En janvier dernier, la Fondation Reboot et la Fondation Jean-Jaurès avaient commandé à l’Ifop une enquête auprès des jeunes visant à mesurer leur porosité aux contre-vérités scientifiques, notamment en regard de leur usage des réseaux sociaux, qui sont l’une – sinon la seule – porte d’entrée de beaucoup de jeunes pour s’informer. Alors que la crise sanitaire a été un terreau propice à l’essor des théories complotistes dans un contexte de défiance généralisée envers les autorités, l’enquête montrait combien les adeptes des thèses conspirationnistes et plus généralement des croyances irrationnelles étaient particulièrement nombreux chez les jeunes.
On mesure dès lors toute l’importance de l’éducation aux médias dès l’école. « Comprendre le système des médias, former le jugement critique des élèves, développer leur goût pour l’actualité et forger leur identité de citoyen » sont des notions essentielles que la Semaine de la presse et des médias dans l’école contribue à construire. De ce lundi 27 mars au 1er avril prochain, le Centre pour l’éducation aux médias et à l’information (Clemi) organise cette semaine dans les écoles, collèges et lycées autour du thème « L’info sur tous les fronts », qui permet d’aborder le journalisme de guerre, particulièrement à l’honneur depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.
Des pistes pour affronter la désinformation
« Il s’agit aussi de proposer des pistes pour affronter la désinformation et pour mesurer la bataille à laquelle se livrent les plateformes pour capter notre attention. Ce thème est également l’occasion d’aborder les difficultés que peuvent rencontrer les journalistes dans un contexte de concentration des médias d’information », précise le ministère de l’Éducation nationale.
Face à l’infobésité, aux fake news, à l’info-divertissement qui ne cherche que le buzz au détriment de la réflexion et parfois de la réalité des faits, et, depuis ces dernières semaines, face aux intelligences artificielles génératives comme ChatGPT qui peuvent brouiller la frontière entre fait et fiction, les annonces de Pap Ndiaye sont les bienvenues.
Que l’éducation aux médias devienne une Grande Cause nationale serait également un signal fort qu’Elisabeth Borne pourrait envoyer. Car s’il n’y a pas de démocratie sans presse libre – « Un journal, c’est la conscience d’une nation » disait Albert Camus – il n’en existe pas non plus sans citoyens éclairés et critiques et donc sans des élèves formés à bien s’informer.
Participation en hausse
Avec 21 297 établissements scolaires inscrits à l’édition 2022 de la Semaine de la presse et des médias dans l’École (SPME), la participation était en hausse pour la 8e année consécutive l’année dernière. Les écoles primaires se sont très fortement mobilisées, avec 8 550 inscriptions, ce qui constitue un taux de participation record dans l’histoire de la Semaine de la presse et des médias dans l’École et ouvre des perspectives positives pour le renforcement de l’Éducation aux médias et à l’information dans le premier degré. « La Semaine de la presse et des médias dans l’École témoigne de l’intensité de la mobilisation de l’ensemble des acteurs : professeurs des écoles, professeurs documentalistes, enseignants de toutes les disciplines et de tous les degrés. Cette action éducative phare n’existerait pas sans eux », estime le Centre pour l’éducation aux médias et à l’information (Clemi).