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| L’intérieur futuriste du JiYue 01 / DR |
La Chine a pris une longueur d’avance dans le déploiement des voitures autonomes, déjà présentes sur ses routes et dans plusieurs métropoles. En France, l’étude d’Asterès chiffre pour la première fois les bénéfices potentiels d’une telle révolution pour la sécurité routière. Tandis que Forrester anticipe un basculement mondial du marché dès 2026, la course à la mobilité sans conducteur s’accélère.
Imaginez. Pour aller travailler, vous montez dans votre voiture, appuyez sur un bouton et sans aucune autre intervention, votre véhicule vous amène à destination sans que vous touchiez le volant, vous laissant le loisir de lire La Dépêche ou regarder la télévision à bord. Ce qui semblait n’être que la séquence d’un film de science-fiction devient la réalité avec les voitures autonomes.
En Chine, la voiture autonome n’est ainsi plus un concept mais une réalité industrielle. Dans les grandes métropoles comme Pékin, Wuhan, Shenzhen ou Shanghai, les robotaxis roulent déjà sans conducteur de sécurité. Les entreprises locales ont pris une avance décisive : Baidu, avec son système Apollo, et Geely, avec le modèle JiYue 01, commercialisent depuis cette année des véhicules électriques dotés d’une conduite autonome de niveau 4. Ce niveau permet au véhicule de changer de voie, dépasser ou franchir une intersection sans intervention humaine dans des zones cartographiées. Le modèle JiYue 01, conçu pour le marché intérieur, circule déjà sur 90 % des autoroutes chinoises et dans plusieurs centres urbains.
Pony.ai – qui a récemment noué un accord avec Stellantis – exploite environ 600 robotaxis et vise 2 000 véhicules dès 2026, avec un objectif de 80 000 unités en 2029. De son côté, Baidu revendique des millions de trajets autonomes effectués sans conducteur. La réglementation chinoise, très encadrée, limite encore les usages à certaines zones autorisées, mais l’industrialisation est en marche. Et Pékin a fait de la conduite autonome un levier de souveraineté technologique autant qu’un marché d’exportation stratégique.
Face à cette avance, l’Europe mesure le retard accumulé. En France, le cabinet Asterès vient d’évaluer l’impact potentiel du déploiement des véhicules autonomes sur la sécurité routière, à l’occasion de l’arrivée prochaine de Waymo sur le continent. Selon cette étude, le modèle américain fournit déjà des résultats mesurables : aux États-Unis, les robotaxis Waymo – filiale d’Alphabet (Google) – circulent depuis 2019 et totalisent plus de 90 millions de kilomètres. Les données publiées dans la revue Traffic Injury Prevention montrent une baisse de 79 % du risque d’accident avec blessure et de 85 % pour les accidents graves.
En extrapolant ces données à la France, Asterès estime que la généralisation des véhicules autonomes pourrait sauver 2 000 vies et générer 580 M€ d’économies par an. Sur les 41 000 accidents impliquant des voitures particulières recensés en 2023, plus de 2 300 personnes ont trouvé la mort et près de 200 000 ont été blessées.
Le déploiement de la conduite autonome permettrait de réduire de 357 M€ le coût des blessés légers, de 132 M€ celui des blessés graves et d’éviter 87 M€ de pertes de richesse nationale. Asterès précise toutefois les limites de sa méthode : l’extrapolation des données américaines suppose un niveau 5 d’autonomie totale et elle ignore encore les différences de classification des accidents entre pays.
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| Le Volkswagen MOIA. / DR |
Au-delà du cas français, le marché mondial s’organise. Le cabinet Forrester prévoit pour 2026 une accélération du déploiement des robotaxis hors des États-Unis et de la Chine. Volkswagen espère lancer à Hambourg ses fourgonnettes autonomes MOIA sans conducteur de sécurité dès l’an prochain ; à Londres, la start-up Wayve prépare le transport de passagers payants à horizon 2026. Les acteurs de la mobilité à la demande – Lyft et Uber – devraient accompagner cette expansion en Europe.

