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L’IA au travail : un gain de confort qui pourrait vous coûter cher

Par  Kathleen Desveaud , Kedge Business School L’intelligence artificielle promet un soulagement face à l’ennui des tâches répétitives au travail, mais son usage excessif pourrait entraîner une déqualification progressive et une nouvelle forme de frustration professionnelle. Entre automatisation bénéfique et risque de « travail zombie », comment faire de l’IA un allié du développement des compétences plutôt qu’une source d’appauvrissement cognitif ? L’impact de l’intelligence artificielle (IA) sur les métiers est un sujet majeur , qui a été traité dans de nombreuses études . Si la question de la disparition des emplois retient souvent l’attention, une autre question de fond mérite d’être considérée : comment ces technologies transforment et transformeront-elles concrètement le quotidien, les compétences et la motivation des travailleurs ? L’IA, un remède contre l’ennui au travail ? L’IA est parfois présentée comme un parfait remède a...

Science, exploration, satellites, industrie, défense : que pèse la France spatiale ?

satellite

Ce mardi, la Nasa américaine a annoncé que la mission spatiale Artémis 2, qui doit emmener un équipage d’astronautes vers la Lune pour la première fois depuis 1972, est prévue pour novembre 2024. La Chine, qui souhaite s’installer durablement sur la Lune elle aussi, a annoncé qu’elle allait envoyer trois taïkonautes autour de notre astre en 2029 pour le 80e anniversaire de la fondation de la République populaire. Le 2 mars, un équipage, baptisé Crew-6 et formé de deux Américains, un Russe et un Émirati, a pu décoller vers la station spatiale internationale (ISS) à bord d’une capsule Dragon Endeavour de SpaceX, la société d’Elon Musk.

L’actualité spatiale, d’évidence, est dominée par des annonces qui laisseraient presque penser que l’Europe perd de la vitesse. Dans ce new space, ce nouvel espace redoutablement concurrentiel dans lequel se déploient de plus en plus d’acteurs privés et les ambitions de nouveaux États, quel est le poids de l’Europe, et celui de la France ? Que l’on se rassure, il est encore loin d’être insignifiant et notre pays reste un acteur majeur de l’espace dans les domaines scientifiques, industriels et militaires.

AsterX, exercice militaire de simulation unique en Europe

Dans le domaine de la Défense, la France est ainsi en train de conduire AsterX, un exercice unique en Europe. L’édition 2023 actuellement en cours a pour objectif d’entraîner des unités du Commandement de l’Espace (CDE), installé à Toulouse, dans un environnement simulé réaliste et complexe, afin de faire face à l’émergence de menaces plus nombreuses et variées. « Quelque 5 000 objets spatiaux seront simulés, dont 20 capteurs dédiés à l’appui spatial aux opérations pour faire face à 10 types de menaces différentes », précise le ministère des Armées pour cet exercice que La Dépêche a pu suivre (lire ci-dessous).

Côté scientifique, la France est également un acteur et un partenaire important avec le Centre national d’études spatiales (CNES) en première ligne. C’est ainsi l’Institut de Recherche en Astrophysique et Planétologie (IRAP), basé à Toulouse, qui a donné ses yeux à Curiosity en dotant le rover martien d’une caméra sophistiquée. C’est lui aussi qui a appareillé le rover Perseverance. Et que dire de l’emblématique observatoire du Pic du Midi, ou encore du programme de satellites d’observations de la Terre Spot, lancé au Cnes en 1986, puis du programme Pléiade ?

La dimension industrielle du spatial français sous-tend toutes ces réalisations. En 2020, en France, selon une note de l’Insee publiée en septembre dernier, la filière spatiale regroupe 1 704 sociétés qui emploient 33 200 salariés dédiés à l’activité spatiale. Parmi eux, 60 % travaillent dans des grandes entreprises d’envergure internationale, comme des opérateurs de systèmes de lancement (Arianespace), ou des constructeurs de satellites (Thales Alenia Space, Airbus Defence and Space). 26 % des salariés dédiés à la filière sont employés par des entreprises de taille intermédiaire et 14 % par des petites et moyennes entreprises.

carte


« Une soixantaine de sociétés exclusivement actives dans le spatial, dites pure-players, concentrent à elles seules près des trois quarts du chiffre d’affaires et la moitié des effectifs dédiés de la filière. Les autres sociétés ont des activités plus diversifiées, en particulier dans l’aéronautique », explique l’Insee, qui note que « l’Occitanie regroupe plus du tiers des effectifs de la filière ».

Notre région « est la première région employeuse du spatial, avec 38 % des effectifs dédiés à cette filière (12 600 salariés). Toulouse accueille des acteurs essentiels : le Cnes et l’Onera, partenaires des industriels, et également les deux principaux producteurs de satellites, TAS et ADS. Les établissements situés en Occitanie sont fortement spécialisés dans le spatial : 35 % des effectifs des établissements qui emploient au moins un salarié dédié au spatial sont consacrés à cette activité. »

Recherche & Développement

Une activité qui a résisté à l’impact de la crise sanitaire du Covid-19, qui a été trois fois moins prononcé que dans la filière aéronautique (-10 % de chiffre d’affaires et -3 % d’effectifs par rapport à 2019).

Toulouse reste bel et bien la capitale du spatial français et européen. Car c’est bien au sein du cadre européen que notre savoir-faire peut le plus se déployer et permettre de préparer l’avenir avec un leitmotiv : l’innovation. « En 2020, 30 % des sociétés ont réalisé des travaux de recherche et développement (R & D) pour leur activité aérospatiale. Ce taux atteint 67 % chez les pure-players. Les sociétés réalisent quasi exclusivement ces travaux de R & D en interne (95 %) », observe l’Insee, qui note que pour ces activités de recherche, les sociétés de la filière peuvent compter sur tout un écosystème de laboratoires scientifiques et d’institutions académiques.

Un pack, pour filer la métaphore rugbystique, qui doit être en mesure de relever les défis du spatial de demain.

(Article publié dans La Dépêche du Midi du 11 mars 2023)

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