Biomimétisme : un nouvel atlas révèle comment la nature peut inspirer la transition énergétique mondiale
Alors que la COP30 remet le vivant au cœur des stratégies climatiques, Oxford et la start-up française Asteria dévoilent un atlas inédit qui traduit les mécanismes biologiques en solutions énergétiques concrètes. Nourri par une base scientifique unique, l’outil connecte défis industriels et stratégies inspirées du vivant, ouvrant de nouvelles perspectives d’innovation durable, notamment pour les pays en développement. Ce démonstrateur positionne le biomimétisme comme un levier majeur de la transition énergétique et écologique.
À l’heure où la COP30, qui s’est achevée vendredi, plaçait le vivant au centre des enjeux climatiques, l’Université d’Oxford et la start-up française Asteria ont avancé une proposition rare dans le paysage de l’innovation : considérer la biodiversité non comme une ressource à exploiter, mais comme une bibliothèque de solutions éprouvées par 3,8 milliards d’années d’évolution. Autrement dit, la nature est inspirante pour que nous réussissions la transition écologique.
Présenté le 14 novembre, The Energy Atlas of Nature’s Solutions constitue le premier démonstrateur de cette approche. Conçu en partenariat avec le centre TIDE d’Oxford, il vise à traduire des mécanismes biologiques en leviers d’innovation énergétique concrets, notamment pour les pays en développement.
1,5 million d’articles, 220 000 brevets et 680 000 mécanismes biologiques
L’outil repose sur l’infrastructure scientifique d’Asteria, qui agrège 1,5 million d’articles, 220 000 brevets et 680 000 mécanismes biologiques traduits en principes de conception. Cette base, unique au monde, cartographie les corrélations possibles entre défis industriels et stratégies inspirées du vivant. L’Atlas organise ainsi les quinze problématiques énergétiques identifiées dans une étude menée par TIDE auprès de vingt leaders mondiaux, couvrant la gestion, la collecte, le stockage, le transport ou encore la conversion de l’énergie. Chaque défi est relié à une vingtaine de modèles naturels et à des pistes d’innovation allant du concept au produit existant.
Les exemples tirés du biomimétisme confirment l’intérêt de cette démarche : panneaux solaires inspirés des microstructures du papillon Greta oto, hydroliennes reprenant l’ondulation des poissons, LED imitant l’efficacité lumineuse des lucioles, ou encore matériaux biosourcés issus d’architectures naturelles. Dans l’industrie et le bâtiment, les modèles biologiques améliorent l’isolation, réduisent les émissions et permettent de concevoir des systèmes énergétiques plus sobres et adaptatifs. Autant de domaines que l’Atlas entend rendre accessibles aux décideurs, en facilitant leur traduction opérationnelle.
Pensé comme une plateforme évolutive
Le projet est pensé comme une plateforme évolutive, destinée à être enrichie par les utilisateurs et de futurs jeux de données. Oxford et Asteria y voient la première étape d’une série d’atlas dédiés aux matériaux, à la circularité ou aux systèmes hydriques. Derrière cette ambition se lit la conviction que les solutions existent déjà dans le vivant, encore faut-il savoir les lire.
« Le problème n’est donc pas que les solutions sont scientifiques impossibles, la nature nous montre qu’elles existent déjà. Le problème est plus simple et nous force à bien plus d’humilité : la plupart du temps, nous ne savons simplement pas encore comment les reproduire. Et c’est une prise de conscience exaltante, à une époque où nous nous sentons si perdus, de comprendre qu’il suffit alors peut-être de se taire et d’apprendre », estime Eliot Graeff, CEO & co-fondateur d’Asteria.
Pour les pays en développement, où la biodiversité constitue un capital majeur, l’atlas pourrait devenir un accélérateur stratégique d’innovation durable.
Selon plusieurs sources, le biomimétisme pourrait générer des dizaines de milliers d’emplois en France d’ici 2030, tout en stimulant l’innovation durable et une économie circulaire. Des entreprises françaises comme EEL Energy, Bioxegy, Glowee, EDF ou Engie sont déjà actives dans ce domaine. Ces études et projets récents positionnent clairement le biomimétisme comme un levier clé de la transition énergétique et écologique, alliant performance, durabilité et respect des écosystèmes. Le nouvel atlas apparaît comme un véritable outil facilitateur.
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