a imposé l'embarquement de matériels spécifiques : extincteur, couverture ignifugée, canot de sauvetage, combinaison de survie étanche et isotherme, balise de détresse Sarsat, téléphone satellite Iridium, parachute, etc.

Le ballon sera bien sûr surveillé 24 heures sur 24 par l'équipe du médecin explorateur, et notamment par Luc Trullemans, le routeur de l'expédition, et Christophe Houver, le coordinateur de vol. Deux GPS embarqués donnent en 3D la position du ballon, transmise toutes les 30 minutes au centre de suivi de vol. La gamme des instruments est complétée par un altimètre, un variomètre, un transpondeur, deux radios VHF.

Enfin, la nacelle embarque tout le matériel scientifique pour réaliser les quatre types de mesures de l'expédition : la mesure du CO2 ; celle des particules en suspension ; celle de l'ozone troposphérique ; et celle du champ magnétique.


Zoom : Zinedine Zidane était au décollage

Ambassadeur emblématique de l'assureur Generali, sponsor de l'expédition, Zinedine Zidane est devenu le parrain de l'expédition « Generali Arctic Observer. » « Je ne connaissais pas personnellement Jean-Louis Étienne, mais j'avais été frappé par sa traversée du pôle, ce sujet de l'environnement n'est pas si simple à aborder concrètement et il faut continuer à montrer des choses », assure l'ancien footballeur. « Cette expédition est intéressante et je pense qu'elle parlera aux jeunes générations… Il faut rester très humble ; j'ai bien aimé l'approche de Jean-Louis Étienne », poursuit Zizou.

« La notoriété mondiale de Zinedine et sa sincérité sont autant de chances supplémentaires de faire passer le message auprès du public. C'est un message d'espoir et de mobilisation », estime Jean-Louis Étienne. Après avoir participé aux vols d'essai en Picardie en octobre, Zinedine Zidane a fait le déplacement en Norvège pour assister au départ du ballon hier matin. « Je suis ému pour lui et très content d'être là à ses côtés », confiait hier le champion.


Comment suivre l'expédition
Jean-Louis Étienne a toujours veillé lors de ses expéditions à ce qu'elles comprennent un volet pédagogique vers les jeunes et un volet de sensibilisation du grand public. L'expédition « Generali Arctic Observer » ne fait pas exception et profite à fond de tous les outils interactifs « 2.0 » offerts par internet pour proposer un suivi en temps réel du ballon.
Sur son site (www.jeanlouisetienne.com), l'explorateur tient un journal de bord où il raconte son expédition avec des photos et des vidéos.
Generali a refondu son site Génération responsable pour détailler tous les aspects et les enjeux de l'expédition. Sur http://gao.generation-responsable.com, les internautes disposent de fiches synthétiques, de « post-it », de quizz, d'un glossaire, etc. pour apprendre et comprendre.
Deux comptes Twitter permettent de suivre en direct l'évolution du ballon : twitter.com/GeneraliGAO et twitter.com/jletienne.
Sur le réseau social vedette Facebook, la page de l'expédition (www.facebook.com/pages/Generali-Arctic-Observer) détaille chaque moment clé et dévoile des photos, des vidéos en exclusivité à partager avec ses amis sans modération. Hier à 17 heures, il y avait 9 346 fans qui envoyaient de nombreux messages de félicitations et d'encouragement à Jean-Louis Étienne.
L'actualité de l'expédition peut aussi débarquer directement sur votre ordinateur (PC ou Mac) avec des widgets à télécharger gratuitement et à installer sur votre poste. Gratuite également l'application pour l'iPhone.

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