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Le bitcoin : une « valeur refuge » peut-elle être virtuelle ?

  Les fortes variations du cours du bitcoin sont-ils le signe de sa folle jeunesse ? Shutterstock Oatawa Par  Hervé Alexandre , Université Paris Dauphine – PSL Pour quelles raisons le cours de l’or et celui du bitcoin se sont-ils envolés au mois de février 2024 ? Faut-il voir dans cette concordance davantage qu’un hasard, l’un devenant après l’autre une valeur refuge prisée des particuliers et bientôt des institutionnels comme semblait l’indiquer la chroniqueuse économique de France Infos ? Avant de tenter d’apporter quelques éléments de réponse à cette question, rappelons que, de manière générale, notre monde se numérise inexorablement. À part quelques nostalgiques et autres collectionneurs, nous n’achetons plus de disque en vinyle ni de CD. Nous téléchargeons des morceaux de musique, quand nous ne les écoutons pas tout simplement en streaming . Dans ce dernier cas, moyennant le paiement d’un abonnement, nous pouvons écouter un morceau sans

Protéger la jeunesse à l'ère numérique : pour une réglementation accrue de l'accès aux réseaux sociaux

enfant

Tribune d'Alexandre Lazarègue, avocat spécialisé en droit du numérique 

Début mai, une commission d’experts, nommée par le Président de la République et chargée de faire des propositions sur la restriction de l'utilisation des réseaux sociaux par les enfants et les adolescents, rendra son rapport. Ce dernier devrait présenter des stratégies concrètes pour protéger les jeunes utilisateurs, trop souvent captifs des écrans. Un tel dispositif s’inscrirait dans une politique d’éducation plus large visant une jeunesse en proie à un niveau scolaire en déclin selon les classements internationaux.

Compte tenu des données scientifiques dont nous disposons aujourd’hui, il apparait en effet crucial de protéger le bien-être de nos enfants par une réponse radicale aux effets néfastes que l'utilisation intensive des écrans peut avoir sur leur santé mentale aussi bien que physique.  Une telle démarche représenterait alors une véritable politique sociale alors que les premières victimes des effets dévastateurs des écrans sont les milieux défavorisés.

Réseaux sociaux : une menace croissante pour la santé mentale et physique de la jeunesse

Les réseaux sociaux, après être apparus comme un formidable outil de communication, se révèlent aujourd'hui être une menace pour la santé de nos enfants.

Déjà en 2021 la lanceuse d’alerte Frances Haugens, chargé de la lutte contre désinformation chez Facebook avait dénoncé l’indifférence de son employeur à l’égard des dommages que provoquait les réseaux sociaux sur les adolescents et ce alors même que disposant de nombreuses études alarmantes à ce sujet, il en avait parfaitement conscience.

Chaque parent a pu mesurer par lui-même la désolante fascination qu’exerce les écrans sur les enfants et adolescents. Et pour cause, les économistes étudiant les dynamiques concurrentielles sur le marché qualifient les réseaux sociaux d’« économie de l'attention » par laquelle les algorithmes croisant avec une finesse millimétrée les données personnelles de ses utilisateurs leurs présentent un flux continu de photos et de vidéos toujours plus séduisante pour captiver leur intérêt, mis au service d’annonceurs publicitaires en mesure de suggérer des produits et services adaptés à leurs goûts les plus intimes (La civilisation du poisson rouge: Petit traité sur le marché de l'attention, Bruno PATINO, ed. Grasset).

Cette sollicitation incessante peut les accaparer à tel point qu'elle diminue leur capacité de concentration, affectant potentiellement leur développement intellectuel ainsi que l’a brillamment dénoncé le chercheur en neurosciences Michel Desmurget (La fabrique du Crétin digital, Éditions du Seuil).

Les impacts négatifs sur la santé physique liés à l'usage intensif des écrans existent aussi. Outre les effets préjudiciables sur le sommeil, en particulier chez les jeunes – avec toutes les conséquences qu'un mauvais sommeil peut avoir, telles que l'obésité –, les sociétés savantes d’ophtalmologie voient poindre depuis quelques années un accroissement exponentielle de la de la myopie chez les jeunes. Cette affection, qui peut être très handicapante, serait directement liée à la consommation excessive d'images et de vidéos sur les smartphones.

Des risques de dérives numériques

De plus, les réseaux sociaux, à travers la diffusion de vidéos courtes, simplifient excessivement les informations au point d'alimenter des théories complotistes dont la propagation est encouragée, comme on le sait aujourd'hui, par les algorithmes (Désinformaton, Emanuel OSTIAN, ed.Plon). Cette pratique, répétée intensément, convainc et enracine les jeunes dans des certitudes antidémocratiques qui met en péril la capacité de notre République à former des citoyens critiques, capables de pensée rationnelle, à la recherche du bien commun.

Aussi, et parallèlement aux efforts soutenus du gouvernement pour restreindre l'accès des mineurs à la pornographie dont l’efficacité peinent encore à se faire ressentir, les réseaux sociaux représentent un autre front préoccupant.

Les ingénieurs de la Silicon Valley, développent des algorithmes visant à favoriser les publications de jeunes femmes peu vêtues, soulignant leurs attributs physiques. Ces contenus à forte charge érotique captent fortement l'attention des jeunes, entraînant des conséquences similaires à celles de la consommation de la pornographie : perte de confiance en soi, repli, addiction, dépression et développement de perceptions déformées des relations avec les femmes.

Vers une régulation nécessaire pour protéger la jeunesse

Dans ce contexte, une réglementation restreignant l’accès aux réseaux sociaux des mineurs se révèle essentielle pendant les années cruciales du développement intellectuel des jeunes.

À cet égard, la Suède a été bien inspiré en interdisant l'usage des équipements numériques dans les écoles. Les jeunes maîtrisent naturellement l'utilisation des ordinateurs sans avoir besoin de formation spécifique dont le fonctionnement est parfaitement intuitif. Et si l'apprentissage des langages informatiques est indéniablement précieux à l’ère de la révolution numérique, il convient cependant de réhabiliter la place des livres imprimés pour l’apprentissage des « humanités ».

L'adoption d'un « couvre-feu numérique », restreignant l'accès des mineurs aux réseaux sociaux intégrant de plages horaires flexibles adaptées à différents groupes d'âge représenterait donc une mesure significative. Une telle mesure impliquerait nécessairement l’interdiction pour les mineurs de créer des comptes sous pseudonyme auprès des plateformes mais cette démarche ne pourrait être que bénéfique pour lutter contre le cyber-harcèlement, une autre menace sérieuse pour la jeunesse.

La sensibilisation des parents à travers des notifications claires et systématique sur les réseaux sociaux à l’instar des messages de santé publique existants sur la nutrition tel que « Restreindre le temps d'écran pour les enfants préserve leur santé mentale et leur épanouissement » est une autre piste à envisager.

Les fournisseurs d’accès à Internet quant à eux devraient être en mesure de déployer des outils de contrôle parental avancés, offrant ainsi aux parents la capacité de réguler et de superviser efficacement l'accès de leurs enfants aux réseaux sociaux, tant à domicile qu'au sein des espaces publics d’accès à internet.

Il ne s'agit pas ici de jeter le discrédit sur de précieux outils de communication innovants et indispensables pour s'informer et échanger, mais de prendre la pleine mesure des conséquences d'un usage excessif et des puissances économiques qui les alimentent.

En se rappelant des responsabilités que notre nation doit à sa jeunesse, nous pourrions ainsi répondre aux préoccupations exprimées par Jean-Jacques Rousseau : « L'enfance a ses manières de voir, de penser, de sentir qui lui sont propres ; rien n'est moins sensé que de vouloir les remplacer par les nôtres. »

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