Par Sibylle Turo , Université de Montpellier et Anne-Sophie Cases , Université de Montpellier Aujourd’hui, les écrans et les notifications dominent notre quotidien. Nous sommes tous familiers de ces distractions numériques qui nous tirent hors de nos pensées ou de notre activité. Entre le mail important d’un supérieur et l’appel de l’école qui oblige à partir du travail, remettant à plus tard la tâche en cours, les interruptions font partie intégrante de nos vies – et semblent destinées à s’imposer encore davantage avec la multiplication des objets connectés dans les futures « maisons intelligentes ». Cependant, elles ne sont pas sans conséquences sur notre capacité à mener à bien des tâches, sur notre confiance en nous, ou sur notre santé. Par exemple, les interruptions engendreraient une augmentation de 27 % du temps d’exécution de l’activité en cours. En tant que chercheuse en psychologie cognitive, j’étudie les coûts cognitifs de ces interruptions numériques : au
Alors que le Mobile World Congress de Barcelone s'est ouvert lundi 27 février, la Maif publie une étude édifiante sur l'utilisation du smartphone au volant.
Cette étude, réalisée par l'Institut Français des Sciences et Technologies, des transports, de l'aménagement et des réseaux (IFSTTAR) et la Fondation Maif (FRUP-Fondation reconnue d'utilité publique), dans le cadre du projet TSICA (Téléphone et Systèmes d'information en Conduite Automobile), vise à répertorier, comprendre et quantifier les usages du téléphone et des systèmes d'information au volant. Elle pointe la nécessité, pour réduire les manipulations du téléphone au volant d'encourager le recours aux Kits mains-libres et les dispositifs à commandes vocales qui perturbent moins l'activité de conduite. Les auteurs rappellent toutefois qu'utiliser son téléphone au volant détourne l'attention et doit être évité autant que possible.
Téléphone et sécurité
Lorsqu'ils manipulent leur téléphone en conduisant, les conducteurs se mettent en danger. L'étude a mis en évidence que 22% des conducteurs (59% des utilisateurs) se sont déjà faits peur en utilisant leur téléphone au volant et 12% (32% des utilisateurs) ont déjà fait un écart sur la voie en le faisant. C'est notamment le cas en lisant ou écrivant des SMS, en paramétrant le GPS ou en voulant ramasser le téléphone tombé au sol. Plus de la moitié (53%) des utilisateurs de SMS se sont déjà faits peur en lisant ou écrivant un message ; 73% des personnes qui lisent des SMS au volant le font avec le téléphone tenu à la main.
Téléphone en mains-libres
22% des conducteurs et plus de la moitié des utilisateurs (58%) ont recours, au moins de temps en temps, à des commandes vocales ; seulement 60% des conducteurs qui utilisent un Kit mains-libres (KML) le font de façon quasi systématique.
Les commandes vocales des smartphones sont malgré tout assez méconnues et peu utilisées pour les SMS. Seuls 21% des conducteurs qui envoient des SMS utilisent préférentiellement la commande vocale lorsqu'ils sont au volant.
Le téléphone, un vecteur de communication
- LES APPELS : Au volant, les conversations restent l'usage le plus répandu du téléphone ; 36% des conducteurs passent des appels téléphoniques. Le fait d'avoir des conversations au volant n'est pas corrélé avec les autres usages du téléphone au volant tels que les SMS et les EMAILS.
- LES SMS et EMAILS : 27% des conducteurs lisent ou écrivent des SMS au volant (70% des utilisateurs) tandis que 9% des conducteurs lisent ou écrivent des emails (23% des utilisateurs). Tous les conducteurs perçoivent qu'ils prennent un risque en écrivant des SMS, quels que soient leurs profils (âge, sexe, kilomètres parcourus, fréquence d'usage), ce qui n'est pas le cas pour les conversations téléphoniques, le risque perçu diminuant avec la fréquence de la pratique.
- PHOTOS : 8% des conducteurs (20% des utilisateurs) ont déjà pris une photo ou un selfie ; 16% des conducteurs de moins de 35 ans ont déjà fait une photo ou un selfie en conduisant.
- LES RESEAUX : 6,5% des conducteurs (17% des utilisateurs) ont déjà consulté des notifications sur les réseaux sociaux ; 16% des conducteurs de moins de 35 ans vont sur les réseaux sociaux en conduisant ; la pratique diminue avec l'âge, mais concerne encore 7% des conducteurs de 35-44 ans.
- Les usages observés témoignent davantage d'un effet générationnel que d'un effet de l'âge : les nouvelles pratiques qui apparaissent régulièrement sont propres aux jeunes, mais une fois initiées elles perdurent chez ceux qui les ont découvertes alors qu'ils étaient plus jeunes.
Un outil d'acquisition d'information et d'aide à la conduite
- INTERNET : 8,5% des conducteurs vont sur internet (22% des utilisateurs).
- GPS : 21% des conducteurs utilisent une application GPS de leur téléphone. Pour 11% des conducteurs c'est même la fonction de leur téléphone qu'ils utilisent le plus, avant les conversations. Les applications GPS sont plébiscitées parce qu'elles sont gratuites, jugées plus fiables et ont des mises à jours automatiques.
- MUSIQUE : 16% des conducteurs écoutent de la musique sur leur téléphone (41% des utilisateurs).
"Les smartphones font pénétrer dans le véhicule de nouveaux canaux de communication et de nouvelles sources d'informations qui combinent texte, image et sons et de statiques deviennent dynamiques. Ils sont dorénavant supports de fonctions - GPS, Radio - portées auparavant par des accessoires supplétifs. L'usage d'applications et la navigation sur internet induisent un mode de fonctionnement susceptible de multiplier les sollicitations - pop-ups visuels à l'écran et notifications sonores - et absorbent l'attention et le regard pendant un temps souvent bien plus long que celui qui était initialement envisagé", explique Marie-Pierre Bruyas, Chef de projet IFSTTAR.
"Au volant l'extraordinaire outil qu'est le smartphone ne doit pas être utilisé de la même façon que dans la vie courante. Il doit être couplé aux fonctionnalités émergentes des véhicules : interfaçage avec le système d'infotainment ; fonctions de reconnaissance vocale pour écouter un message écrit ou en dicter un ; usage d'un kit mains libres avec haut parleur pour téléphoner", commente pour sa part Marc Rigolot, Directeur de la Fondation Maif.