Par Laurence Corroy , Université de Lorraine Si les adolescentes et adolescents se retrouvent confrontés de plus en plus précocement à de la pornographie en ligne, il leur est très difficile d’aborder le sujet avec des adultes. Retour sur une enquête de terrain alors que les éditeurs de sites sont sommés d’instaurer un contrôle d’âge pour l’accès à ces contenus sensibles. Dès que l’on parle des adolescents et de leurs relations au numérique, les débats se polarisent, sans qu’il y ait nécessairement le réflexe de recueillir leur témoignage. En recherche, il est pourtant extrêmement important de leur donner la parole, ce qui permet de mieux mesurer leur capacité d’analyse et de distance vis-à-vis des messages médiatiques. Dans le cadre de l’étude Sexteens , menée en Grand Est, nous avons rencontré plus d’une soixantaine d’adolescents pour évoquer avec eux les représentations de la sexualité et de l’amour dans les séries pour ados qu’ils regardent. Ces séries on...
L'année 2019 sera-t-elle pour Facebook aussi terrible que celle de 2018 au cours de laquelle la société de Mark Zuckerberg a été accusée, notamment, de ne pas suffisamment protéger les données de ses membres et de laisser se diffuser des fakenews en tout genre ? En tout cas elle commence fort pour le réseau social aux quelque 2 millards de membres qui vient de se faire sévèrement épingler par les parlementaires britanniques qui enquêtaient sur la propagation des fakenews et leur impact sur le référendum du Brexit.
4350 questions, 73 témoins, 18 mois de travaux
Dans un rapport intitulé "Désinformation et fakenews", publié lundi 18 février, les membres de la Commission parlementaire sur le numérique, la culture, les médias et le sport de la Chambre des communes (DCMS) n'y vont pas de main morte et comparent le réseau social à “un gangster numérique” qui se place “au-dessus des lois”. "Les entreprises comme Facebook ne devraient pas être autorisées à se comporter comme des gangsters numériques dans le monde en ligne, en se considérant au-dessus des lois", indique le rapport de 108 pages qui a nécessité dix-huit mois d’enquête. La commission a auditionné pas moins de 73 témoins et a posé plus de 4 350 questions !
Le rapport préconise l'instauration d'un "code de déontologie contraignant", dont le respect serait supervisé par un régulateur indépendant, pouvant déclencher des poursuites judiciaires et infliger de lourdes sanctions financières.
"Facebook ne fait pas assez pour lutter contre la désinformation et d'autres formes de contenu nuisibles, ni pour protéger la confidentialité des données et agit de manière agressive contre d'autres entreprises qui pourraient représenter une menace commerciale pour Facebook. Ces entreprises ne sont pas juste des plateformes, ne sont pas neutre et ont responsabilité limitée pour le contenu posté", a indiqué le président de la commission, Damian Collins, qui espère que "d'ici la fin de l'année, il y ait une solide proposition de législation" pour créer ce régulateur.
Le PDG de Facebook jugé méprisant
De son côté Facebook a nié les reproches fait par la commission britannique. "Nous partageons les inquiétudes de la commission sur les fake news et l’intégrité des élections et nous sommes ravis d’avoir participé à son enquête ces dix-huit derniers mois, répondant à plus de 700 questions", a affirmé Karim Palant, responsable de la politique publique de Facebook au Royaume-Uni, rappelant que la société mobilise aujourd’hui 30 000 employés pour lutter contre la propagation de fausses informations sur ses réseaux.
Des arguments peu audibles d'autant plus que l'emblématique PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, a refusé de répondre aux convocation de la commission préférant déléguer ses adjoints. Il est vrai que le jeune PDG s'était retrouvé l'an dernier en très mauvaise posture lorqu'il avait comparu devant une commission d'enquête du Congrès américain.
"En choisissant de ne pas comparaître devant le Comité et en choisissant de ne répondre personnellement à aucune de nos invitations, Mark Zuckerberg a manifesté son mépris" a souligné Damian Collins, qui estime que "la démocratie est en danger. Nous avons besoin d’un changement radical de l’équilibre des pouvoirs entre ces plateformes et le peuple".
Cerné par les scandales, Facebook résiste
Facebook n'en a en tou cas pas fini. Après les Etats-Unis et le Royaume-Uni, la société est aussi dans le viseur des autorités en Allemagne et en France et reste empêtré dans de nombreuses affaires. Il y a eu les accusations d'ingérence russe dans l'élection présidentielle américaine de 2016 via Facebook ; le scandale de l'exploitation à des fins politiques par Cambridge Analytica de données de 50 millions d'utilisateurs à leur insu ; la récente faille de sécurité ayant conduit au piratage de millions de comptes et cette semaine l'accusation de chercher à identifier et localiser les membres dont Facebook estime qu’ils peuvent présenter une menace pour le groupe... Si on ajoute la directive droit d'auteur qui va introduire des droits voisins en faveur de la presse, Facebook est clairement sur la sellette.
Et pourtant, le réseau se porte bien. Certes, il stagne dans les pays riches mais il gagne des abonnés dans les pays émergents. Facebook n'a, en effet, gagné que 2 millions d'utilisateurs actifs quotidiens en 2018 aux Etats-Unis et au Canada, et 5 millions en Europe ; mais il en a gagné 78 millions dans la zone Asie-Pacifique, et 37 millions dans le reste du monde.
Surtout Facebook table sur les autres services qu'il possède : Instagram et son milliard d'utilisateurs ; WhatsApp qui a 1,5 milliards de membres et Messenger, 1,3 milliards.