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Téléphone, mail, notifications… : comment le cerveau réagit-il aux distractions numériques ?

  Par  Sibylle Turo , Université de Montpellier et Anne-Sophie Cases , Université de Montpellier Aujourd’hui, les écrans et les notifications dominent notre quotidien. Nous sommes tous familiers de ces distractions numériques qui nous tirent hors de nos pensées ou de notre activité. Entre le mail important d’un supérieur et l’appel de l’école qui oblige à partir du travail, remettant à plus tard la tâche en cours, les interruptions font partie intégrante de nos vies – et semblent destinées à s’imposer encore davantage avec la multiplication des objets connectés dans les futures « maisons intelligentes ». Cependant, elles ne sont pas sans conséquences sur notre capacité à mener à bien des tâches, sur notre confiance en nous, ou sur notre santé. Par exemple, les interruptions engendreraient une augmentation de 27 % du temps d’exécution de l’activité en cours. En tant que chercheuse en psychologie cognitive, j’étudie les coûts cognitifs de ces interruptions numériques : au

Tous accros à la télé


D'aucuns pensaient qu'internet allait remplacer la télévision comme cette dernière avait ambitionné de le faire jadis avec la radio. Las ! Les futurologues en herbe en seront pour leurs frais car, en 2010, selon le bilan dressé ce jeudi par l'institut Médiamétrie, on n'a jamais autant regardé la télévision. 3 h 32 par personne et par jour, soit 7 minutes de plus qu'en 2009 ; un niveau d'audience jamais atteint. « Si cette performance est liée au contexte et aux événements de l'année 2010, elle reflète également une santé éclatante du média et du poste de télévision », observe Médiamétrie. Car au-delà des grands événements mobilisateurs et logiquement facteurs d'audience - coupe du monde de foot, actualité sociale et politique avec les retraites, informations météo (lire ci-dessous) - notre rapport à la télé et à ses programmes a très fortement évolué.
Après l'élargissement de l'offre avec les 18 chaînes gratuites de la télévision numérique terrestre (TNT) en 2005 dont le succès ne se dément pas, nous vivons, en effet, « un contexte de mutation technologique », explique Médiamétrie. De fait, les programmes télé ne se consomment plus seulement sur un simple poste de télévision mais aussi sur un ordinateur, un téléphone mobile, une tablette tactile comme l'iPad. Et au-delà des supports qui se diversifient, la révolution de la télé de rattrapage (catch up TV) nous a propulsés dans une autre dimension. Cette technologie qui permet de regarder de plus en plus de programmes à l'heure que l'on veut, faisant de chacun d'entre nous son propre directeur des programmes, devrait être généralisée à toutes les chaînes.
D'ores et déjà TF1, France Télévisions, M6, Canal Plus, Arte disposent de sites internet qui se posent en véritables banques d'images. La mutation technologique soulignée par Médiamétrie brouille également les pistes : si l'ordinateur se fait téléviseur, la télé se fait… ordinateur. Les nouveaux décodeurs télé livrés par les fournisseurs d'accès à internet - Free et SFR notamment - transforment ainsi le poste en un ordinateur capable d'aller sur internet.
 Mieux encore, les constructeurs de téléviseurs (Sony, Samsung, Philips, etc.) sortent de plus en plus de modèles capables de se connecter directement à internet sans rien ajouter de plus. Chaînes de télévision, opérateurs télécoms et fabricants de télé : voilà les trois acteurs engagés dans une guerre pour contrôler les contenus et la publicité. En regard de ces bouleversements, les contenus ne connaissent pas de grande révolution puisque le trio de tête des programmes les plus prisés reste le sport, la fiction et le cinéma. Mais sur ces deux derniers postes, les productions françaises sont plébiscitées. Les Français sont vraiment accros à leur télé.

Quand le téléspectateur s'invite dans l'écran


Les nouvelles façons de consommer les programmes de télévision donnent des idées aux concepteurs et producteurs pour captiver encore davantage les téléspectateurs. Ainsi, les nouveaux programmes se conçoivent comme des univers créés autour d'un personnage de fiction ou d'un thème de réflexion. Des univers qui se développent sur plusieurs médias : télévision bien sûr mais aussi réseaux sociaux sur internet, jeux, applications sur téléphone portable, etc. Ces nouveaux programmes sont appelés « transmédias » et entendent accompagner et impliquer au maximum le téléspectateur. Ce type d'expériences interactives a séduit les grandes chaînes. TF1 a ainsi lancé Clem, la première série « connectée » qui a fait un carton d'audience l'an dernier (9,4 millions de téléspectateurs). Ce téléfilm a été diffusé à la télé et simultanément sur le site internet de la chaîne. Les internautes pouvaient réagir, échanger et commenter cette fiction avec leur réseau d'amis sur Facebook pendant la diffusion. Mais aussi suivre la vie quotidienne de l'héroïne sur son blog.
Arte a exploité les mêmes ressorts multimédias fin 2010 avec sa série Addicts. « Addicts a été pensé autrement, conçu pour permettre au spectateur de s'introduire dans l'histoire comme il le souhaite, un peu comme par effraction », expliquait la chaîne franco-allemande, qui a consacré un budget de 1,18 M€ à cette expérience inédite. « Addicts est une fiction non-linéaire, son site exploite toutes les fonctionnalités du Web pour proposer une expérience numérique, une « sphère virtuelle » dans laquelle les téléspectateurs sont plongés au même titre que leurs héros.

Le trio de tête de vos programmes préférés


1. LE SPORT. Le sport reste une valeur sûre pour les chaînes de télévision et 2010 n'a pas dérogé à la règle ; notamment pour le football qui réalise les meilleures audiences dans 21 des 35 pays européens analysés par l'organisme Eurodata TV Worldwide. « Coupe du monde oblige, les matchs de l'équipe de France remportent les deux meilleures audiences de l'année. Sur TF1, le match France-Mexique (photo) a rassemblé 15,2 millions de téléspectateurs (56 % de part d'audience) et le match Uruguay-France 15 millions (57 %) », observe Médiamétrie. « Le football fait aussi recette sur les chaînes de la TNT : le match de Coupe de la Ligue Saint-Etienne-Bordeaux est la meilleure audience de l'année de France 4 et W9 compte deux matchs d'Europa League parmi ses 5 meilleures audiences de l'année », poursuit l'institut. « Sur France 2, le rugby est à l'honneur avec le match du tournoi des Six Nations France-Angleterre qui a réalisé la meilleure audience 2010 de la chaîne », détaille Médiamétrie. Le Tour de France représente, lui, 12 % de la consommation de programmes sportifs. Tout cela est de bon augure pour la coupe du monde de rugby en 2011.


2. LA FICTION. La fiction arrive en deuxième position des programmes les plus regardés, ce qui est assez logique car les séries télé américaines mais aussi françaises ont su se renouveler avec des scénarios très bien écrits. « La fiction représente plus d'un quart de la consommation télévisuelle des Français », explique Médiamétrie. Côté séries américaines, on a vu le succès de Mentalist(photo) sur TF1 dont le meilleur épisode a dépassé la barre des 10 millions de téléspectateurs. La Une profite également de Dr House. France 2 se maintient avec FBI portés disparus, Cold Case et maintenant Castle (jusqu'à 6 millions de téléspectateurs). Sur M6, NCIS a frôlé les 7 millions de téléspectateurs. La fiction française tire aussi son épingle du jeu, et fêtait récemment ses bonnes performances au festival de Luchon. Sur TF1, 9,4 millions de téléspectateurs ont suivi Clem et 8,5 millions la reprise d'Une famille formidable. Plus belle la vie sur France 3 a réuni plus de 6 millions de téléspectateurs en 2010. Sur France 2, Fais danser la poussière et Fais pas ci, fais pas ça ont rassemblé chacun plus de 5 millions de téléspectateurs.

3. LE CINEMA. Les records de fréquentation des salles obscures (La Dépêche du 25 février) se retrouvent aussi au niveau des audiences. La diffusion de films sur le petit écran, et notamment français, a suscité - et c'est nouveau - un réel engouement chez les téléspectateurs.
Après son succès historique en salles, Bienvenue chez les Ch'tis(photo) obtient la 3e meilleure audience de l'année (14,4 millions de téléspectateurs). Sur France 3, Camping remporte la meilleure audience 2010 avec 7 millions de téléspectateurs. Sur France 2 Les Choristes ont rassemblé 6,2 millions de téléspectateurs. Et sur M6, Ne le dis à personne est la 4e meilleure audience de l'année avec 5,5 millions de téléspectateurs. Cet engouement pour le cinéma se retrouve également sur les chaînes de la TNT. « Les films comptent parmi les meilleures audiences et les américains sont plus présents », explique Médiamétrie. « Sur W9, les épisodes 1 et 2 de Star Wars enregistrent les meilleures audiences de l'année, les cinq meilleures audiences de TMC sont des films et France 4 compte trois films parmi ses cinq meilleures audiences.»

La télé à la carte en plein boom



Ne plus dépendre des horaires auxquels sont diffusés les programmes, regarder ce que l'on veut, à l'heure que l'on veut et même sur le support que l'on veut : telles étaient les promesses de la télévision de rattrapage (catch up TV). Promesses tenues. Toutes les grandes chaînes ont lancé des sites internet qui permettent de revoir la plupart de leurs programmes en accès libre et gratuit pendant sept à quinze jours après leur diffusion. TF1 (http://videos.tf1.fr), France télévisions (www.pluzz.fr), M6 (www.m6replay.org), W9 (www.w9replay), Arte (http://videos.arte.tv), Canal + (http://player.canalplus.fr) proposent de retrouver journaux télévisés, émissions culturelles et de divertissements. Pour des questions de droits, les films sont en général exclus de ces offres. Si au début de la télé de rattrapage, on ne pouvait revoir les émissions que sur un ordinateur, des partenariats avec les opérateurs télécoms et les fabricants de télévision permettent de revoir des programmes directement sur sa télé. Plus récemment, TF1 et M6 ont lancé des applications pour la tablette iPad et les smartphones. Et le succès est au rendez-vous. « D'après l'étude Global TV, en 2010, plus de 11 millions d'individus ont déjà expérimenté [la catch up TV] », explique Médiamétrie, qui mesure déjà la télévision de rattrapage depuis les ordinateurs ou téléphones mobiles, et qui prépare pour 2012 une mesure d'audience de la catch up TV depuis le poste de télévision. Car les audiences croissantes de ce mode de consultation permettent aux chaînes d'ouvrir un nouveau canal pour vendre des écrans publicitaires différents ou complémentaires de ceux diffusés en direct à l'antenne.

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