Une étude internationale menée par BSI alerte sur l’impact croissant de l’automatisation sur les postes d’entrée de carrière. Les jeunes actifs de la Génération Z voient leurs perspectives d’emploi fragilisées par la généralisation de l’IA, qui bouleverse les trajectoires professionnelles traditionnelles.
La promesse d’un avenir professionnel fluide et innovant grâce à l’intelligence artificielle séduit encore une partie de la Génération Z. Mais derrière l’enthousiasme technologique, les signaux d’alerte se multiplient. Selon une étude mondiale menée par BSI, les investissements massifs dans l’IA pourraient bien accentuer la précarisation des débuts de carrière, en supprimant une partie des emplois traditionnellement occupés par les jeunes entrants sur le marché du travail.
L’étude, intitulée Evolving Together: AI, automation and building the skilled workforce of the future, combine une analyse assistée par IA de rapports annuels de multinationales et une enquête auprès de plus de 850 dirigeants d’entreprise. Elle met en évidence une tendance claire : le discours sur l’automatisation domine largement celui sur la formation. Le terme « automatisation » apparaît près de sept fois plus souvent que ceux de « requalification » ou de « montée en compétences » dans les communications publiques des entreprises.
Ce déséquilibre illustre un choix stratégique assumé : prioriser la productivité et l’avantage concurrentiel plutôt que le développement du capital humain. En France, 43 % des dirigeants reconnaissent que l’IA permet de réduire les effectifs, et 40 % estiment qu’elle remplacera progressivement les recrutements humains dans les cinq prochaines années.
La confiance dans les capacités réelles de l’IA reste pourtant plus faible qu’ailleurs : seuls 13 % des dirigeants français pensent qu’elle pourrait réaliser la majorité des tâches d’un jeune collaborateur, contre 54 % en Inde. Mais cette prudence ne suffit pas à rassurer. Déjà, 26 % affirment que les postes juniors ont été supprimés ou rationalisés grâce à l’IA, notamment dans la recherche, l’administration ou la rédaction de notes.
Cette mutation du marché inquiète. Près de la moitié des cadres français (49 %) se disent chanceux d’avoir commencé leur carrière avant l’arrivée massive de l’IA, tandis qu’un sur cinq estime que son premier emploi n’existerait plus aujourd’hui. Si une majorité (57 %) juge les bénéfices de l’IA supérieurs à ses coûts sociaux, la fracture générationnelle s’accentue.
Pour les jeunes diplômés, les perspectives s’assombrissent : les voies d’apprentissage par l’expérience directe — stages, premiers postes, missions d’exécution — se ferment à mesure que les algorithmes gagnent en efficacité. Les grandes entreprises accélèrent ce mouvement : la moitié d’entre elles ont déjà réduit leurs postes d’entrée de carrière, contre 30 % seulement des PME. Ces dernières apparaissent ainsi comme un refuge potentiel pour les jeunes actifs, encore plus enclines à offrir formation et progression.
Comme le souligne Kate Field, responsable mondiale de la durabilité humaine et sociale chez BSI, cette dynamique crée un risque durable : « En retirant l’échelle avant même que l’expérience puisse être acquise, les entreprises compromettent la résilience à long terme de la main-d’œuvre. »