Accéder au contenu principal

Sur Internet, des adolescents confrontés de plus en plus jeunes à des images pornographiques

Par  Laurence Corroy , Université de Lorraine Si les adolescentes et adolescents se retrouvent confrontés de plus en plus précocement à de la pornographie en ligne, il leur est très difficile d’aborder le sujet avec des adultes. Retour sur une enquête de terrain alors que les éditeurs de sites sont sommés d’instaurer un contrôle d’âge pour l’accès à ces contenus sensibles. Dès que l’on parle des adolescents et de leurs relations au numérique, les débats se polarisent, sans qu’il y ait nécessairement le réflexe de recueillir leur témoignage. En recherche, il est pourtant extrêmement important de leur donner la parole, ce qui permet de mieux mesurer leur capacité d’analyse et de distance vis-à-vis des messages médiatiques. Dans le cadre de l’étude Sexteens , menée en Grand Est, nous avons rencontré plus d’une soixantaine d’adolescents pour évoquer avec eux les représentations de la sexualité et de l’amour dans les séries pour ados qu’ils regardent. Ces séries on...

Antarctique, l'ultime odyssée



En ce début du XXIe siècle, l'homme a-t-il exploré tous les recoins de notre planète ? Existe-t-il encore une forêt, une montagne, une plage qui n'ait été foulée ? Si l'on excepte la découverte fortuite d'une peuplade au cœur de l'Amazonie ou celle d'une forêt vierge repérée par un satellite, l'on serait tenté de répondre que tout est connu sur Terre. Et pourtant, il existe un territoire, une zone immense qui reste méconnue : l'Antarctique. Contrairement à son contraire, l'Arctique, ce continent blanc de quelque 14,1 millions de kilomètres carrés dont 280 000 libres de glace est quasiment dans son état d'origine.

Percer les mystères du continent blanc

Balayé par des vents glaciaux – un record de température y a été enregistré le 10 août 2010 à -93, 2 °C – ce continent préservé des activités humaines par le traité sur l'Antarctique de 1959 et le protocole de Madrid en 1991, est entouré de l'océan austral que l'on connaît encore bien mal. Percer les mystères de l'Antarctique constitue, d'évidence, l'ultime odyssée de l'humanité. Une aventure qui ne pouvait pas laisser indifférent Jean-Louis Étienne. Le médecin tarnais, qui fut le premier explorateur à atteindre seul le pôle Nord en 1986, connaît bien le pôle Sud.

Du 25 juillet 1989 au 3 mars 1990, durant l'été austral, Jean-Louis Étienne et cinq compagnons traversèrent avec leurs chiens et leurs traîneaux les 6 300 kilomètres du continent antarctique, via le pôle Sud géographique. Cette expédition, baptisée Transantarctica fut suivie par une série d'expéditions scientifiques, menée à bord de la goélette Antarctica entre 1991 et 1996. C'est donc peu dire que l'Antarctique passionne Jean-Louis Étienne, comme elle passionna avant lui Jules Dumont-d'Urville, qui donna son nom à la base française de la Terre-Adélie, ou Paul-Emile Victor. Pas étonnant alors que son nouveau défi, Polar Pod, se déroule là. Et quel défi ! «C'est mon plus gros projet» confiait récemment Jean-Louis Étienne à La Dépêche. Un projet qui mêle intérêt scientifique et technique.

Le Polar Pod, en effet, est le nom d'une plateforme océanographique ultramoderne d'un nouveau genre, librement inspirée du FLIP (FLoating Instrument Platform), une plateforme dérivante de la flotte océanographique américaine, toujours en activité après 60 ans au service de la recherche. Tracté à l'horizontale jusqu'à la zone à étudier, le Polar Pod, qui mesure 100 mètres de long pour 720 tonnes, bascule alors en position verticale par remplissage des ballasts à l'eau de mer. Il peut alors dériver en étant capable d'affronter les plus grosses vagues des Cinquantièmes hurlants.

À Brest, on reconstitue les Cinquantièmes hurlants

Le concept de cette plateforme à «énergie positive» – elle dispose de quatre éoliennes – équipée pour héberger sept personnes avec six mois d'autonomie est étudié depuis 2012, notamment à l'École centrale de Nantes, et entre cette année dans sa phase de réalisation. «On a passé tous les stades aujourd'hui. On termine une maquette qui va être essayée à Brest à l'Ifremer (Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer) dans un bassin d'essai où l'on va reconstituer les Cinquantièmes hurlant. Ce sont les derniers essais qui se feront en décembre», explique Jean-Louis Étienne.

«C'est un vaisseau très technique que l'on va construire l'année prochaine. Je veux que ce soit un produit français. J'ai plusieurs possibilités», poursuit le médecin, attaché à ce que le Polar Pod soit made in France ; et attaché aussi au partage des données qui seront collectées. «Les données acquises par le Polar Pod seront envoyées aux scientifiques à terre qui les traiteront, et elles seront en open data. Il faut qu'elles soient accessibles à tout le monde», estime Jean-Louis Étienne.

L'intérêt des universités du monde entier


La mission Polar Pod va se concentrer sur trois sujets d'études. Le climat tout d'abord. «L'océan austral, qui entoure l'Antarctique est un régulateur du climat car il absorbe beaucoup de gaz carbonique, c'est un moteur de la circulation océanique mondiale. Le second sujet d'étude sera la biodiversité. On va faire un inventaire de la faune de cet océan : baleines, crevettes, etc. par acoustique. On va écouter ; chaque animal ayant sa signature.

Enfin le troisième sujet d'étude sera la validation en mer des mesures faites par les satellites. Ces derniers ont besoin de cette validation mais il y a tellement peu de bateaux dans le secteur que ça ne se fait pas.»

Ces trois grands domaines de recherches ont en tout cas suscité un énorme intérêt de la communauté scientifique mondiale. «J'ai une demande qui est surprenante. On va emmener pour la première fois des chercheurs à rester longtemps sur cet océan encore méconnu, ce qui n'a jamais été fait. J'ai des demandes bien sûr de grandes universités françaises, de l'Ifremer, de l'Agence spatiale européenne. Beaucoup d'universités américaines, australiennes et chinoises se sont aussi manifestées» se réjouit Jean-Louis Étienne qui doit se rendre en Chine bientôt. Un intérêt mondial à la mesure de ce qui sera l'une des plus grandes aventures du siècle.


«C'est mon plus grand projet»L'exploration de l'océan austral n'est bien sûr pas la première expédition de Jean-Louis Étienne – et sans doute pas la dernière – mais elle est sans conteste la plus importante. «C'est mon plus gros projet. 12 millions d'euros pour quatre ans, qui incluent la construction du Polar Pod et le fonctionnement de la mission qui devrait durer trois ans environ. Tous les deux mois il y aura des relèves des sept personnes à bord (trois marins et quatre ingénieurs ou techniciens). L'intérêt, c'est qu'on va y passer du temps à un coût abordable. Car aujourd'hui l'homme de sciences est très cher en mer. Les budgets de recherches pour les bateaux diminuent. Avec le Polar Pod, on offre à la communauté scientifique une présence en mer à un coût qui est très abordable.»



2012-2014 / Etudes techniques
Depuis 2012, conception et étude technique du Polar Pod, notamment à l'École centrale de Nantes. Recherche de partenaires et élaboration du projet scientifique.

2015 / Construction
Etape de la construction du Polar Pod. D'abord sous forme de maquette, testée à Brest avec la reproduction des conditions de l'océan austral. Puis construction du Polar Pod.

2015 / Essai en mer
Essais en mer dans le Courant des Aiguilles qui longe la côte Sud-Est de l'Afrique du Sud.

2016 / Début de l’expédition
Départ dans le Courant Circumpolaire pour une année de dérive autour du continent Antarctique.

Posts les plus consultés de ce blog

Le bipeur des années 80 plus efficace que le smartphone ?

Par André Spicer, professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School (City University of London) : Vous vous souvenez des bipeurs ? Ces appareils étaient utilisés largement avant l'arrivée massive des téléphones portables et des SMS. Si vous aviez un bipeur, vous pouviez recevoir des messages simples, mais vous ne pouviez pas répondre. Un des rares endroits où on peut encore en trouver aujourd’hui sont les hôpitaux. Le Service National de Santé au Royaume-Uni (National Health Service) en utilise plus de 130 000. Cela représente environ 10 % du nombre total de bipeurs présents dans le monde. Une récente enquête menée au sein des hôpitaux américains a révélé que malgré la disponibilité de nombreuses solutions de rechange, les bipeurs demeurent le moyen de communication le plus couramment utilisée par les médecins américains. La fin du bipeur dans les hôpitaux britanniques ? Néanmoins, les jours du bipeur dans les hôpitaux britanniques pourraient être compté...

Quelle technologie choisir pour connecter les objets ?

Par Frédéric Salles, Président et co-fondateur de Matooma   En 2021, le nombre total d'objets connectés utilisés atteindra les 25 milliards selon Gartner. Il est ainsi légitime de se demander quelles sont les technologies principales permettant de connecter les objets, et quelle pourrait être celle la plus adaptée pour sa solution. Un projet de vidéosurveillance par exemple n'aura absolument pas les mêmes besoins qu'un projet basé sur le relevé de température au milieu du désert. Ainsi pour trouver la meilleure connectivité pour son objet, de nombreuses questions peuvent se poser : mon objet fonctionne-t-il sur batterie ou est-il alimenté ? Mon objet restera-t-il statique ou sera-t-il mobile ?  Mon objet est-il susceptible d'être dans un endroit difficile d'accès ou enterré ? A quelle fréquence mes données doivent-elles remonter ? Etc. Voici les différentes solutions actuellement disponibles sur le marché. Courte distance : RFID/Bluetooth/WiFi La RFID (Ra...

La fin du VHS

La bonne vieille cassette VHS vient de fêter ses 30 ans le mois dernier. Certes, il y avait bien eu des enregistreurs audiovisuels avant septembre 1976, mais c’est en lançant le massif HR-3300 que JVC remporta la bataille des formats face au Betamax de Sony, pourtant de meilleure qualité. Ironie du sort, les deux géants de l’électronique se retrouvent encore aujourd’hui face à face pour déterminer le format qui doit succéder au DVD (lire encadré). Chassée par les DVD ou cantonnée au mieux à une petite étagère dans les vidéoclubs depuis déjà quatre ans, la cassette a vu sa mort programmée par les studios hollywoodiens qui ont décidé d’arrêter de commercialiser leurs films sur ce support fin 2006. Restait un atout à la cassette VHS: l’enregistrement des programmes télé chez soi. Las, l’apparition des lecteurs-enregistreurs de DVD et, surtout, ceux dotés d’un disque dur, ont sonné le glas de la cassette VHS, encombrante et offrant une piètre qualité à l’heure de la TNT et des écrans pl...

6 questions sur Zone-telechargement

Quel était ce site ? Zone-telechargement.com était jusqu'à lundi soir l'un des plus gros sites web français proposant de télécharger des contenus numériques illégaux. En grande majorité des films parfois très récents ; des séries télé notamment américaines qui n'étaient pas diffusées en France ; de la musique ; des logiciels et des jeux vidéo. Les séries et les films étaient disponibles en différentes qualités et ceux en langue anglaise étaient sous-titrés grâce à des communautés d'utilisateurs capables de sous-titrer des épisodes de série 24 heures après leur diffusion aux États-Unis. Le site comptabilisait, selon la gendarmerie, en moyenne 140 millions de pages vues par mois et 11 000 téléchargements par jour. La société Alexa affichait Zone-Telechargement à la 11e place des sites les plus visités de France… devant Twitter ! Zone-Telechargement proposait 18 000 films, 2 500 séries télé ; 11 000 documentaires ; 20 943 émissions télé ; plus de 150 000 MP3 mais aus...

Deepfakes, vidéos truquées, n’en croyez ni vos yeux ni vos oreilles !

Par  Divina Frau-Meigs , Auteurs historiques The Conversation France Les spécialistes en fact-checking et en éducation aux médias pensaient avoir trouvé les moyens de lutter contre les « deepfakes » , ou hypertrucages , ces manipulations de vidéos fondées sur l’intelligence artificielle, avec des outils de vérification comme Invid-Werify et le travail des compétences d’analyse d’images (littératie visuelle), avec des programmes comme Youverify.eu . Mais quelques cas récents montrent qu’une nouvelle forme de cyberattaque vient de s’ajouter à la panoplie des acteurs de la désinformation, le deepfake audio. Aux États-Unis, en janvier 2024, un robocall généré par une intelligence artificielle et prétendant être la voix de Joe Biden a touché les habitants du New Hampshire, les exhortant à ne pas voter, et ce, quelques jours avant les primaires démocrates dans cet État. Derrière l’attaque, Steve Kramer, un consultant travaillant pour un adversaire de Biden, Dean ...

D’IBM à OpenAI : 50 ans de stratégies gagnantes (et ratées) chez Microsoft

  Paul Allen et Bill Gates en 1970 à Lakeside School (Seattle). Microsoft naîtra cinq ans plus tard. Auteur inconnu/Wikimedia Par  Frédéric Fréry , ESCP Business School Insubmersible. Même la vague des Gafa n’a pas vraiment atteint Microsoft. Cinquante ans après sa création, soit une éternité dans le monde de la tech, la firme de Bill Gates et Paul Allen est toujours là et bien là. Retour sur ce qu’on appelle outre-Atlantique, une success-story avec quelques échecs. Cette semaine, Microsoft fête ses 50 ans. Cet article a été écrit sur Microsoft Word, à partir d’un ordinateur équipé de Microsoft Windows, et il sera vraisemblablement publié sur des plateformes hébergées par Microsoft Azure, notamment LinkedIn, une filiale de Microsoft qui compte plus d’un milliard d’utilisateurs. C’est dire l’influence de cette entreprise qui, en 2024, a dégagé un bénéfice net de 88 milliards de dollars po...