Alors qu'Europol vient de publier un rapport sur les dangers de ChatGPT et s'inquiète de son utilisation par des criminels, Kunal Anand , CTO d’ Imperva , spécialiste de la sécurité, réagit face à la situation actuelle Les chatbots posent-ils un problème de protection de la vie privée plus important que les moteurs de recherche, et pourquoi ? "Le problème des chatbots par rapport aux moteurs de recherche n'est pas seulement lié aux conditions générales ou à la manière dont ils utilisent les données, mais aussi à la manière dont nous interagissons avec eux. Par rapport à une recherche Google ou Bing, les LLM comme Bard deviennent plus utiles à mesure que nous leur donnons plus d'informations (en informatique, cela s'appelle l'apprentissage par renforcement). Et surtout avec un chatbot, il est facile de traiter les interactions comme une conversation et de laisser échapper plus d'informations que nous ne le ferions normalement en tapant simplement dans
Par Jean-Pascal Ancelin, Vice-Président Europe du Nord, MicroStrategy
Il existe de nombreuses formes d'intelligence. Le calcul du QI valorise principalement l'intelligence logico-mathématique, mais il existe également l'intelligence spatiale, l'intelligence interpersonnelle ou encore l'intelligence rythmique. Qu'en est-il du traitement visuel hyper rapide ? C'est une compétence que détiennent par exemple les chimpanzés, développée pour favoriser la survie en milieu hostile et que nous avons perdue, au profit du langage. Si la technologie nous rendait cette capacité, serait-ce une révolution dans la prise de décision contextualisée et l'analytique ? Sans aucun doute.
Peut-on encore capter l'information utile ?
Le monde change. Et accélère sans commune mesure. Chacun d'entre nous ressent la puissance de l'accélération. 44 ZB de data produites sont annoncés en 2020. 44 Zettabits, soit un peu plus de 11 milliards d'années de visionnage vidéo. Pour prendre la mesure de la vitesse de l'univers numérique, il faut se souvenir que l'Observatoire mondial de la donnée estimait la masse de données stockées en ligne à 4,4 ZB en 2014. La virgule s'est donc déplacée d'un cran en l'espace de 6 ans et c'est un autre monde que nous découvrons.
Aujourd'hui, 80 % des organisations dans le monde ont adopté une stratégie cloud first et les investissements réalisés en intelligence artificielle ont progressé de 300 % en 2017. Cette très haute technologie nous permet désormais de prendre d'excellentes décisions sur des sujets stratégiques, nourries de données précises et certifiées, en quelques jours, parfois en quelques heures seulement. Nous prenons également des dizaines de décisions opérationnelles chaque jour, en quelques minutes seulement, depuis nos applications métiers mobiles, à portée de main.
Mais saurons-nous suivre la cadence pour autant ?
L'intelligence visuelle hyper-rapide
Savons-nous par exemple prendre une décision en quelques secondes ? Nous pouvons faire des choix personnels en quelques secondes. Mais qu'en est-il des décisions business, de celles qui exigent de l'information pour être prises en toute sécurité ? L'expérience menée il y a quelques années par l'Institut de recherche sur le primate à l'Université de Kyoto a montré à quel point le chimpanzé est capable de performances intellectuelles que nous autres êtres humains sommes loin d'atteindre.
Le primatologue Tetsuro Matsuzawa a choisi de soumettre à des hominidés une suite de chiffres, placés de manière aléatoire sur un écran et affichés un (très) court instant. L'objectif pour le chimpanzé était de retenir l'emplacement de chaque chiffre et de cliquer dans l'ordre croissant sur chaque emplacement dissimulé. Il y parvient avec une aisance peu commune.
Ce que Ayumu le chimpanzé réalise est certainement exceptionnel et sa mémoire est prodigieuse. Il n'a besoin que de deux dixièmes de secondes pour mémoriser chaque emplacement, sans hésitation aucune. Ses congénères ont présenté la même aptitude.
Généralement, nous ne disposons que de quelques secondes pour nous informer. C'est le cas par exemple quand nous sommes au téléphone avec un client, quand nous réagissons à une publication, quand une question est posée en réunion. Nous savons que l'information existe, qu'elle est disponible quelque part dans le système de l'entreprise mais le temps pour la consulter nous manque et l'occasion d'y accéder est passée.
La vraie intelligence analytique
La capacité de prendre de bonnes décisions très rapidement nous vient de notre instinct de survie. C'est une forme d'intelligence que les chimpanzés ont conservée et que nous n'exploitons pas quand nous ne sommes pas en danger immédiat. C'est pourtant une qualité dont nous pourrions avoir grand besoin en cette époque d'extrême vitesse. A défaut d'en faire naturellement preuve à tout instant, il est désormais possible de l'injecter dans nos entreprises.
Il existe d'autres façons de concevoir l'intelligence en entreprise. Recevoir la réponse sans poser la question, faire en sorte que la bonne information parvienne à la bonne personne exactement quand celle-ci en a besoin, sans exiger d'elle la manipulation fastidieuse de ses outils d'analyse et de reporting, donner ce « super pouvoir » à tous les collaborateurs de l'entreprise, cela relève désormais du possible.