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Célébrer la Journée mondiale de la sauvegarde des données, un impératif à l'ère du tout numérique

Par Arnaud Marquant, directeur des opérations KB Crawl SAS À l'aube d'une nouvelle ère numérique, la Journée mondiale de la sauvegarde des données, célébrée le 31 mars, nous offre un moment de réflexion critique sur notre rapport aux données. Dans une époque marquée par une digitalisation accrue, la sauvegarde des données se positionne au cœur des débats sur la sécurité, la conformité et la continuité des activités. De bonnes pratiques de sauvegarde essentielles La sauvegarde des données commence par des gestes simples mais cruciaux d'hygiène numérique, préconisés par des institutions telles que l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) en France. Ces mesures de base incluent la réalisation de copies de sauvegarde régulières, la mise à jour des systèmes et des applications, ainsi que la sensibilisation à la cybersécurité. Le renforcement du cadre juridique autour de la gestion des données personnelles, comme le Règlement général sur la pro

Réseaux sociaux : pourquoi ceux qui veulent fuir Twitter se dirigent vers Mastodon

 

mastodon

Depuis que Twitter a été racheté pour 44 milliards de dollars par le fantasque milliardaire Elon Musk, PDG entre autres de Tesla et de Space X, des inquiétudes se font jour sur le devenir du réseau social et particulièrement sur la façon dont la modération des contenus qui y sont postés sera réalisée. Après avoir affirmé que "l'oiseau bleu" (logo de Twitter) a été libéré, expliqué qu'il était pour une liberté d'expression sans limite et qu'il libérerait de la "prison Twitter" les comptes d'utilisateurs bannis de la plateforme - au premier rang desquels celui de Donald Trump - Musk a licencié de nombreux cadres dirigeants de l'entreprise dont Vijae Gadde, responsable du service juridique, de la politique et de la confiance de Twitter - qui avait pris la décision finale de bannir l’ancien président des États-Unis - et décidé de créer un conseil de modération de contenu avec "des points de vue très divers". Le risque de voir l'explosion de contenus haineux ou complotistes est dès lors bien réel.

"Il va falloir être très prudent sur cette plateforme dans les jours qui viennent… Sur ce que vous retweetez, à quel compte vous vous abonnez et par rapport à votre propre perception de qui se passe", a expliqué Kate Starbird, chercheuse en désinformation de l’université de Washington. Et si Yoel Roth, responsable de la sûreté du réseau, a voulu rassurer en expliquant que l’équipe "Confiance et sécurité" a seulement subi 15% de départs - Musk ayant licencié la moitié des 7500 employés - l'inquiétude grandit au point que certains décident de quitter Twitter. Toute la question est de savoir quelles sont les alternatives au réseau social qui est devenu un espace majeur du débat public.

mastodon

Mastodon, alternative décentralisée mais plus complexe que Twitter

Pour l'heure, la plateforme qui se rapproche le plus de Twitter est Mastodon, qui ne permet pas la publication de Tweets mais de... pouets (toots en anglais). Ce réseau social créé en 2016 a indiqué qu'il compte désormais plus de 655 000 utilisateurs, dont plus de 230 000 l'ont rejoint la semaine dernière. "Nous présentons une vision des médias sociaux qui ne peut être achetée et détenue par aucun milliardaire. Votre capacité à communiquer en ligne ne doit pas dépendre d’une seule société commerciale !" a d'ailleurs souligné Mastodon... sur Twitter.

Mastodon a l'avantage d'être un réseau auto-hébergé, libre et décentralisé, c'est-à-dire ne dépendant pas d'une entreprise avec ses propres serveurs. Mastodon fonctionne en fait sur différents serveurs interconnectés (des instances) : lorsque l'on veut créer un compte, il faut donc choisir son serveur (par exemple mastodon.ie, mostodon.top, mastodon.social, etc.) administré par des bénévoles, des associations, voire des administrations. La liste de tous les serveurs est disponible ici. Une fois son serveur choisi, il faudra bien retenir son adresse car c'est à partir de lui que l'on se connectera sur le web ou via des applications Mastodon disponibles pour les iPhone et les smartphones Android.

Une modération très différente 

Ensuite il suffit de créer son compte comme sur Twitter avec son nom ou pseudonyme (le compte se présentera sous la forme @votrenom@instance). On peut ajouter sa photo de profil, indiquer ses centres d'intérêt, etc. Comme sur Twitter, on peut alors explorer les publications, échanger des messages directs avec d'autres utilisateurs, mettre des "Pouets" en favoris, créer des listes, etc. Différence notable avec Twitter : là où les tweets sont limités à 280 caractères, les pouets vont jusqu'à 500. Réseau social sans publicité ni algorithme, les publications s'affichent dans l'ordre chronologique.

Quant à la modération des contenus, elle dépend en fait de l'instance sur laquelle on se connecte. Là où Twitter a une modération générale quoique obscure, sur Mastodon, chaque instance fait sa modération selon des règles plus ou moins strictes. Une instance A peut décider d'interdire le partage de publication à un ou plusieurs membres de l'instance B. À cet effet, des listes noires peuvent exister.

Le choix de départ de l'instance est donc important. En cas de problème, on peut transférer son compte vers une autre instance : la procédure est complexe mais réalisable.

La confidentialité et la sécurité en question

Parmi les lacunes de Mastodon on peut souligner que les échanges ne sont pas chiffrés de bout en bout. Il faut donc être prudent sur ce que l'on échange, d'autant que les administrateurs des instances peuvent avoir accès aux messages privés.

"Les nouvelles plates-formes s'accompagnent inévitablement de nouveaux risques et toute personne migrant vers celles-ci doit idéalement faire preuve de prudence et de diligence raisonnable avant de divulguer ou de diffuser des informations", rappelle Benoît Grunemwald, Expert Cyber Sécurité chez ESET France. "Les acteurs de la menace savent très bien tirer parti des nouveaux utilisateurs, soit en se faisant passer pour des responsables de la plate-forme afin d'obtenir des informations d'identification, soit en se faisant passer pour des contacts afin d'obtenir d'autres données. À une époque où les utilisateurs certifiés sont potentiellement plus difficiles à repérer, les fausses informations peuvent davantage se propager, ce qui peut causer de gros problèmes. Il est donc vital d'adopter le réflexe de vérifier toute information sur les utilisateurs", poursuit l'expert.

En attendant le futur réseau social BlueSky

Si Mastodon a le vent en poupe, rien ne dit toutefois qu'il va décoller. Sa philosophie, son fonctionnement peuvent être déroutants. Dès lors, certains misent beaucoup sur BlueSky, une future plateforme concurrente de Twitter dont le développement est actuellement piloté par Jack Dorsey, l'ancien fondateur et PDG de Twitter.

Le 5 novembre, celui-ci a fait son mea culpa sur la situation que vit Twitter. "Les gens d'hier et d'aujourd'hui sur Twitter sont forts et résilients. Ils trouveront toujours un moyen, peu importe la difficulté du moment. Je me rends compte que beaucoup sont en colère contre moi. Je suis responsable de la raison pour laquelle tout le monde se trouve dans cette situation : j'ai augmenté la taille de l'entreprise trop rapidement. Je m'excuse pour cela. Je suis reconnaissant et j'aime tous ceux qui ont déjà travaillé sur Twitter. Je ne m'attends pas à ce que ce soit réciproque en ce moment... ou jamais... et je comprends.

Sur la page de BlueSky, les développeurs expliquent "Nous construisons le protocole AT, une nouvelle base pour les réseaux sociaux qui donne aux créateurs une indépendance vis-à-vis des plateformes, aux développeurs la liberté de construire et aux utilisateurs un choix dans leur expérience."

La future plateforme suscite en tout cas de la curiosité puisqu'en quelques jours près de 30000 personnes se sont inscrites sur la liste d'attente pour pouvoir la tester.

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