Accéder au contenu principal

Deepfake, décryptage d’une arnaque

Par Thomas Mannierre, Directeur EMEA Sud de BeyondTrust L’IA a fait entrer les braquages dans une nouvelle dimension. Plus besoin d’une cagoule noire désormais. En améliorant les attaques d'ingénierie sociale modernes, l’IA a donné naissance à un autre type de menaces : les deepfakes. Bienvenue dans ce qui pourrait être un épisode de Black Mirror ! Le faux CFO de Hong Kong En début d’année, une entreprise à Hong Kong s’est vue escroquée de 25,6 millions de dollars par un hacker utilisant l’IA et la technologie deepfake pour usurper l’identité d’un directeur financier. Si l'on en croit les rapports d’enquête, l'attaque a simulé un environnement de vidéoconférence complet et utilisé une fausse identité d'un important directeur financier de Hong Kong et d'autres participants à la réunion. La victime ciblée du département financier s'est d'abord méfiée d'un e-mail de phishing prétendant provenir du directeur financier. Cependant, la victime a rejoint une con

Ransomware : la nouvelle menace du XXIe siècle



Par Samy Reguieg, Directeur Général Acronis France

Imaginez-vous un matin, au réveil, prêt à  passer votre journée comme à votre habitude. En attendant que le café soit prêt, vous démarrez votre PC portable pour votre rituel du matin : consultation des e-mails privés et professionnels, des sites d'actualités et de météo, vérification de votre page Facebook, et peut-être même de votre compte Instagram ou Pinterest. Mais au démarrage, au lieu de l'écran habituel, voilà qu'un visage monstrueux et grimaçant vous informe que vous êtes victime d'une menace anonyme.

Voici ce que dit le message :

« Vos fichiers ont tous été chiffrés : vos photos, vos vidéos, vos documents, etc. Mais pas d'inquiétude ! Je ne les ai pas supprimés ou du moins pas encore. Vous avez 24 heures pour me verser 150 euros en Bitcoins en échange de la clé de déchiffrement. A Chaque heure écoulée, toujours plus de fichiers seront supprimés. »

Vous tentez de redémarrer, vous débranchez et rebranchez votre machine, vous la déconnectez du Wi-Fi… en vain ! Le même écran de verrouillage affiche toujours le même message menaçant. Et vous n'avez aucun moyen de régler le problème.

Vous appelez un ami qui s'y connaît mieux que vous en informatique.  Et ensuite vous vous poser un tas de question : de quand date la dernière sauvegarde de votre PC ? Comment s'y prend-on pour payer avec des Bitcoins ? Il doit y avoir un autre moyen ! Peut-être est-ce simplement une mauvaise plaisanterie finement élaborée ? Récupérer l'intégralité des données stockées sur cette machine est –il possible ?

Vous vous sentez piégé. Vous êtes, comme beaucoup d'autres avant vous, victime d'une attaque de logiciel de demande de rançon, plus communément appelée le ransomware. Si vous ne trouvez pas le moyen de régler le montant de la rançon, généralement de quelques centaines d'euros pour les particuliers et de plusieurs milliers d'euros pour les entreprises, dans le délai imposé (l'espace de quelques jours le plus souvent), votre hacker va détruire la clé de déchiffrement et vous ne pourrez plus jamais accéder à vos fichiers.

Le ransomware est la menace informatique qui a connu l'essor le plus rapide de toute l'histoire de l'informatique. Quasiment inconnue il y a seulement quelques années, cette nouvelle forme de malware s'est développée plus vite qu'aucune autre et c'est aujourd'hui la menace la plus coûteuse à laquelle les équipes de sécurité informatique sont confrontées. En 2015, les cybercriminels adeptes des ransomwares ont extorqué plus de 50 millions de dollars à leurs victimes. D'ici fin 2016, le FBI estime que les logiciels de demande de rançon rapporteront plus d'un milliard de dollars à leurs auteurs. Les agresseurs ratissent large puisqu'ils ciblent aussi bien les particuliers que les entreprises. Les hôpitaux sont également une cible privilégiée de ce type d'attaque, comme le Hollywood Presbyterian Medical Center en Californie qui a notamment dû fermer pendant une semaine suite à une attaque de ransomwares et a dû verser 17 000 dollars en échange des clés pour déchiffrer ses disques durs et redevenir opérationnel.

Nous constatons une progression constante du nombre de victimes des logiciels de demande de rançon, des particuliers aux concessionnaires automobiles, en passant par les sociétés du BTP et autres cabinets d'avocats. Rapidement, la couverture médiatique du phénomène s'est étendue au-delà de la presse spécialisée. A en croire les fournisseurs comme les analystes IT, le fléau des ransomwares est voué à perdurer et à s'aggraver considérablement, et ce pour plusieurs raisons, notamment le fait que les cybercriminels n'ont même plus besoin d'être des programmeurs aguerris ou des pirates expérimentés : il leur suffit d'acheter des malwares prêts à l'emploi sur le Darknet.

Comment lutter contre les logiciels de demande de rançon et les empêcher de nuire ?

La probabilité d'être victime d'un ransomware est grande, tant ce type d'attaque est à la mode chez les pirates informatiques. Pour rester serein, même en cas d'attaque, il est important de mettre en place une stratégie de protection des données complète qui consiste à sauvegarder régulièrement ses données et son système. Le but étant  de toujours détenir une copie non compromise du contenu de son ordinateur. En cas de cryptage, il suffira alors de rebooter la machine et d'y installer la dernière sauvegarde en date. Cette dernière doit bien évidemment être conservée à un autre emplacement, comme un disque dur externe ou encore un service Cloud.

Il serait vain de prétendre que la monstrueuse menace du logiciel de demande de rançon caché sous votre lit n' est pas réelle. L'ignorer serait une erreur surtout si vous tenez à vos données.  Même si les logiciels  utilisés sont très performants,  les ransomwares ne sont pas une fatalité. Après tout, avec de la préparation, accessible à tous,  ils ne pourront pas nuire à vos données.

Posts les plus consultés de ce blog

Le bipeur des années 80 plus efficace que le smartphone ?

Par André Spicer, professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School (City University of London) : Vous vous souvenez des bipeurs ? Ces appareils étaient utilisés largement avant l'arrivée massive des téléphones portables et des SMS. Si vous aviez un bipeur, vous pouviez recevoir des messages simples, mais vous ne pouviez pas répondre. Un des rares endroits où on peut encore en trouver aujourd’hui sont les hôpitaux. Le Service National de Santé au Royaume-Uni (National Health Service) en utilise plus de 130 000. Cela représente environ 10 % du nombre total de bipeurs présents dans le monde. Une récente enquête menée au sein des hôpitaux américains a révélé que malgré la disponibilité de nombreuses solutions de rechange, les bipeurs demeurent le moyen de communication le plus couramment utilisée par les médecins américains. La fin du bipeur dans les hôpitaux britanniques ? Néanmoins, les jours du bipeur dans les hôpitaux britanniques pourraient être compté

Comment les machines succombent à la chaleur, des voitures aux ordinateurs

  La chaleur extrême peut affecter le fonctionnement des machines, et le fait que de nombreuses machines dégagent de la chaleur n’arrange pas les choses. Afif Ramdhasuma/Unsplash , CC BY-SA Par  Srinivas Garimella , Georgia Institute of Technology et Matthew T. Hughes , Massachusetts Institute of Technology (MIT) Les humains ne sont pas les seuls à devoir rester au frais, en cette fin d’été marquée par les records de chaleur . De nombreuses machines, allant des téléphones portables aux voitures et avions, en passant par les serveurs et ordinateurs des data center , perdent ainsi en efficacité et se dégradent plus rapidement en cas de chaleur extrême . Les machines génèrent de plus leur propre chaleur, ce qui augmente encore la température ambiante autour d’elles. Nous sommes chercheurs en ingénierie et nous étudions comment les dispositifs mécaniques, électriques et électroniques sont affectés par la chaleur, et s’il est possible de r

De quoi l’inclusion numérique est-elle le nom ?

Les professionnels de l'inclusion numérique ont pour leitmotiv la transmission de savoirs, de savoir-faire et de compétences en lien avec la culture numérique. Pexels , CC BY-NC Par  Matthieu Demory , Aix-Marseille Université (AMU) Dans le cadre du Conseil National de la Refondation , le gouvernement français a proposé au printemps 2023 une feuille de route pour l’inclusion numérique intitulée « France Numérique Ensemble » . Ce programme, structuré autour de 15 engagements se veut opérationnel jusqu’en 2027. Il conduit les acteurs de terrain de l’inclusion numérique, notamment les Hubs territoriaux pour un numérique inclusif (les structures intermédiaires ayant pour objectif la mise en relation de l’État avec les structures locales), à se rapprocher des préfectures, des conseils départementaux et régionaux, afin de mettre en place des feuilles de route territoriales. Ces documents permettront d’organiser une gouvernance locale et dé

La fin du VHS

La bonne vieille cassette VHS vient de fêter ses 30 ans le mois dernier. Certes, il y avait bien eu des enregistreurs audiovisuels avant septembre 1976, mais c’est en lançant le massif HR-3300 que JVC remporta la bataille des formats face au Betamax de Sony, pourtant de meilleure qualité. Ironie du sort, les deux géants de l’électronique se retrouvent encore aujourd’hui face à face pour déterminer le format qui doit succéder au DVD (lire encadré). Chassée par les DVD ou cantonnée au mieux à une petite étagère dans les vidéoclubs depuis déjà quatre ans, la cassette a vu sa mort programmée par les studios hollywoodiens qui ont décidé d’arrêter de commercialiser leurs films sur ce support fin 2006. Restait un atout à la cassette VHS: l’enregistrement des programmes télé chez soi. Las, l’apparition des lecteurs-enregistreurs de DVD et, surtout, ceux dotés d’un disque dur, ont sonné le glas de la cassette VHS, encombrante et offrant une piètre qualité à l’heure de la TNT et des écrans pl

Des conseils d'administration inquiets et mal préparés face à la menace cyber

Alors que les Assises de la Sécurité ouvrent leurs portes ce mercredi 11 octobre, pour trois jours de réflexion sur l’état de la cybersécurité en France, la société de cybersécurité Proofpoint f ait le point sur le niveau de préparation des organisations face à l’avancée de la menace.  Cette année encore, les résultats montrent que la menace cyber reste omniprésente en France et de plus en plus sophistiquée. Si les organisations en ont bien conscience,  augmentant leur budget et leurs compétences en interne pour y faire face, la grande majorité d’entre elles ne se sont pour autant, pas suffisamment préparées pour l’affronter réellement, estime Proofpoint. En France, 80 % des membres de conseils d’administration interrogés estiment que leur organisation court un risque de cyberattaque d’envergure, contre 78 % en 2022 – 36 % d’entre eux jugent même ce risque très probable. Et si 92 % d’entre eux pensent que leur budget lié à la cybersécurité augmentera au cours des 12 prochains mois, ces

L’Europe veut s’armer contre la cybercriminalité avec le Cyber Resilience Act

  Par  Patricia Mouy , Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et Sébastien Bardin , Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) Assez des cyberattaques  ? La loi sur la cyberrésilience, ou Cyber Resilience Act a été adoptée par les députés européens le 12 mars dernier et arrive en application dans les mois à venir, avec l’ambition de changer la donne en termes de sécurité des systèmes numériques en Europe. Alors que les systèmes numériques sont littéralement au cœur des sociétés modernes, leurs potentielles faiblesses face aux attaques informatiques deviennent des sources de risques majeurs – vol de données privées, espionnage entre états ou encore guerre économique. Citons par exemple le cas de Mirai , attaque à grande échelle en 2016, utilisant le détournement de dispositifs grand public comme des caméras connectées pour surcharger des domaines Internet d’entreprise, attaque de type DDoS (déni de service distribué)