La menace est bien réelle et les chiffres font froid dans le dos. Neuf Français sur dix ont déjà été confrontés à une situation de malveillance informatique. L’année dernière, ce sont plus de 278 000 infractions numériques qui ont été enregistrées par les forces de l’ordre, une hausse significative par rapport aux 255 320 cas de 2022. Face à cette déferlante cybercriminelle, le ministère de l’Intérieur contre-attaque avec le lancement d’un nouveau service : le 17Cyber.
L’initiative, qui vient d’être dévoilée ce 17 décembre, se veut être l’équivalent numérique du traditionnel appel d’urgence « 17 ». Une réponse adaptée à notre époque où les malfaiteurs ont troqué le pied de biche contre le clavier d’ordinateur. Le concept ? Un guichet unique accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 via le site 17cyber.gouv.fr, permettant aux victimes d’obtenir rapidement un diagnostic de leur situation et des conseils personnalisés.
Le phénomène touche toutes les strates de la société. Les chiffres sont éloquents : 47 % des victimes de préjudices financiers en ligne ont moins de 44 ans, et les femmes représentent 67 % des victimes d’atteintes numériques à la personne. Plus inquiétant encore, les collectivités territoriales sont devenues les cibles privilégiées des cybercriminels, avec 55 attaques par rançongiciel recensées en 2023, contre 37 l’année précédente.
L’originalité du dispositif réside dans son approche « tout-en-un ». Après un diagnostic rapide basé sur quelques questions, les victimes peuvent être mises en relation par tchat avec un policier ou un gendarme. En cas de besoin, une assistance technique peut être fournie par l’un des 1 200 prestataires référencés par Cybermalveillance.gouv.fr, dont 200 sont labellisés « ExpertCyber ».
Un module 17Cyber intégrable gratuitement
L’ambition ne s’arrête pas là. Le ministère a développé un module 17Cyber intégrable gratuitement sur n’importe quel site web. Une innovation qui a déjà séduit de grands noms du numérique comme Meta, Amazon France, ou encore La Poste Groupe, qui se sont engagés à relayer le service sur leurs plateformes.
Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large de lutte contre la cybercriminalité, orchestrée par le Commandement du ministère de l’Intérieur dans le cyberespace (COMCYBER-MI). Les résultats sont déjà tangibles : en 2023, l’action coordonnée des forces de sécurité intérieure a permis de déjouer 44 cyberattaques visant des entités françaises.
Avec le 17Cyber, l’État espère créer un nouveau réflexe citoyen face aux menaces numériques. Un pari ambitieux mais nécessaire à l’heure où le cybercrime s’impose comme l’une des principales menaces du XXIe siècle.