La télévision a été l’un des médias qui aura connu le plus de révolutions depuis sa création. L’arrivée de la couleur dans les années 70, celle de nouvelles chaînes privées ou à péage dans les années 80-90, la multiplication des chaînes avec la télévision numérique terrestre (TNT) dans les années 2000 et, désormais, l’envolée des plateformes de vidéo à la demande, gratuites ou payantes avec la généralisation des box internet, des téléviseurs connectés et de l’internet à haut débit.
En quelques décennies, on est passé du téléspectateur passif, qui recevait un programme, à un téléspectateur actif, qui se fait son propre programme entre des émissions de chaînes traditionnelles disponibles en replay, des séries ou des films proposés par des plateformes comme Netflix, Salto, Disney+ ou Apple TV + qui, à coups d’algorithmes, sont capables de faire des recommandations personnalisées en fonction des goûts de l’utilisateur – chaque membre de la famille ayant son propre profil. Mieux, ce programme individualisé et délinéarisé est accessible sur le poste de télévision, mais aussi sur son smartphone ou sa tablette, à domicile ou en vacances, en France voire depuis l’étranger.
Le coup d’accélérateur des confinements
L’engouement pour les plateformes légales n’a cessé de se conforter au fil des ans au détriment du piratage. « La conformité avec la loi (46 %), le respect des droits des auteurs (38 %) et la peur des virus (36 %) constituent les motivations des Français pour lesquelles ils adhèrent désormais massivement aux offres légales », selon le baromètre de la consommation de biens culturels dématérialisés de la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet (Hadopi), publié en septembre 2021. Les confinements et les couvre-feux imposés par l’épidémie de Covid-19 ont parachevé cette adhésion de fond, qui a basculé dès le premier confinement. En avril 2020, la Hadopi notait ainsi que parmi les offres de biens culturels, les plateformes de vidéos à la demande tiraient particulièrement leur épingle du jeu avec une utilisation de +38 % la première semaine, +37 % la deuxième et + 55 % la semaine du 4 avril.
Selon une étude de l’Association française des cinémas d’art et d’essai (AFCAE), 32 % des Français abonnés ont réalisé leurs souscriptions pendant les périodes de fermeture des salles de cinéma, qui apparaissent comme les perdantes.
Au final, « en 2021, le marché de la vidéo à la demande [a été] en croissance de 11,9 % à 1,75 milliard d’euros par rapport à 2020. L’abonnement progresse de 17,5 %. La vidéo à la demande par abonnement représente 87,6 % du marché », observait, en décembre dernier, le Baromètre de la vidéo à la demande du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), qui soulignait que le nombre d’utilisateurs quotidiens de vidéo à la demande par abonnement en décembre 2021 [était] de 8,7 millions contre 8,1 millions en décembre 2020.
Netflix loin devant
Avec un trio de tête parmi la vingtaine de plateformes généralistes : Netflix (52,1 % de taux d’abonnement par foyer), suivi d’Amazon Prime vidéo (34,7 %) et de Disney + (23,8 %).
55 % des Français sont désormais abonnés à au moins une offre payante de vidéo à la demande, 15 % à deux offres, 11 % à trois et 8 % à quatre offres ou plus, selon l’AFCAE. Car le revers de l’embarras du choix entre toutes ces plateformes est que les utilisateurs sont parfois obligés de s’abonner à plusieurs d’entre elles, pour pouvoir suivre sa série préférée ou, dans le domaine sportif, pour pouvoir suivre 100 % d’un sport. Les fans de football, par exemple, doivent ainsi jongler entre Canal +, BeINSports et Amazon. Ce qui fait gonfler la facture...
Avec le retour de l’inflation, beaucoup de foyers vont devoir faire des arbitrages dans leur budget loisirs et donc regarder attentivement le catalogue de films et de séries pour qu’il satisfasse toute la famille et plonger dans la jungle des tarifs (au mois ou à l’année). D’autant que certaines plateformes ont augmenté leur abonnement comme Amazon (+43 %)… Pas de quoi inquiéter les géants du streaming car la vidéo à la demande est devenue incontournable et indétrônable.