Selon le baromètre publié par L’Étudiant à l’occasion de son Salon du journalisme, marketing et communication, 85 % des 15-20 ans voient dans le journalisme un métier d’utilité sociale. Mais ils pointent aussi les réseaux sociaux et l’intelligence artificielle comme les principaux vecteurs de désinformation.
Le journalisme conserve, aux yeux des 15-20 ans, une valeur essentielle : celle de servir l’intérêt collectif. Tel est l’un des enseignements majeurs du baromètre publié par le magazine L’Étudiant à l’occasion de son Salon du journalisme, marketing et communication, organisé le 8 novembre prochain au Newcap Event Center à Paris.
Pour 85 % des jeunes interrogés, le métier de journaliste remplit une fonction d’utilité sociale en informant et en sensibilisant. Mais cette reconnaissance ne va pas sans ambivalence : 23 % regrettent qu’il soit peu valorisé, et 58 % jugent que son influence s’est affaiblie face à la vitesse de circulation des contenus.
83 % des jeunes accordent leur confiance aux médias traditionnels
Dans un paysage informationnel saturé, la confiance reste un repère. Le baromètre révèle qu’une large majorité (83 %) accorde sa confiance aux médias traditionnels, loin devant les réseaux sociaux, jugés fiables par seulement 8 % des répondants. Les jeunes identifient comme gages de crédibilité la vérification des faits (77 %) et la transparence des sources (69 %). La réputation d’un média (46 %) pèse davantage que son indépendance institutionnelle ou celle de ses journalistes, respectivement citées par un tiers des sondés.
Le rapport entre les jeunes et les plateformes reste donc ambivalent : si près de la moitié d’entre eux s’informe via les réseaux sociaux, 75 % les désignent comme le principal vecteur de désinformation. Ils pointent également du doigt les créateurs de contenu (67 %), les plateformes d’intelligence artificielle générative (59 %) et, dans une moindre mesure, les groupes de discussion privés (35 %). Les médias traditionnels, eux, ne sont cités que par 18 % comme relais de fausses informations.
Inquiétude face à l’essor de l’IA
L’inquiétude se renforce face à l’essor de l’intelligence artificielle (IA) dans la production d’information. Pour 75 % des jeunes, son usage accroît le risque de propagation de fake news. Ils redoutent aussi la déshumanisation du métier (68 %), la perte de sens critique (67 %) et la disparition d’emplois dans les médias (60 %). À cela s’ajoute la crainte d’une uniformisation des contenus (38 %). Seuls 2 % des sondés estiment que l’intelligence artificielle ne représente « aucun risque majeur » pour l’information.
Cette lucidité s’accompagne d’attentes fortes en matière de régulation. Plus d’un jeune sur deux (51 %) souhaite des sanctions renforcées contre la désinformation, tandis que 77 % plébiscitent la sensibilisation à l’école comme levier prioritaire. Les répondants appellent également à une responsabilisation accrue des médias et des plateformes (63 %).
« Ce baromètre révèle une jeunesse qui ne se contente pas de consommer l’information : elle l’interroge, la hiérarchise et en redéfinit les contours. Le journalisme reste une boussole, mais il doit se réinventer face aux nouveaux usages », estime Ariane Despierres-Féry, directrice de la rédaction de l’Étudiant.
À travers cette enquête, le magazine décrit une génération informée, critique et vigilante, qui ne se contente plus de recevoir l’information mais en évalue les mécanismes. Pour ces jeunes, le journalisme demeure une boussole dans un espace médiatique en mutation rapide. Reste à savoir comment la profession saura répondre à leurs attentes…
