Le fret maritime est-il en train de faire sa révolution ? En tout cas, les projets se multiplient pour rendre plus écologique le transport maritime, qui émet chaque année plus d’un milliard de tonnes de CO2 (3 % des émissions mondiales), soit l’équivalent d’un pays comme le Japon, sans compter les émissions de particules fines. Début janvier, la start-up toulousaine Airseas a installé son kite géant et semi-automatisé « SeaWing » sur le Ville de Bordeaux, un cargo affrété par Airbus (La Dépêche du 9 janvier).
À l’occasion du One Ocean Summit, le rendez-vous mondial pour la mer qui s’est achevé à Brest vendredi, Victorien Erussard a présenté les caractéristiques d’un nouveau navire laboratoire zéro émission Energy Observer 2 lors du forum « Des navires zéro émission », co-organisé par les ministères de la mer et de la transition écologique et le Cluster Maritime. Après avoir développé un navire-laboratoire autonome doté de la première chaîne hydrogène complète, capable de produire son propre hydrogène avec ses surplus d’énergies renouvelables, Energy Observer se lance, en effet, dans un nouveau projet : un cargo zéro émission pour 2025.
« On n’est plus sur un navire d’exploration mais sur un navire de charge industriel », a expliqué Victorien Erussard, ancien skipper reconverti dans l’entrepreneuriat vert.
120 mètres de long, 70 tonnes d'hydrogène
Ce futur cargo mesurera 120 mètres de long, 22 de large et aura une capacité de chargement de 5 000 tonnes, correspondant à 240 conteneurs ou 500 mètres linéaires de chargement de véhicules. Entièrement électrique et équipé de batteries, l’Energy Observer 2 sera doté de réservoirs d’hydrogène liquide (70 tonnes, 1 000 m3) et disposera d’une assistance vélique.
Ces spectaculaires mâts-ailes automatisés baptisés OceanWings, créés par VPLP Design et industrialisés par CNIM, sont un concept éprouvé – lors des Coupes de l’America.
En 2009, Oracle a gagné une Americas’Cup en 2009 – déjà utilisé sur le premier Energy Observer. Directement interfacé avec le système de pilotage depuis la timonerie du cargo, OceanWings permet d’économiser jusqu’à 40 % de fuel. D’un coût de 80 millions d’euros, l’Energy Observer 2, qui sera aux couleurs du drapeau français, pourra être exploité commercialement pendant une trentaine d’années sur des lignes intra-européennes.
« Il s’agira d’un bateau en rupture technologique construit en association avec les meilleurs industriels français », résume Victorien Erussard.
Le projet qui devrait aboutir en 2025 mobilise Air Liquide, Groupe CMA CGM, un leader mondial du transport maritime et de la logistique, le Cluster Maritime français et l’Institut pour la Transition Eco-énergétique du maritime (T2EM).