Peut-on se passer des GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) dans notre vie quotidienne ? Peut-on utiliser d’autres alternatives, tout aussi gratuites mais plus respectueuses de nos données et de notre vie privée ? Peut-on sortir des écosystèmes qu’ils nous imposent, des bulles de filtre dans lesquelles leurs algorithmes nous maintiennent tant ils s’immiscent dans de plus en plus de domaines comme les objets connectés, les interfaces des téléviseurs ou celle des voitures et s’intéressent à des domaines sensibles comme la santé, la banque, les villes intelligentes ?
La réponse oui à cette question qui est posée depuis longtemps par les défenseurs des libertés et les militants des logiciels libres est de plus en plus difficile à formuler, mais il existe toutefois des signes qui montrent que rien n’est perdu ni figé.
La preuve en a été donnée il y a quelques jours lorsque la messagerie bien connue WahtsApp, propriété de Facebook, avait imaginé imposer à ses quelque 2 milliards d’utilisateurs de nouvelles règles de fonctionnement : soit ils acceptaient de partager leurs données avec Facebook soit leur compte serait supprimé le 8 février. Face à ce diktat, des millions d’utilisateurs ont commencé à se tourner vers d’autres messageries comme Telegram ou Signal. Une hémorragie qui a conduit Facebook à suspendre – temporairement – son projet.
Cet épisode a montré d’une part quelle pouvait être la puissance des utilisateurs mais aussi qu’il existait des alternatives aux services des GAFA.
En France, depuis maintenant plusieurs années, l’association Framasoft, qui fait un remarquable travail et promeut un internet libre et ouvert, a lancé le site "Degooglisons internet"*. Elle propose pour chaque service d’un des géants du numérique (pas seulement Google) un service équivalent mais libre, gratuit et ouvert à tous. D’autres sociétés sont aussi sur ce créneau comme la fondation Mozilla ou les moteurs de recherche DuckDuckGo ou Qwant, le français.
Bras de fer en Australie
Si chacun d’entre nous peut agir face à l’hégémonie numérique des GAFA en choisissant mieux ses outils, rien ne vaut bien sûr une action plus coercitive des Etats. Le débat sur un démantèlement des GAFA a pris de l’ampleur aux Etast-Unis. En octobre dernier, après quinze mois d’enquête et des auditions des dirigeants parfois très musclées, le Congrès américain a rendu un rapport au vitriol sur les GAFA, accusés d’atteinte à la concurrence. Le rapport a proposé des mesures allant de moyens renforcés pour les autorités antitrust jusqu’au démantèlement des GAFA, comme cela fut le cas par le passé de l’empire pétrolier de Rockefeller et du géant des télécoms AT & T. Reste à savoir si l’administration de Joe Biden est prête à entamer le bras de fer avec des sociétés qui font aussi le leadership américain…
Ce bras de fer, l’Australie est justement en train de le pratiquer avec Google. Mécontent d’un projet de loi qui veut obliger les géants du net – dont Google – à rémunérer les médias lorsque les articles de ces derniers remontent sur leurs plateformes, Google a menacé de fermer son moteur de recherche. Le gouvernement australien maintient sa position et négocie avec d’autres moteurs de recherche comme celui de Microsoft. Mais certains évoquent l’idée de créer un moteur de recherche public. Une idée qui pourrait faire des émules partout dans le monde…