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Téléphone, mail, notifications… : comment le cerveau réagit-il aux distractions numériques ?

  Par  Sibylle Turo , Université de Montpellier et Anne-Sophie Cases , Université de Montpellier Aujourd’hui, les écrans et les notifications dominent notre quotidien. Nous sommes tous familiers de ces distractions numériques qui nous tirent hors de nos pensées ou de notre activité. Entre le mail important d’un supérieur et l’appel de l’école qui oblige à partir du travail, remettant à plus tard la tâche en cours, les interruptions font partie intégrante de nos vies – et semblent destinées à s’imposer encore davantage avec la multiplication des objets connectés dans les futures « maisons intelligentes ». Cependant, elles ne sont pas sans conséquences sur notre capacité à mener à bien des tâches, sur notre confiance en nous, ou sur notre santé. Par exemple, les interruptions engendreraient une augmentation de 27 % du temps d’exécution de l’activité en cours. En tant que chercheuse en psychologie cognitive, j’étudie les coûts cognitifs de ces interruptions numériques : au

Toulouse, Montpellier, Bordeaux : le pari des villes intelligentes

EcoCités, villes intelligentes, quartiers high-tech. A Montpellier, Bordeaux et Toulouse, on prépare les villes de demain. Ce phénomène international a fait l'objet d'un premier colloque la semaine dernière, à Montpellier.

Comment seront les villes de demain ? Comment vivra-t-on dans les cités du futur ? Tels étaient les thèmes abordés la semaine dernière à Montpellier lors d'un premier séminaire consacré aux villes intelligentes (smart cities), organisé par l'Institut de l'audiovisuel et des télécommunications en Europe (Idate) dans le cadre de son 32e Digiworld summit.
« Peut-on identifier les principaux domaines aujourd'hui concernés : transport et mobilité, travail nomade, base de données ouvertes, e-paiement, cartographies numériques et systèmes en réalité augmentée… ? Quels sont les méthodes et les outils pour réfléchir et intégrer ces innovations dans la ville ? Comment déployer les facilités de la gestion numérique de la ville sans susciter, à tort ou à raison, une réaction de rejet par le citoyen et consommateur ? » s'interrogeait Alain Veyret, de l'Idate, qui avait invité des représentants de Barcelone et de San Francisco à faire part de leurs expériences.
À Barcelone, il s'est agi, dans le sillage des Jeux olympiques de 1992, de donner vie à un quartier portuaire de 198,26 ha en combinant des zones institutionnelles, universitaires et industrielles. « C'est l'économie du savoir », explique Jose Pique, directeur de 22@ Barcelona. Avec 200 M€ d'investissements, le nouveau quartier intègre des technologies avancées. « La fibre optique est la colonne vertébrale du quartier à laquelle tous les services (transports, eau, énergie), sont reliés », explique M. Pique.
Aux États-Unis, San Francisco expérimente l'open government, l'administration ouverte. « C'est-à-dire partager les nombreuses données publiques qui sont collectées (transports, énergie, etc.) pour les mettre à disposition des citoyens. Ces derniers sont un vivier de talents et peuvent faire des applications », explique Chris Vein, directeur des services informatiques de la ville et du comté. 200 ensembles de données ont été ainsi libérés pour donner lieu à quelque 55 applications (horaires des bus en temps réel, forum sur téléphone mobile pour les parents d'élèves, etc.).
En France, les trois métropoles du Grand Sud s'inscrivent pleinement dans ce vaste mouvement. Montpellier, Toulouse et Bordeaux fourmillent ainsi de projets pour transformer des quartiers entiers.

Bordeaux : métropole 3.0
À Bordeaux, après 15 ans de grands chantiers qui ont profondément transformé la ville, la métropole souhaite, comme Montpellier, franchir une nouvelle étape et a engagé pour cela une démarche de réflexion prospective : « Bordeaux Métropole 3.0. » Jusqu'en 2011, dans le cadre d'une démarche participative, les Bordelais sont invités à imaginer leur ville dans 20 ans. Ateliers, tables rondes et conférences vont déboucher sur une série de scenarii début 2011 et des orientations stratégiques pour la communauté urbaine de Bordeaux (CUB) à l'automne. Parallèlement, la CUB, engagée dans un Agenda 21, a lancé en juillet dernier un appel à projets « de nouvelles technologies aux services de la métropole. » Trois orientations étaient ainsi proposées aux candidats : les nouvelles technologies pour optimiser les services publics (gestion des déchets, de l'eau…) ; favoriser les échanges de services entre citoyens (entraide, mise en relation, échanges d'informations, de compétences, de biens…) ; imaginer de nouvelles formes de services (lutte contre l'exclusion, renforcement de la citoyenneté…).

Montpellier : cap sur la mer
La capitale du Languedoc-Roussillon se concentre sur l'ambitieux objectif fixé par Georges Frêche : « De Montpellier à la mer. » Ce projet fait partir des 13 EcoCités retenues par le ministère de l'Écologie dans le cadre du plan Ville durable. « La grande marche de Montpellier vers la mer est un projet engagé depuis 30 ans dont plusieurs phases ont déjà été réalisées comme le quartier Antigone de Ricardo Bofill ou Port Marianne, le tramway, etc. », explique Yves Nurit, directeur général de Montpellier Agglomération. La dernière phase va concerner l'aménagement de 2 500 ha sur quatre communes (Castelnau-le-Lez, Montpellier, Lattes et Pérols) avec des équipements structurants (tramway, gare TGV, salles culturelles, pôle gérontologique, etc.). Dans cette « ville solidaire », selon l'expression d'Yves Nurit, les nouvelles technologies seront mises à profit pour offrir aux citoyens des services innovants actualisés en temps réel (prédiction de certains événements comme les inondations, meilleure gestion de l'énergie, de l'eau, trafic routier, etc.) et aux autorités la capacité à réagir plus vite.

Toulouse : une fabrique urbaine
Alors qu'elle va inaugurer samedi sa première ligne de tramway, Toulouse s'est lancée dans une vaste entreprise de modernisation urbaine, après une phase de consultation inédite auprès de sa population. Pierre Cohen a, en effet, lancé en 2009 la Fabrique urbaine, devenue Fabrique toulousaine lors de son extension à la communauté urbaine. «Nous voulons répondre aux défis des prochaines décennies», confiait le maire en juin. La Fabrique a ainsi dégagé de grands projets : axe Garonne ; secteur Matabiau avec la création d'un éco-quartier ; Mirail-Garonne ; plaine Campus, sans compter le secteur de l'ex-usine AZF et le centre ville qui sera réaménagé par le catalan Joan Busquets. A chaque fois, le soucis environnemental est présent et les services rendus aux citoyens impliquent les nouvelles technologies à l'instar de Mobulles, les flash codes apposés sur le mobilier urbain et dont La Dépêche est partenaire ; ou de Trafic Zen, une solution d'informations sur le trafic basée sur les données créées par les mouvements des téléphones mobiles Orange, dont la convention a été signée hier avec Autoroutes du Sud de la France et France Télécom.

Photo : La future avenue de la mer à Montpellier. Derrière les éco-quartiers, des centaines de bases de données informatiques.

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