Accéder au contenu principal

L’IA au travail : un gain de confort qui pourrait vous coûter cher

Par  Kathleen Desveaud , Kedge Business School L’intelligence artificielle promet un soulagement face à l’ennui des tâches répétitives au travail, mais son usage excessif pourrait entraîner une déqualification progressive et une nouvelle forme de frustration professionnelle. Entre automatisation bénéfique et risque de « travail zombie », comment faire de l’IA un allié du développement des compétences plutôt qu’une source d’appauvrissement cognitif ? L’impact de l’intelligence artificielle (IA) sur les métiers est un sujet majeur , qui a été traité dans de nombreuses études . Si la question de la disparition des emplois retient souvent l’attention, une autre question de fond mérite d’être considérée : comment ces technologies transforment et transformeront-elles concrètement le quotidien, les compétences et la motivation des travailleurs ? L’IA, un remède contre l’ennui au travail ? L’IA est parfois présentée comme un parfait remède a...

Fake News : un défi pour les communicants plongés dans l'ère de la post vérité



Par Florian Silnicki, Expert en stratégies de communication et Fondateur de l'agence LaFrenchcom 

Ces derniers mois, les Fake News se sont imposées avec force sur les réseaux sociaux. Le président élu américain Donald Trump en a même fait une stratégie de communication politique revendiquée pour consolider son image de candidat anti-système les propulsant dans le débat public.

La Fake News existe de tout temps. Pourtant depuis 2016, elle a quantitativement explosé et s'est qualitativement améliorée en se parant des habits traditionnels de l'information, se dissimulant toujours plus habilement pour mieux tromper. Sans doute est ce la conjonction particulière de la présence toujours plus grande des Français sur les réseaux sociaux, de la défiance toujours plus importante envers les médias et d'une succession d'échéances électorales.

Mener une lutte infaillible

La Fake News est avant tout une fausse nouvelle qui peut être manifestement fausse ou volontairement trompeuse et exagérée présentée comme vraie par une source se présentant souvent comme un média libre et se revendiquant être digne de confiance.

C'est en s'attaquant sévèrement à ce tiers de confiance, à ce médiateur social indispensable que sont les médias que les Fake News abîment le lien démocratique. Le défi démocratique impose désormais la guerre de l'opinion publique et donc la bataille des Fake News contre lesquelles une lutte infaillible doit être menée.

Longtemps, ces Fake News ne visaient qu'à consolider un cercle de convaincus, un clan social, une communauté religieuse, un camp politique, derrière une cause ou un leader. D'abord, l'apanage des complotistes, de la fachosphère et de sites humoristiques qui vendent leur audience comme une régie publicitaire à travers la publication de "putes à clics", ces Fake News ont rapidement dépassé ces cercles confidentiels pour conquérir tous les cercles concentriques des internets par capillarité et fluidité du lien digital.

Mutation de la propagande

Plus qu'une rumeur, moins qu'une information, ni téléphone arabe ni chuchotement chinois, ces Fake News ne sont rien d'autre que de fausses allégations construites à des fins plus ou moins avouées et avouables. Elles sont une sorte de mutation de la propagande nouvelle formule. Elles visent aussi souvent à discréditer des marques et à salir des personnalités publiques. Quand de fausses informations, propulsées par des algorithmes, comme ceux de Facebook ou Twitter trônent au sommet des tendances des débats ou de l'actualité et sont repris par les médias ou le personnel politique traditionnels, cela nuit non seulement à la sincérité du débat démocratique mais constitue un véritable cancer de la démocratie. Il va pourtant falloir composer avec cette nouvelle donne.

 En très peu de temps, ces fausses informations peuvent aujourd'hui avoir un impact considérable sur l'opinion publique. Les Fake News alimentent les fantasmes les plus étranges et les rumeurs les plus dangereuses. L'opinion publique n'y est pas insensible ce qui oblige tant les acteurs privés que les acteurs publics à les veiller et parfois à y répondre. Nombreuses sont désormais les organisations et les personnalités à ouvrir une page dédiée à la décontraction de cette intox omniprésente.

Défiance à l'égard des média

Si ces Fake News ont pris autant de place c'est avant tout en surfant sur la défiance de la population à l'égard des journalistes et des médias traditionnels. Soupçonnés d'être un "système" qui ne "dit pas la vérité" ou qui est "trop complaisant avec les puissants", nombreux sont les Français à aller chercher une source d'informations alternative. C'est là, qu'ils tombent sur ce qui semble de l'information alternative mais qui n'est que de la fausse information.

Cherchant la réalité, ils tombent dans un tonneau des Danaïdes conspirationniste affichant la plupart du temps la bannière rassurante de la "ré-information".

Une opportunité pour les média

La Fake News, c'est le village potemkine de l'information. Ça a l'odeur du journalisme, ça a l'apparence de l'information, mais ce n'est en réalité qu'une histoire construite pour tromper son lecteur, incitée à la partager. Le journalisme est aujourd'hui un allié considérable face à cette désinformation construite. Les Fake News sont sans doute une opportunité pour les médias traditionnels qui sont conduits à se renouveler. Le fact checking était une première étape de renouvellement. L'anti Fake News en est sans doute une autre. Les géants du web ont aussi un rôle considérable puisqu'ils organisent l'information et choisissent ce qui est présenté ou non à leurs membres.

 Dans notre monde où l'information nait aussi vite qu'elle disparait, dans un environnement où les pressions médiatique et digitale sont de plus en plus fortes, les décideurs publics et privés avaient déjà perdu une grande partie du contrôle de leur image, il leur faut aujourd'hui faire face à une nouvelle menace qui constitue potentiellement une arme de destruction massive de réputation.

 Au fond, Edwy Plenel, le cofondateur de Mediapart s'était bien trompé en affirmant aussi vulgairement que caricaturalement que « Les communicants sont un poison pour la démocratie », ils peuvent en être l'un des efficaces remparts puisque leur revient tout à la fois le devoir de combattre et celui de montrer le vrai visage de ces discréditantes Fake News qui servent toujours les intérêts de quelqu'un. Aux côtés des personnalités publiques et des entreprises, les communicants élaborent des boucliers pour se protéger et combattre la montée de ces fausses nouvelles. Jamais les stratégies des communicants n'ont été aussi utiles pour vérifier les faits et combattre la désinformation ambiante. Ils ne sont pas un poison pour la démocratie, ils en sont une composante à part entière.

Posts les plus consultés de ce blog

Le bipeur des années 80 plus efficace que le smartphone ?

Par André Spicer, professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School (City University of London) : Vous vous souvenez des bipeurs ? Ces appareils étaient utilisés largement avant l'arrivée massive des téléphones portables et des SMS. Si vous aviez un bipeur, vous pouviez recevoir des messages simples, mais vous ne pouviez pas répondre. Un des rares endroits où on peut encore en trouver aujourd’hui sont les hôpitaux. Le Service National de Santé au Royaume-Uni (National Health Service) en utilise plus de 130 000. Cela représente environ 10 % du nombre total de bipeurs présents dans le monde. Une récente enquête menée au sein des hôpitaux américains a révélé que malgré la disponibilité de nombreuses solutions de rechange, les bipeurs demeurent le moyen de communication le plus couramment utilisée par les médecins américains. La fin du bipeur dans les hôpitaux britanniques ? Néanmoins, les jours du bipeur dans les hôpitaux britanniques pourraient être compté...

Quelle technologie choisir pour connecter les objets ?

Par Frédéric Salles, Président et co-fondateur de Matooma   En 2021, le nombre total d'objets connectés utilisés atteindra les 25 milliards selon Gartner. Il est ainsi légitime de se demander quelles sont les technologies principales permettant de connecter les objets, et quelle pourrait être celle la plus adaptée pour sa solution. Un projet de vidéosurveillance par exemple n'aura absolument pas les mêmes besoins qu'un projet basé sur le relevé de température au milieu du désert. Ainsi pour trouver la meilleure connectivité pour son objet, de nombreuses questions peuvent se poser : mon objet fonctionne-t-il sur batterie ou est-il alimenté ? Mon objet restera-t-il statique ou sera-t-il mobile ?  Mon objet est-il susceptible d'être dans un endroit difficile d'accès ou enterré ? A quelle fréquence mes données doivent-elles remonter ? Etc. Voici les différentes solutions actuellement disponibles sur le marché. Courte distance : RFID/Bluetooth/WiFi La RFID (Ra...

La fin du VHS

La bonne vieille cassette VHS vient de fêter ses 30 ans le mois dernier. Certes, il y avait bien eu des enregistreurs audiovisuels avant septembre 1976, mais c’est en lançant le massif HR-3300 que JVC remporta la bataille des formats face au Betamax de Sony, pourtant de meilleure qualité. Ironie du sort, les deux géants de l’électronique se retrouvent encore aujourd’hui face à face pour déterminer le format qui doit succéder au DVD (lire encadré). Chassée par les DVD ou cantonnée au mieux à une petite étagère dans les vidéoclubs depuis déjà quatre ans, la cassette a vu sa mort programmée par les studios hollywoodiens qui ont décidé d’arrêter de commercialiser leurs films sur ce support fin 2006. Restait un atout à la cassette VHS: l’enregistrement des programmes télé chez soi. Las, l’apparition des lecteurs-enregistreurs de DVD et, surtout, ceux dotés d’un disque dur, ont sonné le glas de la cassette VHS, encombrante et offrant une piètre qualité à l’heure de la TNT et des écrans pl...

6 questions sur Zone-telechargement

Quel était ce site ? Zone-telechargement.com était jusqu'à lundi soir l'un des plus gros sites web français proposant de télécharger des contenus numériques illégaux. En grande majorité des films parfois très récents ; des séries télé notamment américaines qui n'étaient pas diffusées en France ; de la musique ; des logiciels et des jeux vidéo. Les séries et les films étaient disponibles en différentes qualités et ceux en langue anglaise étaient sous-titrés grâce à des communautés d'utilisateurs capables de sous-titrer des épisodes de série 24 heures après leur diffusion aux États-Unis. Le site comptabilisait, selon la gendarmerie, en moyenne 140 millions de pages vues par mois et 11 000 téléchargements par jour. La société Alexa affichait Zone-Telechargement à la 11e place des sites les plus visités de France… devant Twitter ! Zone-Telechargement proposait 18 000 films, 2 500 séries télé ; 11 000 documentaires ; 20 943 émissions télé ; plus de 150 000 MP3 mais aus...

Deepfakes, vidéos truquées, n’en croyez ni vos yeux ni vos oreilles !

Par  Divina Frau-Meigs , Auteurs historiques The Conversation France Les spécialistes en fact-checking et en éducation aux médias pensaient avoir trouvé les moyens de lutter contre les « deepfakes » , ou hypertrucages , ces manipulations de vidéos fondées sur l’intelligence artificielle, avec des outils de vérification comme Invid-Werify et le travail des compétences d’analyse d’images (littératie visuelle), avec des programmes comme Youverify.eu . Mais quelques cas récents montrent qu’une nouvelle forme de cyberattaque vient de s’ajouter à la panoplie des acteurs de la désinformation, le deepfake audio. Aux États-Unis, en janvier 2024, un robocall généré par une intelligence artificielle et prétendant être la voix de Joe Biden a touché les habitants du New Hampshire, les exhortant à ne pas voter, et ce, quelques jours avant les primaires démocrates dans cet État. Derrière l’attaque, Steve Kramer, un consultant travaillant pour un adversaire de Biden, Dean ...

D’IBM à OpenAI : 50 ans de stratégies gagnantes (et ratées) chez Microsoft

  Paul Allen et Bill Gates en 1970 à Lakeside School (Seattle). Microsoft naîtra cinq ans plus tard. Auteur inconnu/Wikimedia Par  Frédéric Fréry , ESCP Business School Insubmersible. Même la vague des Gafa n’a pas vraiment atteint Microsoft. Cinquante ans après sa création, soit une éternité dans le monde de la tech, la firme de Bill Gates et Paul Allen est toujours là et bien là. Retour sur ce qu’on appelle outre-Atlantique, une success-story avec quelques échecs. Cette semaine, Microsoft fête ses 50 ans. Cet article a été écrit sur Microsoft Word, à partir d’un ordinateur équipé de Microsoft Windows, et il sera vraisemblablement publié sur des plateformes hébergées par Microsoft Azure, notamment LinkedIn, une filiale de Microsoft qui compte plus d’un milliard d’utilisateurs. C’est dire l’influence de cette entreprise qui, en 2024, a dégagé un bénéfice net de 88 milliards de dollars po...