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Rançongiciel, une plongée dans le monde de la cybercriminalité

  Les cybercriminels agissent en bandes très organisées, et surtout très modulables. Dan Asaki, Unsplash , CC BY Par  Jean-Yves Marion , Université de Lorraine Europol vient d’ annoncer le démantèlement d’un groupe de rançongiciels en Ukraine . Dans leur forme la plus basique, ces cyberattaques bloquent les systèmes informatiques et exfiltrent les données de la victime, promettant de les restituer contre rançon. Ainsi, en août 2022, une cyberattaque attribuée au rançongiciel LockBit a paralysé le centre hospitalier sud-francilien en exfiltrant 11 Gigaoctets de données de patients et d’employés. L’hôpital a dû fonctionner en « mode dégradé » pendant plusieurs mois, avec les dossiers médicaux inaccessibles et des appareils de soin inutilisables. En juillet 2023, c’est le port de Nagoya, l’un des plus importants du Japon, qui a été obligé de s’arrêter pendant deux jours à cause d’un rançongiciel. De l’exfiltration des données à leur revente sur des marc

Bilan 2014 : les livres qui ont fait l'année numérique



Difficile de faire une sélection exhaustive parmi la très riche production d'ouvrages qui traitent désormais du numérique, de ses implications économiques, sociales, éthiques, culturelles qui bouleversent la société. Voici six ouvrages qui ont fait l'année 2014, contribuant à notre meilleure compréhension du monde qui vient.

Smart, enquête sur les internets, de Frédéric Martel (Ed. Stock).

Chercheur, spécialiste des Etats-Unis, Frédéric Martel avait fait sensation en sortant en 2010 "Mainstreal", un ouvrage qui décortiquait de façon magistrale l'industrie de l'entertainment, aux Etats-Unis notamment et montrait toute la pertinence du soft power. Soft power est d'ailleurs le nom de l'émission de Frédéric Martel sur France Culture. Avec "Smart" le chercheur essaie de comprendre ce qu'est la réalité d'internet aujourd'hui. Le "village global" est-il toujours pertinent à l'heure om ma télévision et les smartphone sont connectés en permanence à la Toile ? Comme Erick Orsenna pour ses trois précis de mondialisation, Frédéric Martel a pris son bâton de pèlerin pour parcourir le monde, de la Silicon Valley à l'Afrique du Sud, du Brésil à la bande de Gaza, d'Israël, la start-up nation à la Chine au gigantesque marché. Le constat qui en ressort bât en brèche les idées reçues : certes le réseau des réseaux est mondial, mais non internet n’est pas global car il existe autant d’usages que de territoires. Cette remise en perspective ouvre clairement de nouveaux horizons dans notre façon de penser notre société connectée.

Big, fast & open data, ouvrage collectif de Yannick Lejeune (Ed. Fyp).

Le monde hyperconnecté qui se dessine et s’amplifie sous nos yeux s’appuie sur la collecte, le stockage, le traitement d’une multitude de données, les « data ». Ces Big data, ces immenses bases de données soulèvent bien sûr de grandes questions économiques, politiques, sociales, juridiques, scientifiques. L’ouvrage collectif qui donne la parole à une vingtaine d’experts reconnus dresse le portrait de l’écosystème qui se dessine pour les années à venir. Les big data, analysées de plus en plus rapidement (fast) et de façon ouverte (open) vont avoir un impact en terme d’analyse et de prédiction dans une multitude de domaines, de la sécurité à la santé, des transports aux jeux vidéos, de l’urbanisme à la recherche scientifique. Reste une question cruciale que les auteurs soulèvent : qui va surveiller les données ?

La souveraineté numérique, de Pierre Bellanger (Ed. Stock).


Qui va surveiller les données et surtout à qui appartiennent-elles ? Telles sont les questions que pose Pierre Bellanger dans son livre. Le fondateur et président de Skyrock fut l’un des pionniers de l’internet français en lançant la plateforme de blog Skyrock, un véritable phénomène que l’on peut décrire comme le premier réseau social français. Mais depuis, Facebook, Twitter et consorts sont passés par là et les contenus français sont désormais stockés par des sociétés américaines. Pour Pierre Bellanger, cette situation pose la question de notre souveraineté numérique. Une souveraineté qui s’est effilochée avec de graves conséquences sur nos emplois, sur nos données (qui sont pillées), sur notre vie privée. « La France et l’Europe n’ont aucune maîtrise sur cette révolution », estime le grand patron. Mais il existe des alternatives pour reprendre la main avec notamment les « résogiciels » qui contrôlent en un système unifié les services, les réseaux et les terminaux. Et Bellanger de plaider pour la création d’un plan Réseau en douze priorités. Sera-t-il entendu ? En tout cas parmi les dix priorités affichées par la nouvelle Commission européenne de Jean-Claude Juncker, le numérique figure en 2e position.

Internet : qui possède notre futur ?, de Jaron Lanier (Ed. Manifeste Le Pommier).

Avec cet ouvrage, Jaron Lanier, qui reste toujours l’une des figures de la Silicon Valley, ferait-il volte-face ? En tout cas ce touche-à-tout (compositeur, chercheur en informatique, écrivain) poursuit la critique raisonnée de notre monde numérique. Après s’en être pis à la « sagesse des foules » qui fonde des projets collaboratifs comme Wikipédia  en laqualifiant de « maoïsme numérique » en 2006, Jaron Lanier dénonce les effets pervers du tout-gratuit, l’un des aspects les plus emblématique d’internet.  Reprenant à son compte l’adage « si c’est gratuit, c’est vous le produit », Jaron Lanier dénonce le « rapt » par les grandes entreprise du Net, les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple), des données des utilisateurs qui sont reconditionnées en Big data et revendues aux annonceurs à prix d’or. Pour le chercheur, cette situation ne signe pas le triomphe du capitalisme mais l’émergence d’un néo-féodalisme. Une solution pour en sortir : monétiser les données. Jaron Lanier estime, comme d’ailleurs beaucoup en Europe, que les internautes qui contribuent devraient être rétribués en retour. Ce qui éviterait la constitution des supermilliardaires du Net face à la majorité de la population.

Une puce dans la tête, de Dorian Neerdael (Ed. Fyp).

Comment interagir avec la machine ? Cette question hante les chercheurs depuis le début de l’informatique et pourrait connaître une spectaculaire accélération dans les prochaines années avec les interfaces cerveau-machines. Dans cet ouvrage, Dorian Neerdael, philosophe et éthicien diplômé de l’université libre de Bruxelles, liste les plus récentes expériences scientifiques et évoque des perspective qui feront peut-être froid dans le dos par leur audace comme celle du futurologue Ray Kurzweil qui pense que les interfaces cerveau-machine ne sont qu’une étape essentielle vers le téléchargement de l’esprit sur la machine, l’humain n’étant alors qu’un cerveau, le corps étant nié.  Un concept poussé plus loinDorian Neerdael pose les questions de plus en plus prégnantes de l’humain augmenté, du transhumanisme… et des effets d’annonces spectaculaires de certains chercheurs qui manque de recul.

Vous êtes déjà en 2025, de Jean-Dominique Séval (Ed. Multimédia)

On connaissait les Chroniques martiennes de Ray Bradburry. Voici les chroniques de nos vies numériques de Jean-Dominique Seval. Le directeur général adjoint de l’Idate (l’institut qui organise chaque année à Montpellier l’excellent Digiworld Summit) s’est amusé non pas à écrire un livre de science fiction mais un ouvrage de prospective réaliste en prolongeant la révolution numérique que nous connaissons aujourd’hui.
Des objets intelligents à l’ère du worktertainment, des droits d’auteurs digitaux au dernier des Minitel, du Replay à la guerre des mondes virtuels… C’est déjà demain !

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Le bipeur des années 80 plus efficace que le smartphone ?

Par André Spicer, professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School (City University of London) : Vous vous souvenez des bipeurs ? Ces appareils étaient utilisés largement avant l'arrivée massive des téléphones portables et des SMS. Si vous aviez un bipeur, vous pouviez recevoir des messages simples, mais vous ne pouviez pas répondre. Un des rares endroits où on peut encore en trouver aujourd’hui sont les hôpitaux. Le Service National de Santé au Royaume-Uni (National Health Service) en utilise plus de 130 000. Cela représente environ 10 % du nombre total de bipeurs présents dans le monde. Une récente enquête menée au sein des hôpitaux américains a révélé que malgré la disponibilité de nombreuses solutions de rechange, les bipeurs demeurent le moyen de communication le plus couramment utilisée par les médecins américains. La fin du bipeur dans les hôpitaux britanniques ? Néanmoins, les jours du bipeur dans les hôpitaux britanniques pourraient être compté

Midi-Pyrénées l’eldorado des start-up

Le mouvement était diffus, parfois désorganisé, en tout cas en ordre dispersé et avec une visibilité et une lisibilité insuffisantes. Nombreux sont ceux pourtant qui, depuis plusieurs années maintenant, ont pressenti le développement d’une économie numérique innovante et ambitieuse dans la région. Mais cette année 2014 pourrait bien être la bonne et consacrer Toulouse et sa région comme un eldorado pour les start-up. S’il fallait une preuve de ce décollage, deux actualités récentes viennent de l’apporter. La première est l’arrivée à la tête du conseil de surveillance de la start-up toulousaine Sigfox , spécialisée dans le secteur en plein boom de l’internet des objets, d’Anne Lauvergeon, l’ancien sherpa du Président Mitterrand. Que l’ex-patronne du géant Areva qui aurait pu prétendre à la direction de grandes entreprises bien installées, choisisse de soutenir l’entreprise prometteuse de Ludovic Le Moan , en dit long sur le changement d’état d’esprit des élites économiques du pay

La fin des cookies tiers ne répond pas au besoin de contrôle des internautes sur leurs données

Pour le moment, la plupart des solutions alternatives aux cookies privilégient l’objectif commercial aux dépens des attentes des internautes. Piqsels , CC BY-SA Par  Carlos Raúl Sánchez Sánchez , Montpellier Business School – UGEI ; Audrey Portes , Montpellier Business School – UGEI et Steffie Gallin , Montpellier Business School – UGEI Les révélations du Wall Street Journal contenues dans les « Facebook Files » , publiés en septembre dernier, ont une nouvelle fois montré que les utilisateurs s’exposaient à des risques liés à la divulgation des informations personnelles. Les réseaux sociaux ne sont pas les seuls en cause : les nombreux data breach (incidents de sécurité en termes de données confidentielles) rendus publics, illustrent régulièrement la vulnérabilité des individus face à une navigation quotidienne sur les moteurs de recherche, sites de e-commerce et autres ayant recours à des « cookies tiers » , ces fichiers de données envoyés par

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