Avis de Constantin Pavléas, avocat spécialisé en droit des technologies, fondateur et dirigeant du cabinet Pavléas Avocats et responsable d'enseignements à l'école des Hautes Études Appliquées du Droit (HEAD). Le gouvernement français vient d’emboiter le pas à d’autres pays occidentaux (Etats-Unis, Canada, Royaume-Uni..) et organisations internationales (Commission européenne) et interdit à ses fonctionnaires l’installation et l’utilisation de certaines applications « récréatives » sur leurs téléphones professionnels, tels que TikTok, de streaming (telles que Netflix) ou de jeux (tels que Candy Crush),. Les raisons de cette interdiction invoquées par le gouvernement sont les « risques en matière de cybersécurité et de protection des données des agents publics et de l’administration. » Depuis quelques mois déjà, TikTok était sur la sellette aux Etats-Unis qui soupçonnent le réseau social chinois d’être un cheval de Troie des autorités chinoises. L’interdiction de TikTok sur
On connaît surtout les cryptomonnaies (monnaies numériques cryptées) avec le bitcoin qui a donné lieu à quelques affaires d'escroquerie, de spéculation et à beaucoup d'interrogations par rapport à son cours en plein boom. Mais il en existe bien d'autres comme ethereum, XRP, litecoin, ou la française ARK ecosystem, etc., dont les transactions sont marquées par la rapidité, la simplicité et la sécurité via la technologie de la blockchain. Jusqu'à présent, ces monnaies restaient l'apanage de spécialistes ou de geeks et n'attiraient pas trop le grand public. Cela pourrait bien changer avec Libra, le projet de cryptomonnaie que veut lancer Facebook en 2020.
Après les scandales retentissants touchant à la protection des données de ses membres ou la prolifération de fake news sur ses groupes, qui ont sévèrement écorné l'image du réseau social américain, personne ne s'attendait à voir Marck Zuckerberg se lancer dans le domaine de la finance. Et pourtant, avec ce projet titanesque, le PDG de Facebook voit loin en diversifiant ses revenus dont 98 % viennent de la publicité ciblée. Avec sa propre monnaie, Facebook prend un véritable virage stratégique et change de dimension. Surtout avec plus de 2 milliards de membres, une monnaie a du sens pour permettre et faciliter les transactions.
27 partenaires dont Xavier Niel
C'est s ans doute cette force de frappe qui a permis à Facebook de séduire d'importants partenaires. 27 groupes ont d'ores et déjà signé avec Facebook dont plusieurs poids lourds de l'économie numérique (Uber, Spotify), des fintechs, les start-up spécialisées dans la finance (Paypal), mais aussi les deux grands réseaux Visa et Mastercard. Chacun a payé un ticket d'entrée de 10 millions de dollars pour avoir un «nœud» sur les réseaux blockchain de cette future monnaie. Et parmi eux, un français, Xavier Niel, le PDG d'Iliad, la maison mère du fournisseur d'accès à internet Free.Concrètement Libra, qui sera adossée à un panier de monnaies et de valeurs jugées stables, comme des dollars et des euros, sera utilisable par les membres de Facebook, ou de ses messageries Messenger et WhatasApp. Grâce à une application sur leur smartphone, les consommateurs pourront acheter des Libra avec leur monnaie locale y compris s'ils n'ont pas de compte bancaire. Ensuite, ils pourront les utiliser pour payer sur Internet, sur des plateformes d'e-commerce comme dans l'univers Facebook. Libra pourra aussi être utilisée dans des boutiques physiques et même servir à du transfert d'argent entre membres, un service entrant en concurrence directe avec celui du célèbre Western Union.
On le voit, les ambitions de Facebook sont très importantes avec un intérêt tout particulier pour les pays en développement. Libra peut potentiellement dynamiter le secteur bancaire et l'ordre monétaire international car sa monnaie privée entrera en concurrence avec les états dont l'une des prérogatives majeures est de battre monnaie. Le projet de Facebook ne devrait ainsi pas faire taire les inquiétudes et les critiques de ceux qui, aux États-Unis, notamment chez certains démocrates, réclament un démantèlement de la société.