L’Homme se prépare à remarcher sur la Lune. Si elle a pris du retard sur le calendrier, la Nasa prévoit toujours une mission habitée autour de la Lune en 2025 avec Artemis 2, puis une mission habitée sur la Lune en 2026 avec Artemis 3, 54 ans après la dernière mission du programme Apollo – Apollo 17 qui s’est achevée le 19 décembre 1972.
Mais avant cela, les astronautes vont devoir suivre un entraînement spécifique, qui sera réalisé dans une toute nouvelle installation de simulation lunaire inaugurée mercredi à Cologne par l’Agence spatiale européenne (ESA) et le centre aérospatial allemand (DLR). Appelée Luna, cette nouvelle « Lune sur Terre » recrée les conditions particulières de la Lune pour préparer les astronautes, les scientifiques, les ingénieurs et les experts à vivre et à travailler à sa surface.
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« L’ouverture de Luna marque une étape importante dans les efforts d’exploration spatiale de l’Europe. Cette installation unique, qui permet de reproduire les conditions lunaires, fait progresser notre compréhension de la Lune et nous prépare aux missions futures », a souligné Josef Aschbacher, directeur général de l’ESA. Luna a par ailleurs été conçue comme un hub ouvert et sera accessible aux agences spatiales, aux universités, aux chercheurs, à l’industrie spatiale, aux start-up du New Space et aux petites et moyennes entreprises du monde entier.
700 m2, 900 tonnes de grains de roches
Située à côté du Centre d’entraînement des astronautes européens, Luna comprend une zone de 700 mètres carrés qui reproduit la surface de la Lune à l’aide de 900 tonnes de grains et de roches volcaniques dérivés du basalte, traités pour créer un matériau connu sous le nom de « simulant de régolithe ». Une zone profonde au sol permettra de forer et d’échantillonner jusqu’à trois mètres sous la surface, ce qui permettra de mener des recherches sur le régolithe, y compris le sol lunaire gelé, a précisé l’ESA.
Pendant ce temps, un simulateur solaire imite les cycles du jour et de la nuit sur la Lune, y compris les conditions d’éclairage difficiles que l’on trouve dans les régions polaires lunaires, détaille l’ESA. Les salles de contrôle avancées sont reliées en temps réel aux centres de contrôle de mission en Allemagne et dans le monde entier. Et à l’avenir, l’installation analogique sera également connectée à la passerelle lunaire, voire à la Lune elle-même, pour des simulations de mission fluides.
L’ESA et l’agence allemande ont par ailleurs indiqué que des fonctionnalités supplémentaires seront bientôt mises en œuvre, telles qu’un système de déchargement de la gravité pour simuler la gravité lunaire – qui équivaut à un sixième de celle de la Terre – et une rampe réglable pour tester la mobilité sur les pentes lunaires. Les astronautes seront-ils tentés de sautiller comme Eugene Cernan, membre d’Apollo 7 filmé en chantant « Hippity Hoppity » sur la Lune ?
Si le premier équipage lunaire de quatre astronautes d’Artemis 3 sera vraisemblablement 100 % américain en 2026, la Nasa prévoit ensuite de lancer environ une mission par an, en y intégrant des astronautes appartenant aux agences partenaires, dont l’ESA. Josef Aschbacher avait ainsi déclaré en juillet 2023 que les missions Artemis 4 (2028) et Artemis 5 (2029) comprendront chacune un Européen. « Nous avons l’intention de faire atterrir un astronaute international sur la surface lunaire d’ici à la fin de la décennie », avait confirmé en décembre la vice-présidente Kamala Harris à l’occasion de la réunion annuelle du Conseil national de l’espace (NSC).
Thomas Pesquet, premier Français sur la Lune ?
Le premier européen pourrait-il être le Français Thomas Pesquet ? Ce dernier fait partie des sept astronautes de l’ESA qui ont été retenus pour s’entraîner en vue de cette aventure. « On est tous candidats et ce qui compte c’est d’y aller en tant qu’équipe », confiait au moment de sa sélection en mars 2023 Thomas Pesquet qui, avec deux missions à bord de la Station spatiale internationale (ISS) cumulant 396 jours et six sorties extra-véhiculaires, est l’un des plus chevronnés astronautes européens.
« Nous vivons une période historique pour les vols spatiaux habités, j’ai hâte de faire partie de l’aventure collective qui amènera les astronautes européens autour de la Lune et, à terme, sur sa surface », assure le Français, qui a essayé mercredi le scaphandre d’entraînement de Luna et qui semble très déterminé à décrocher la Lune.
(Article publié dans La Dépêche du Midi du dimanche 29 septembre 2024)