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Les deepfakes au cœur de la guerre informationnelle russo-ukrainienne

Par  Christine Dugoin-Clément , IAE Paris – Sorbonne Business School Vladimir Poutine annonçant le retour de la Crimée à l’Ukraine et sa propre démission, ou Volodymyr Zelensky déclarant la reddition intégrale de son pays : ces vidéos totalement fabriquées, et d’autres du même type, ont été visionnées pour certaines des millions de fois sur les réseaux sociaux. Si la Russie a, dans ce domaine comme sur le terrain militaire, lancé les hostilités dès 2014, l’Ukraine a désormais appris à employer ces méthodes – et d’autres outils de la guerre informationelle –, dont l’objectif est toujours de semer la confusion au sein de l’opinion publique du pays ennemi. Depuis son invasion massive de l’Ukraine, la Russie a lancé de nombreuses attaques informationnelles visant aussi bien différentes sphères de la société ukrainienne que des pays soutenant Kiev – à travers des opérations comme Döppelganger ou Portal Kombat – ainsi que des pays africains, moyen-orientaux ou asiatiques où Moscou a c

Intelligence artificielle : 8 géants de la tech s’engagent à appliquer la recommandation éthique de l’Unesco

 

AI

 

Alors que le projet de règlement européen sur l’intelligence artificielle (AI Act) a été validé à l’unanimité des ambassadeurs des vingt-sept pays de l’Union européenne réunis à Bruxelles vendredi 2 février, les questions d'éthique continuent à se poser sur ces nouvelles technologies. Quel cadre respecter, quelles règles de protection des utilisateurs mettre en place sans nuire au développement, notamment en Europe ?

La réponse à ces questions reste complexe mais des avancées concrètes sont là. Ainsi, lundi 5 février, 8 géants de la tech set sont engagés à appliquer la recommandation de l’Unersco sur l'IA. GSMA, INNIT, Lenovo Group, LG AI Research, Mastercard, Microsoft, Salesforce et Telefonica ont signé un engagement inédit pour bâtir une intelligence artificielle (IA) plus éthique et mettre en œuvre les valeurs et les principes de la recommandation de l'Unesco à chaque étape de la conception et du déploiement de leurs systèmes d'IA.

Ce premier accord historique a été signé à Kranj, en Slovénie, lors du deuxième Forum mondial de l'Unesco sur l'IA. "Les signataires s’engagent à assumer pleinement leur rôle dans la protection des droits humains, lors de la conception, du développement, de l'achat, de la vente et de l'utilisation de l'IA. C'est la première fois que des entreprises s'engagent auprès des Nations unies dans ce domaine", se réjouit l'Unesco. "

Des tests avant et après la mise sur le marché des systèmes d'IA

L'accord stipule notamment que "des procédures de vérification devront être mises en place pour s’assurer que les normes de sécurité soient respectées, que les effets néfastes de l’IA soient identifiés et que des mesures visant à les limiter et à les corriger soient mises en place dans un délai raisonnable, en respectant les législations nationales." L'accord souligne aussi l’importance des tests ex-ante (avant la mise sur le marché), mais appelle également au développement de pratiques ex-post (après déploiement) d'évaluation et d’atténuation des risques, compte tenu de l'évolution rapide des systèmes d’IA qui sont déjà sur le marché.

Azoulay
Audrey Azoulay, Directrice générale de l'Unresco. Unesco - Marko Pigac/MP Produkcija/Pigac.

"En novembre 2021, l’ensemble des États membres de l’Unesco a adopté le tout premier cadre éthique mondial pour l'utilisation de l'intelligence artificielle. Aujourd'hui, nous franchissons une nouvelle étape majeure en obtenant le même engagement concret de la part de grandes entreprises mondiales. J'appelle tous les acteurs de la Tech à suivre leur exemple. L’alliance des secteurs publics et privés est essentielle pour développer une IA qui soit au service du bien commun", a déclaré Audrey Azoulay, directrice générale de l'Unesco.

(Article publié sur ladepeche.fr le 7 février 2024)

 

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