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Sur Internet, des adolescents confrontés de plus en plus jeunes à des images pornographiques

Par  Laurence Corroy , Université de Lorraine Si les adolescentes et adolescents se retrouvent confrontés de plus en plus précocement à de la pornographie en ligne, il leur est très difficile d’aborder le sujet avec des adultes. Retour sur une enquête de terrain alors que les éditeurs de sites sont sommés d’instaurer un contrôle d’âge pour l’accès à ces contenus sensibles. Dès que l’on parle des adolescents et de leurs relations au numérique, les débats se polarisent, sans qu’il y ait nécessairement le réflexe de recueillir leur témoignage. En recherche, il est pourtant extrêmement important de leur donner la parole, ce qui permet de mieux mesurer leur capacité d’analyse et de distance vis-à-vis des messages médiatiques. Dans le cadre de l’étude Sexteens , menée en Grand Est, nous avons rencontré plus d’une soixantaine d’adolescents pour évoquer avec eux les représentations de la sexualité et de l’amour dans les séries pour ados qu’ils regardent. Ces séries on...

Smart Agriculture : intelligente, collaborative et durable

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Avis d’expert par Eric Dosquet, Chief Innovation Officer d'Avanade

Tout le long du XX siècle, l’agriculture s’est transformée pour nourrir une population mondiale toujours plus nombreuse. Aujourd’hui centrée sur le défi essentiel, celui de nourrir 9 milliards de terriens d’ici 2050, c’est tout le système avec son environnement, ses outils et ses pratiques, qui vit une révolution. Certes, il s’agit de produire plus, mais surtout produire mieux et avec moins. Comment ? En passant du tracteur à l’Internet des Objets, au big data, à l’intelligence artificielle et autres pratiques innovantes pour devenir un écosystème « smart » : intelligent, collaboratif et durable.

Contrairement aux idée reçues, l’agriculture est une des filières les plus ouvertes à la technologie. La Smart Agriculture est un ensemble d’outils, de concepts et de pratiques qui favorisent une croissance économique des exploitations - coopératives agricoles et leur compétitivité, le tout dans le respect des ressources environnementales et des hommes. Face à une agriculture conventionnelle controversée et centralisée, cette nouvelle agriculture accompagne la mutation de la société aussi bien dans ses valeurs de partage, de collaboration, de durabilité, que dans ses outils, numériques et connectés. Deux branches d’innovation peuvent être distinguées : des innovations physiques (robots, drones, capteurs, M2M, Internet des objets) et des innovations numériques (logiciels de gestion, plateformes collaboratives). Complémentaires et interdépendantes, ces innovations prennent en charge différents aspects du travail agricole : le travail des sols, la gestion, la mise en marché, le matériel agricole, la mutualisation des investissements, etc.

Cependant, comme dans d’autres secteurs économiques, la plus grande innovation et le principal outil de l’agriculteur moderne sera la donnée, la meilleure méthode – la collaboration peer-to-peer. Faisons un point sur ces deux grandes tendances de la filière agricole.

La fertilité des terres passera aussi par la donnée

Il ne fait plus de doute que la bonne graine qui donnera la meilleure récolte de demain est la donnée. IBM Research estime à 90% la part des pertes de récolte dues à la météo : en alliant les modèles de prédictions météo aux techniques d’agriculture de précision, ces dégâts pourraient être réduits de 25%. L’agriculteur n’a donc pas d’autre choix que de devenir également dataculteur : il sèmera, cultivera et récoltera le biologique et le numérique.

Pour répondre à la demande croissante de la filière et démocratiser l’accès à l’innovation, de nombreuses solutions sont proposées par des acteurs technologiques. Des capteurs et objets connectés (puces intelligentes, implants, etc.) s’adaptent à une infinité de tâches quelle que soit la branche : limiter l’utilisation de pesticides dans les champs, les vignes et les vergers, surveiller l’activité des troupeaux et même des abeilles. Ainsi, les balances connectées conçues par la start-up Label Abeille se placent sous les ruches. Elles envoient des informations sous forme de tableau de bord en ligne permettant d’analyser les données à distance et ainsi effectuer un contrôle non-intrusif de la ruche.

Une des innovations les plus pointues participant à l’essor de la Smart Agriculture est l’utilisation des drones comme outil de récupération de données et d’aide à la décision. Précis, peu coûteux et polyvalent, le drone permet une meilleure connaissance des champs et de leur état en temps réel. Couplé aux données de prévisions météorologiques et d’épidémies de nuisibles, le drone permet d’optimiser l’utilisation de l’eau, réduire l’apport des pesticides, préserver la qualité du sol et optimiser le rendement. C’est ce que propose, par exemple, la start-up parisienne M-Cador avec son offre centrée sur l’analyse des données et des images pour en retirer l’information essentielle qui permettra de délivrer une réponse anticipée et précise, c’est-à-dire efficace, durable et peu onéreuse. Certes, l’aperçu aérien en temps réel reste l’élément le plus impressionnant des drones, mais c’est le service complet permettant d’analyser les données et d’en tirer des enseignements critiques qui constitue la véritable valeur ajoutée de ces drones aériens ou terrestres.

Collectées et transmises ensuite dans le Cloud, les données sur la température, hygrométrie de l’air et du sol, nombre de pieds au calibre, enherbement ou l’état sanitaire alimentent des logiciels de gestion agricole. Ces outils analytiques qui feront parler les données sont bel et bien au cœur de l’innovation digitale. Support nécessaire favorisant l’aide à la décision, ils permettent aux agriculteurs de gérer leurs machines à distance, mais surtout de moduler le travail sur la base de données fiables et en temps réel. À ce titre, la solution Fieldview développée par The Climate Corporation, fournit des données agronomes et météorologiques au niveau des parcelles agricoles afin de faciliter la prise de décision. L’agriculteur remplit un certain nombre de données concernant sa parcelle : superficie des champs, type de récolte, etc. Avec un accès mobile, le logiciel est consultable partout en temps réel. Les agriculteurs ont alors à disposition des données actuelles et futures concernant les conditions de leurs exploitations. Les décisions opérationnelles peuvent donc être prises à tout moment, en fonction des changements indiqués. L’agriculteur n’est alors plus un technicien du biologique et du chimique mais un travailleur augmenté, non plus isolé dans un champ mais au centre d’un monde numérique, le sien et celui de son écosystème.

Nouvelles pratiques collaboratives pour une meilleure rentabilité

Comme tout nouveau paradigme, la Smart Agriculture s’organise en réseaux, souvent de nature digitale. En complément des nouvelles pratiques agricoles, des plateformes collaboratives commencent à émerger avec comme maîtres mots « échange » et « communauté ». C’est l’occasion pour les agriculteurs d’améliorer la performance économique de leur exploitation agricole. Ainsi, Mimosa, première plateforme de financement participatif, est exclusivement dédiée à l’agriculture et à l‘alimentation. Dans une logique de co-farming, Wefarmup.com connecte les agriculteurs selon leur proximité géographique pour faciliter l’échange et la mutualisation de matériel agricole. L’algorithme de comparateuragricole.com leur permet de vendre leur production au meilleur prix, tandis que La Ruche qui dit Oui supprime les intermédiaires et favorise la consommation locale.

Les nouvelles pratiques du numérique dans l’agriculture vont devenir courantes dans cinq ans, il faudra attendre de 15 à 20 ans pour voir leur adoption se généraliser. A quoi ressembleront les agriculteurs de demain, ces 0,1% de la population travailleront-ils encore (et toujours) la terre ? Ces hommes et ces femmes s’appelleront toujours fermiers et agriculteurs, héritiers et passeurs d’une tradition fondatrice du néolithique, même si presque tout le travail physique lié aux semailles, au contrôle antiparasitaire et à la récolte, sera effectué par des robots, monitorés par une multitude de capteurs, et ce sous le soleil brûlant et même sous la pluie. Leur travail consistera à superviser et coordonner ces nouveaux employés, mais surtout « sentir » et « communiquer » avec la terre ou anticiper quel produit suscite(ra) le plus d’envie chez ses consommateurs. L’avenir de l’agriculture n’est plus dans le « travailler dur », mais dans « travailler smart ».

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