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Sur Internet, des adolescents confrontés de plus en plus jeunes à des images pornographiques

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Grande déconnexion d’Internet sur fond de conflit : une crainte irrationnelle

 

internet

Par Sami Slim, Directeur Général de Telehouse France

Au début du conflit en Ukraine, de nombreuses analyses ont tiré la sonnette d’alarme sur le risque d’une coupure Internet à grande échelle provoquée par un potentiel acte malveillant. Pourtant, Internet est architecturé sans aucune centralisation, ce qui lui donne une résilience intrinsèque et difficilement remise en cause. Tenter de couper ce réseau de réseaux ne fait pas sens et s’avère techniquement irréaliste.

Début mars 2022, le conflit en Ukraine, alors naissant, a éveillé la crainte d’une coupure Internet majeure, notamment parce qu’il y aurait un risque de sabotage de câbles sous-marins transatlantiques pour déconnecter les continents américain et européen. Une telle crainte ne se justifie pas compte tenu du fonctionnement même d’Internet et de ses ressorts de résilience.

La résilience intrinsèque d’Internet

Réseau de réseaux où circulent les flux d’informations, Internet repose sur un maillage mondial qui offrira toujours une voie de passage aux données, en particulier grâce au protocole Border Gateway Protocol. Ce protocole BGP automatise les calculs de route optimale pour le trafic Internet et l’aiguille selon les chemins actifs les plus proches. Entièrement automatisé, BGP n’est aux mains de personne et met à jour en 20 à 30 minutes tout au plus un nouvel itinéraire du trafic en cas de perturbation.

Autre force d’Internet : sa décentralisation. Si l’on revient à la dorsale d’Internet entre Amérique et Europe, les autoroutes sont jalonnées de plusieurs hubs de connectivité. En Europe, Paris, Marseille, Francfort, Londres, en particulier, relaient le trafic via des hubs de connexion reliés par de nombreuses routes terrestres, téléphoniques ou satellitaires. Il est irréaliste d’imaginer que les infrastructures de tous ces relais de connectivité « tombent » au même moment. Et BGP trouvera toujours une route alternative.

La preuve : en Ukraine où plusieurs grandes villes ont subi des destructions massives, Internet a tenu, et ce n’est pas le fait du seul réseau satellitaire Starlink proposé en renfort. Ce pays dispose d’une grande diversité d’opérateurs qui se partagent le marché, d’une très bonne distribution des flux d’informations notamment terrestre et mobile et de sept datacenters de connectivité sur lesquels BGP s’appuie pour aiguiller le trafic. La situation ukrainienne depuis le début du conflit démontre que la résilience d’Internet est bien plus solide qu’on ne l’imagine.

Sabotage des câbles sous-marins : aussi peu d’intérêt que de probabilité

Les liens Internet transatlantiques contribuant au bon fonctionnement de l’Internet mondial, les câbles sous-marins alimentent de nombreuses craintes d’actes de sabotage potentiels. Or, cette théorie n’a pas vraiment de fondement et ce à plusieurs titres. Tout d’abord, ces infrastructures desservent l’Internet utilisé par les populations, mais certainement pas par les armées qui ont recours à d’autres types de réseaux, notamment satellitaires. Les câbles transatlantiques n’offrent donc aucun intérêt militaire dans le cadre d’un conflit.

De plus, couper ces câbles déployés par plusieurs centaines sur des superficies gigantesques relève d’une tâche pharaonique qui nécessiterait des moyens en mer tout aussi démesurés. Sans compter qu’une telle opération est impossible à mener rapidement et discrètement et ferait immédiatement l’objet d’une réaction. Ce n’est tout simplement pas réaliste.

Si l’on imagine que seuls quelques câbles parmi les plus stratégiques sont coupés, BGP trouvera toujours une autre route pour acheminer les flux d’informations entre continents.

Même en imaginant l’improbable scénario du pire dans lequel un acteur malveillant parvient à les neutraliser tous, Internet ne tombe toujours pas, ni en Europe, ni sur le continent américain : dans un tel cas de figure, certes le trafic et interrompu entre les deux continents, mais certainement pas localement grâce à tout le maillage d’infrastructures de connectivité. Les utilisateurs auront sans doute accès à moins de contenus, moins rapidement mais les connexions et les échanges d’informations se poursuivront.

Déconnecter un pays d’Internet à titre de sanction : un autre scénario sans pertinence

Autre scénario appréhendé : celui d’un pays comme la Russie entièrement déconnecté de l’Internet mondial au titre d’une sanction telle l’exclusion du système Swift d’échange d’informations bancaires. Ce type de coupure n’offre là encore aucun intérêt, et s’avère sans commune mesure avec l’exclusion de Swift. En effet, contrairement à Swift qui est un système applicatif, Internet constitue un flux d’informations. Déconnecter un pays de l’Internet mondial revient à perturber artificiellement le protocole BGP (qui s’en sortira toujours), mais surtout, se priver de précieuses autoroutes Internet, notamment entre l’Europe et l’Asie dans le cas de figure évoqué.

Ainsi, Internet n’a décidément aucune caractéristique d’arme de guerre, mais offre toutes les garanties contre le risque d’une grande déconnexion.  

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