Accéder au contenu principal

Sur Internet, des adolescents confrontés de plus en plus jeunes à des images pornographiques

Par  Laurence Corroy , Université de Lorraine Si les adolescentes et adolescents se retrouvent confrontés de plus en plus précocement à de la pornographie en ligne, il leur est très difficile d’aborder le sujet avec des adultes. Retour sur une enquête de terrain alors que les éditeurs de sites sont sommés d’instaurer un contrôle d’âge pour l’accès à ces contenus sensibles. Dès que l’on parle des adolescents et de leurs relations au numérique, les débats se polarisent, sans qu’il y ait nécessairement le réflexe de recueillir leur témoignage. En recherche, il est pourtant extrêmement important de leur donner la parole, ce qui permet de mieux mesurer leur capacité d’analyse et de distance vis-à-vis des messages médiatiques. Dans le cadre de l’étude Sexteens , menée en Grand Est, nous avons rencontré plus d’une soixantaine d’adolescents pour évoquer avec eux les représentations de la sexualité et de l’amour dans les séries pour ados qu’ils regardent. Ces séries on...

Analyser les données en temps réel : l'exemple de Gemini, le nouveau système d'IA de Google

 

Rafapress / Shutterstock
Par Lars Erik Holmquist, Nottingham Trent University

Google a lancé Gemini, un nouveau système d’intelligence artificielle (IA), qui peut apparemment comprendre différents types de sollicitations (prompt) et en parler intelligemment : images, texte, parole, musique, code informatique, entre autres.

Ce type de système d’IA est connu sous le nom de « modèle multimodal ». C’est une avancée notable par rapport aux systèmes d’IA précédents, qui se contentaient de traiter du texte ou des images.

On entrevoit ici une des probables prochaines étapes pour les technologies d’intelligence artificielle : être capable d’analyser et de répondre en temps réel à des informations provenant du monde extérieur.

Bien que les capacités de Gemini ne soient peut-être pas aussi avancées qu’elles le semblent dans la vidéo virale qui a été éditée à partir d’un texte soigneusement sélectionné et d’images fixes, il est clair que les systèmes d’IA progressent rapidement. Ils se dirigent vers une capacité à gérer des entrées et des sorties de plus en plus complexes.

De fait, pour développer de nouvelles capacités, les systèmes d’IA dépendent fortement du type de « données d’entraînement » auxquelles ils ont accès. Les données d’entraînement sont précisément ce qui leur permet d’améliorer la façon dont ils réalisent des tâches, et notamment d’inférer des informations – ce qui sert à reconnaître un visage et à rédiger des dissertations.

À l’heure actuelle, les données sur lesquelles des entreprises telles que Google, OpenAI, Meta et d’autres entraînent leurs modèles proviennent encore principalement d’informations numérisées sur Internet.

Toutefois, des efforts sont déployés pour élargir radicalement le champ des données sur lesquelles l’IA peut travailler. Par exemple, en utilisant des caméras, des micros et d’autres capteurs et détecteurs allumés en permanence, il serait possible de permettre à une IA de savoir ce qui se passe dans le monde, au moment où cela se produit.

Utiliser des données acquises en temps réel

Le nouveau système Gemini de Google peut interpréter et utiliser des contenus « en temps réel » – vidéos en direct ou discours proférés par des humains par exemple. Avec ce nouveau type de données acquises en permanence par des capteurs, l’IA devrait être en mesure d’observer, de discuter, et d’agir sur les événements du monde réel.

L’exemple le plus simple est celui des voitures autonomes, qui collectent déjà d’énormes quantités de données lorsqu’elles roulent sur les routes. Les données qu’elles collectent aboutissent sur les serveurs des fabricants automobiles. Là, elles sont utilisées pour la conduite du véhicule sur le moment, mais aussi, sur le long terme, pour construire des modèles informatiques de situations de conduite, qui pourraient contribuer à améliorer la fluidité du trafic ou à identifier les comportements suspects ou criminels.

Voiture autonome à San Francisco.
Pour les voitures autonomes, les données en temps réel sont primordiales. Tada Images/Shutterstock

À la maison, les détecteurs de mouvement (pour les lumières par exemple), les assistants vocaux (Alexa, Siri…) et les caméras de surveillance sont déjà utilisés pour détecter notre activité… et analyser nos habitudes. D’autres appareils « intelligents » apparaissent constamment sur le marché. Certaines utilisations peuvent déjà sembler familières, comme l’optimisation du chauffage pour une meilleure utilisation de l’énergie, mais l’analyse des habitudes de vie ne fait que commencer.

Cela signifie qu’une IA disposerait des données pour à la fois déduire ce qui se passe dans la maison, et pour prédire ce qui s’y passera à l’avenir. Ces données pourraient alors être utilisées, par exemple, par des médecins pour détecter les premiers signes de pathologies, comme le diabète ou la démence. Mais aussi pour recommander des changements de mode de vie et en assurer le suivi.

Pour l’IA, ces données constituent une fenêtre sur le monde réel – plus elle accumulera de connaissances sur celui-ci, plus elle pourra nous accompagner au quotidien. À l’épicerie, je pourrai discuter des meilleurs ingrédients, ou des plus économiques, pour le repas du soir. Au travail, l’IA pourra me rappeler les noms de mes clients lors d’une réunion, leurs centres d’intérêt, et me suggérer la meilleure façon de décrocher un contrat. Lors d’un voyage dans un pays étranger, elle pourra discuter des attraits touristiques locaux tout en gardant un œil sur des dangers potentiels.

Implications en matière de protection de la vie privée

On le voit, il y a de nombreuses opportunités qui viennent avec ces futurs progrès, mais il existe également des risques de débordement et d’intrusion dans la vie privée des citoyens. Jusqu’à présent, les utilisateurs ont accepté massivement les technologies permettant d’échanger une quantité stupéfiante d’informations personnelles en échange de l’accès à des produits gratuits, réseaux sociaux et moteurs de recherche en tête.

À l’avenir, ce compromis sera de plus en plus important et potentiellement plus dangereux, car l’IA apprendra à nous connaître et à nous aider dans tous les aspects de la vie quotidienne.

Sans garde-fous, l’industrie du numérique continuera à étendre sa collecte de données à tous les aspects de la vie, même hors ligne. Les décideurs politiques doivent comprendre ce nouveau paysage et s’assurer que les avantages compensent les risques. Ils devront surveiller non seulement la puissance et l’omniprésence des nouveaux modèles d’IA, mais aussi les données qui sont collectées et utilisées.The Conversation

Lars Erik Holmquist, Professor of Design and Innovation, Nottingham Trent University

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

Posts les plus consultés de ce blog

Le bipeur des années 80 plus efficace que le smartphone ?

Par André Spicer, professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School (City University of London) : Vous vous souvenez des bipeurs ? Ces appareils étaient utilisés largement avant l'arrivée massive des téléphones portables et des SMS. Si vous aviez un bipeur, vous pouviez recevoir des messages simples, mais vous ne pouviez pas répondre. Un des rares endroits où on peut encore en trouver aujourd’hui sont les hôpitaux. Le Service National de Santé au Royaume-Uni (National Health Service) en utilise plus de 130 000. Cela représente environ 10 % du nombre total de bipeurs présents dans le monde. Une récente enquête menée au sein des hôpitaux américains a révélé que malgré la disponibilité de nombreuses solutions de rechange, les bipeurs demeurent le moyen de communication le plus couramment utilisée par les médecins américains. La fin du bipeur dans les hôpitaux britanniques ? Néanmoins, les jours du bipeur dans les hôpitaux britanniques pourraient être compté...

Quelle technologie choisir pour connecter les objets ?

Par Frédéric Salles, Président et co-fondateur de Matooma   En 2021, le nombre total d'objets connectés utilisés atteindra les 25 milliards selon Gartner. Il est ainsi légitime de se demander quelles sont les technologies principales permettant de connecter les objets, et quelle pourrait être celle la plus adaptée pour sa solution. Un projet de vidéosurveillance par exemple n'aura absolument pas les mêmes besoins qu'un projet basé sur le relevé de température au milieu du désert. Ainsi pour trouver la meilleure connectivité pour son objet, de nombreuses questions peuvent se poser : mon objet fonctionne-t-il sur batterie ou est-il alimenté ? Mon objet restera-t-il statique ou sera-t-il mobile ?  Mon objet est-il susceptible d'être dans un endroit difficile d'accès ou enterré ? A quelle fréquence mes données doivent-elles remonter ? Etc. Voici les différentes solutions actuellement disponibles sur le marché. Courte distance : RFID/Bluetooth/WiFi La RFID (Ra...

La fin du VHS

La bonne vieille cassette VHS vient de fêter ses 30 ans le mois dernier. Certes, il y avait bien eu des enregistreurs audiovisuels avant septembre 1976, mais c’est en lançant le massif HR-3300 que JVC remporta la bataille des formats face au Betamax de Sony, pourtant de meilleure qualité. Ironie du sort, les deux géants de l’électronique se retrouvent encore aujourd’hui face à face pour déterminer le format qui doit succéder au DVD (lire encadré). Chassée par les DVD ou cantonnée au mieux à une petite étagère dans les vidéoclubs depuis déjà quatre ans, la cassette a vu sa mort programmée par les studios hollywoodiens qui ont décidé d’arrêter de commercialiser leurs films sur ce support fin 2006. Restait un atout à la cassette VHS: l’enregistrement des programmes télé chez soi. Las, l’apparition des lecteurs-enregistreurs de DVD et, surtout, ceux dotés d’un disque dur, ont sonné le glas de la cassette VHS, encombrante et offrant une piètre qualité à l’heure de la TNT et des écrans pl...

6 questions sur Zone-telechargement

Quel était ce site ? Zone-telechargement.com était jusqu'à lundi soir l'un des plus gros sites web français proposant de télécharger des contenus numériques illégaux. En grande majorité des films parfois très récents ; des séries télé notamment américaines qui n'étaient pas diffusées en France ; de la musique ; des logiciels et des jeux vidéo. Les séries et les films étaient disponibles en différentes qualités et ceux en langue anglaise étaient sous-titrés grâce à des communautés d'utilisateurs capables de sous-titrer des épisodes de série 24 heures après leur diffusion aux États-Unis. Le site comptabilisait, selon la gendarmerie, en moyenne 140 millions de pages vues par mois et 11 000 téléchargements par jour. La société Alexa affichait Zone-Telechargement à la 11e place des sites les plus visités de France… devant Twitter ! Zone-Telechargement proposait 18 000 films, 2 500 séries télé ; 11 000 documentaires ; 20 943 émissions télé ; plus de 150 000 MP3 mais aus...

Deepfakes, vidéos truquées, n’en croyez ni vos yeux ni vos oreilles !

Par  Divina Frau-Meigs , Auteurs historiques The Conversation France Les spécialistes en fact-checking et en éducation aux médias pensaient avoir trouvé les moyens de lutter contre les « deepfakes » , ou hypertrucages , ces manipulations de vidéos fondées sur l’intelligence artificielle, avec des outils de vérification comme Invid-Werify et le travail des compétences d’analyse d’images (littératie visuelle), avec des programmes comme Youverify.eu . Mais quelques cas récents montrent qu’une nouvelle forme de cyberattaque vient de s’ajouter à la panoplie des acteurs de la désinformation, le deepfake audio. Aux États-Unis, en janvier 2024, un robocall généré par une intelligence artificielle et prétendant être la voix de Joe Biden a touché les habitants du New Hampshire, les exhortant à ne pas voter, et ce, quelques jours avant les primaires démocrates dans cet État. Derrière l’attaque, Steve Kramer, un consultant travaillant pour un adversaire de Biden, Dean ...

D’IBM à OpenAI : 50 ans de stratégies gagnantes (et ratées) chez Microsoft

  Paul Allen et Bill Gates en 1970 à Lakeside School (Seattle). Microsoft naîtra cinq ans plus tard. Auteur inconnu/Wikimedia Par  Frédéric Fréry , ESCP Business School Insubmersible. Même la vague des Gafa n’a pas vraiment atteint Microsoft. Cinquante ans après sa création, soit une éternité dans le monde de la tech, la firme de Bill Gates et Paul Allen est toujours là et bien là. Retour sur ce qu’on appelle outre-Atlantique, une success-story avec quelques échecs. Cette semaine, Microsoft fête ses 50 ans. Cet article a été écrit sur Microsoft Word, à partir d’un ordinateur équipé de Microsoft Windows, et il sera vraisemblablement publié sur des plateformes hébergées par Microsoft Azure, notamment LinkedIn, une filiale de Microsoft qui compte plus d’un milliard d’utilisateurs. C’est dire l’influence de cette entreprise qui, en 2024, a dégagé un bénéfice net de 88 milliards de dollars po...