Accéder au contenu principal

Aux sources de l’IA : le prix Nobel de physique attribué aux pionniers des réseaux de neurones artificiels et de l’apprentissage machine

  Portraits de John Hopfield et Geoffrey Hinton, lauréats du prix Nobel de physique 2024 pour leurs découvertes et inventions qui ont permis de développer l'apprentissage machine avec des réseaux de neurones artificiels. Niklas Elmehed © Nobel Prize Outreach Par  Thierry Viéville , Inria Le prix Nobel de physique 2024 récompense des travaux précurseurs de John Hopfield et Geoffrey Hinton sur les réseaux de neurones artificiels, à la base de l’apprentissage machine. Ces travaux ont participé au développement de l’intelligence artificielle, qui chamboule aujourd’hui de nombreux secteurs d’activité. C’est à une question simple que John Hopfield et Geoffrey Hinton ont apporté une réponse qui leur vaut aujourd’hui le prix Nobel de physique : « Quelle est la description la plus simple que nous pourrions faire de nos neurones, ces composants du cerveau, siège de notre intelligence ? » Un neurone, qu’il soit artificiel ou biologique, est u

Cybercriminalité : les hôpitaux en ligne de mire pendant l'épidémie de Covid-19

hospital


Philippe Rondel
Par Philippe Rondel, cyber évangéliste  chez Check Point Software Technologies France

 Au début de la pandémie, certains groupes de cybercriminels avaient promis qu'ils n’attaqueraient pas les hôpitaux à l’aide de logiciels rançonneurs. Il s'agit notamment des groupes qui utilisent les logiciels rançonneurs Maze et DoppelPaymer. Aujourd'hui, six mois plus tard, il semble que toutes ces promesses se soient envolées, car les groupes Maze et DoppelPaymer sont tous deux soupçonnés d'être à l'origine des attaques actuelles contre des hôpitaux et des cliniques. Faire confiance à des cybercriminels n'a jamais été une option et cela devrait être maintenant clair pour tous, quel que soit le logiciel rançonneur au cœur d'une attaque. Les hôpitaux sont et resteront des cibles intéressantes, en particulier avec la récente législation allemande Krankenhauszukunftsgesetz concernant la numérisation des hôpitaux.

Les logiciels rançonneurs ne font pas partie du top 3 des menaces ciblant les hôpitaux

Les chercheurs de Check Point ont compilé pour une étude les méthodes et les cibles d'attaque les plus importantes. Par exemple, 70 % des hôpitaux allemands ont été attaqués via une vulnérabilité d'exécution de code à distance. Dans presque le même nombre de cas, des données et des informations ont été exfiltrées et publiées. Dans 58 % des cas, l'authentification qui était effectivement requise a pu être contournée. Il n'y a que peu de chiffres disponibles sur l'utilisation actuelle des logiciels rançonneurs, car la dernière enquête date d’avant la pandémie. Des extracteurs de cryptomonnaie, des botnets et des voleurs d’information ont été découverts dans les réseaux. Le cas décrit au début ainsi que d’autres exemples de l'année dernière soulignent cependant que les logiciels malveillants sont un outil que les cybercriminels utilisent volontiers contre les hôpitaux. Bien que cette forme de menace fasse sans cesse la une des journaux, d'autres menaces telles que les extracteurs de cryptomonnaie, les botnets et autres sont beaucoup plus fréquentes, comme le montrent les chiffres ci-dessus.

Selon un rapport de Slate, plus de 1 000 organismes de santé ont été attaqués par des logiciels rançonneurs aux États-Unis depuis 2016. Le coût total de ces attaques dépasse 157 millions de dollars. En 2017, des dizaines d'hôpitaux et de cabinets médicaux britanniques ont été visés par WannaCry, et en 2019, un certain nombre d'hôpitaux américains ont été contraints de refuser des patients en raison d'attaques de logiciels rançonneurs. Même dans les hôpitaux tchèques, les cas de chantage augmentent, comme l'a montré celui de l'hôpital de Benešov au début de l'année.

Les attaques par logiciel rançonneur sont de plus en plus sophistiquées et perfectionnées. Les cybercriminels menacent de révéler des informations sensibles stockées dans les systèmes chiffrés, et les logiciels rançonneurs sont souvent associés à d'autres techniques de menace, comme dans le cas de l'hôpital de Benešov, où le logiciel rançonneur ryuk est entré dans les systèmes informatiques via le botnet Emotet. De même, le botnet Phorpiex, par exemple, diffuse le logiciel rançonneur Avaddon.

Des logiciels rançonneurs sous forme de services sont également proposés de plus en plus fréquemment, de sorte que même des attaquants inexpérimentés et sans connaissances techniques peuvent mener des attaques. En cas de réussite, ils versent une partie de la rançon aux auteurs. Cette méthode constitue par exemple entre 30 et 40 % des bénéfices du logiciel rançonneur GandCrab. En 2018, GandCrab a infecté plus de 50 000 ordinateurs en seulement deux mois et a rapporté aux agresseurs jusqu'à 600 000 dollars de rançon.

Plus d’appareils à l’avenir et des exigences de protection plus élevées

L'avenir dans les hôpitaux s'oriente clairement vers l'utilisation accrue d'appareils en réseau via l'Internet des objets (IdO). Grâce aux communications intelligentes et automatisées entre différents systèmes et dispositifs, les employés, les médecins et le personnel infirmier pourront encore mieux veiller au bien-être physique des patients et surveiller les groupes à risque. En même temps, cette communication numérique génère également davantage de données, c'est-à-dire des proies potentielles pour les cybercriminels. De même, l'augmentation du nombre de dispositifs et de points de connexion individuels à Internet signifie également que les systèmes ont besoin de niveaux de protection plus étendus et plus élevés. Des concepts de sécurité complets doivent être mis en place pour ces nouvelles infrastructures afin d'empêcher les infractions de pirates. 

Conclusion : comment se protéger contre les logiciels rançonneurs et autres ?

Les hôpitaux doivent protéger les fichiers importants et utiliser des sauvegardes automatiques sur les appareils de leurs employés. Les exploitants de logiciels rançonneurs essaient souvent d'infiltrer les entreprises via des emails de phishing ou de spam, c'est pourquoi une formation de sensibilisation à la sécurité peut être utile. Si les employés soupçonnent des activités inhabituelles, ils doivent le signaler immédiatement aux équipes de sécurité, tout comme ils doivent signaler leurs propres erreurs. Un clic ou un téléchargement malheureux doivent être signalés immédiatement au département informatique et, au mieux, aux experts en sécurité informatique. Pour éviter qu'une menace potentielle ne se propage de manière incontrôlée sur le réseau, il est nécessaire de segmenter et de veiller à ce que les employés n'ont accès qu'aux données dont ils ont réellement besoin. Les hôpitaux devraient également déployer des solutions de sécurité complètes, avec des technologies préventives telles que l'extraction et l'émulation des menaces. Tous les systèmes, dispositifs et applications doivent également être constamment actualisés. Seule une combinaison de toutes ces mesures peut contribuer à réduire les risques.

Posts les plus consultés de ce blog

Le bipeur des années 80 plus efficace que le smartphone ?

Par André Spicer, professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School (City University of London) : Vous vous souvenez des bipeurs ? Ces appareils étaient utilisés largement avant l'arrivée massive des téléphones portables et des SMS. Si vous aviez un bipeur, vous pouviez recevoir des messages simples, mais vous ne pouviez pas répondre. Un des rares endroits où on peut encore en trouver aujourd’hui sont les hôpitaux. Le Service National de Santé au Royaume-Uni (National Health Service) en utilise plus de 130 000. Cela représente environ 10 % du nombre total de bipeurs présents dans le monde. Une récente enquête menée au sein des hôpitaux américains a révélé que malgré la disponibilité de nombreuses solutions de rechange, les bipeurs demeurent le moyen de communication le plus couramment utilisée par les médecins américains. La fin du bipeur dans les hôpitaux britanniques ? Néanmoins, les jours du bipeur dans les hôpitaux britanniques pourraient être compté

Quelle technologie choisir pour connecter les objets ?

Par Frédéric Salles, Président et co-fondateur de Matooma   En 2021, le nombre total d'objets connectés utilisés atteindra les 25 milliards selon Gartner. Il est ainsi légitime de se demander quelles sont les technologies principales permettant de connecter les objets, et quelle pourrait être celle la plus adaptée pour sa solution. Un projet de vidéosurveillance par exemple n'aura absolument pas les mêmes besoins qu'un projet basé sur le relevé de température au milieu du désert. Ainsi pour trouver la meilleure connectivité pour son objet, de nombreuses questions peuvent se poser : mon objet fonctionne-t-il sur batterie ou est-il alimenté ? Mon objet restera-t-il statique ou sera-t-il mobile ?  Mon objet est-il susceptible d'être dans un endroit difficile d'accès ou enterré ? A quelle fréquence mes données doivent-elles remonter ? Etc. Voici les différentes solutions actuellement disponibles sur le marché. Courte distance : RFID/Bluetooth/WiFi La RFID (Ra

Comment les machines succombent à la chaleur, des voitures aux ordinateurs

  La chaleur extrême peut affecter le fonctionnement des machines, et le fait que de nombreuses machines dégagent de la chaleur n’arrange pas les choses. Afif Ramdhasuma/Unsplash , CC BY-SA Par  Srinivas Garimella , Georgia Institute of Technology et Matthew T. Hughes , Massachusetts Institute of Technology (MIT) Les humains ne sont pas les seuls à devoir rester au frais, en cette fin d’été marquée par les records de chaleur . De nombreuses machines, allant des téléphones portables aux voitures et avions, en passant par les serveurs et ordinateurs des data center , perdent ainsi en efficacité et se dégradent plus rapidement en cas de chaleur extrême . Les machines génèrent de plus leur propre chaleur, ce qui augmente encore la température ambiante autour d’elles. Nous sommes chercheurs en ingénierie et nous étudions comment les dispositifs mécaniques, électriques et électroniques sont affectés par la chaleur, et s’il est possible de r

De quoi l’inclusion numérique est-elle le nom ?

Les professionnels de l'inclusion numérique ont pour leitmotiv la transmission de savoirs, de savoir-faire et de compétences en lien avec la culture numérique. Pexels , CC BY-NC Par  Matthieu Demory , Aix-Marseille Université (AMU) Dans le cadre du Conseil National de la Refondation , le gouvernement français a proposé au printemps 2023 une feuille de route pour l’inclusion numérique intitulée « France Numérique Ensemble » . Ce programme, structuré autour de 15 engagements se veut opérationnel jusqu’en 2027. Il conduit les acteurs de terrain de l’inclusion numérique, notamment les Hubs territoriaux pour un numérique inclusif (les structures intermédiaires ayant pour objectif la mise en relation de l’État avec les structures locales), à se rapprocher des préfectures, des conseils départementaux et régionaux, afin de mettre en place des feuilles de route territoriales. Ces documents permettront d’organiser une gouvernance locale et dé

La fin du VHS

La bonne vieille cassette VHS vient de fêter ses 30 ans le mois dernier. Certes, il y avait bien eu des enregistreurs audiovisuels avant septembre 1976, mais c’est en lançant le massif HR-3300 que JVC remporta la bataille des formats face au Betamax de Sony, pourtant de meilleure qualité. Ironie du sort, les deux géants de l’électronique se retrouvent encore aujourd’hui face à face pour déterminer le format qui doit succéder au DVD (lire encadré). Chassée par les DVD ou cantonnée au mieux à une petite étagère dans les vidéoclubs depuis déjà quatre ans, la cassette a vu sa mort programmée par les studios hollywoodiens qui ont décidé d’arrêter de commercialiser leurs films sur ce support fin 2006. Restait un atout à la cassette VHS: l’enregistrement des programmes télé chez soi. Las, l’apparition des lecteurs-enregistreurs de DVD et, surtout, ceux dotés d’un disque dur, ont sonné le glas de la cassette VHS, encombrante et offrant une piètre qualité à l’heure de la TNT et des écrans pl

Deepfakes, vidéos truquées, n’en croyez ni vos yeux ni vos oreilles !

Par  Divina Frau-Meigs , Auteurs historiques The Conversation France Les spécialistes en fact-checking et en éducation aux médias pensaient avoir trouvé les moyens de lutter contre les « deepfakes » , ou hypertrucages , ces manipulations de vidéos fondées sur l’intelligence artificielle, avec des outils de vérification comme Invid-Werify et le travail des compétences d’analyse d’images (littératie visuelle), avec des programmes comme Youverify.eu . Mais quelques cas récents montrent qu’une nouvelle forme de cyberattaque vient de s’ajouter à la panoplie des acteurs de la désinformation, le deepfake audio. Aux États-Unis, en janvier 2024, un robocall généré par une intelligence artificielle et prétendant être la voix de Joe Biden a touché les habitants du New Hampshire, les exhortant à ne pas voter, et ce, quelques jours avant les primaires démocrates dans cet État. Derrière l’attaque, Steve Kramer, un consultant travaillant pour un adversaire de Biden, Dean Phillips. En