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Téléphone, mail, notifications… : comment le cerveau réagit-il aux distractions numériques ?

  Par  Sibylle Turo , Université de Montpellier et Anne-Sophie Cases , Université de Montpellier Aujourd’hui, les écrans et les notifications dominent notre quotidien. Nous sommes tous familiers de ces distractions numériques qui nous tirent hors de nos pensées ou de notre activité. Entre le mail important d’un supérieur et l’appel de l’école qui oblige à partir du travail, remettant à plus tard la tâche en cours, les interruptions font partie intégrante de nos vies – et semblent destinées à s’imposer encore davantage avec la multiplication des objets connectés dans les futures « maisons intelligentes ». Cependant, elles ne sont pas sans conséquences sur notre capacité à mener à bien des tâches, sur notre confiance en nous, ou sur notre santé. Par exemple, les interruptions engendreraient une augmentation de 27 % du temps d’exécution de l’activité en cours. En tant que chercheuse en psychologie cognitive, j’étudie les coûts cognitifs de ces interruptions numériques : au

Le web fête ses 20 ans


C'est l'une des dernières grandes inventions modernes, de celles qui changent la vie de millions d'hommes et bouleversent l'organisation de la société. Vendredi 13 mars dernier, le world wide web a fêté ses vingt ans d'existence. La toile (le « web »), principale application d'internet, a été inventée à Genève, en mars 1989, au Centre européen de recherche nucléaire (Cern) par le Britannique Tim Berners-Lee avec le Belge Robert Cailliau.

L'idée était d'offrir une nouvelle façon d'échanger de l'information aux chercheurs, notamment aux physiciens des hautes énergies. Internet était alors, en effet, très peu ergonomique. Berners-Lee va imaginer de lier entre elles les adresses web, l'Hypertext Transfer Protocol (HTTP) et l'Hypertext Markup Language (HTML). À la fin de l'année 1990, Berners-Lee et ses équipes font fonctionner le premier serveur et le premier navigateur web au sein du Cern. L'année suivante, d'autres laboratoires de physique des particules vont profiter de cette invention.

Le web pour le grand public verra réellement le jour en avril 1993, année où les pages web qui ne contenaient que du texte s'ouvrent aux images… Et c'est en novembre de cette année-là que se produira comme un passage de témoin entre les équipes du Cern et le National Center for Supercomputing Applications (NCSA). Basé aux États-Unis, cet organisme propose au public le premier navigateur internet baptisé Mosaic. À partir de lui verront le jour d'autres navigateurs : Netscape qui perdra la guerre des navigateurs en 1998 au profit de Microsoft Internet Explorer - dont la version 8 vient de sortir - utilisé actuellement par quelque 60 % des internautes en France. La concurrence est d'ailleurs rude dans le domaine des navigateurs, l'hégémonie de Microsoft étant attaqué par Firefox, Opera, Google Chrome, ou encore Safari.

Loin de ces batailles commerciales, le Cern a choisi de renoncer, en 1995, à percevoir des royalties sur son incroyable invention.

Vingt ans plus tard, le web est devenu tout à la fois un formidable outil de communication, l'application d'internet la plus prisée, celle qui conditionne souvent chez les familles l'acte d'achat d'un ordinateur.

Le web est devenu web 2.0 dans les années 2000, proposant de nouvelles applications conçues pour que l'internaute soit réellement au centre du web, et que de spectateur il devienne aussi producteur de contenus. Certes le web est arrivé dans nos vies avec sa part d'ombres, mais aussi avec des sites comme Wikipédia, Facebook, Twitter, les blogs, etc. Autant d'applications dont on n'imagine plus se passer.

Le web : du positif... et du négatif

Le world wide web est la technologie qui manquait à internet pour conquérir le grand public. À côté de l'e-mail ou des serveurs de données qui existaient dès le départ, il a pris une telle ampleur aujourd'hui qu'il peut remplacer tous les services.

@ La connaissance. Les plus grandes bibliothèques, les universités, les instituts offrent tous avec le web l'accès instantané et simple au savoir universel comme jamais l'humanité ne l'avait connu.
@ Le partage. Le web est facteur de solidarité. Que ce soit pour les logiciels libres ou la connaissance avec des sites comme Wikipedia, il permet de tisser des liens entre les internautes. Les sites web de socialisation comme Facebook ou Myspace en sont l'illustration.
@ L'expression. Les blogs ont libéré la créativité, bousculé l'establishment littéraire, journalistique, politique… Et dans les pays les moins démocratiques, ils représentent toujours un moyen de conquête de libertés.
@ Le commerce. Démarches administratives, cybercommerce, gestion bancaire, ventes aux enchères, musiques et vidéos numériques, cybersexe aussi, etc. Internet a décuplé les possibilités du commerce.

Comme toute invention, le web a apporté d'immenses innovations, mais aussi un côté plus obscur qu'il convient de ne pas ignorer mais, n'en déplaise à certains, qu'il ne faut pas non plus exagérer.

@ Les virus. Déconnectés, les ordinateurs étaient plutôt préservés. Connectés à internet, ils sont plus que jamais vulnérable à toutes sortes de virus, comme ce 1er avril 2009, date à laquelle le virus Conficker devrait infecter des millions de machines selon les éditeurs de logiciels spécialisés.
@ La cybercriminalité. Très tôt les organisations criminelles et terroristes ont utilisé le web tant pour communiquer entre elles que pour délivrer leurs sombres messages à l'instar d'Al Qaeda. La petite délinquance profite aussi du web pour diffamer à tout va ou se jouer des contrôles. Comme l'a constaté hier le dernier rapport annuel des douanes, la contrefaçon s'appuie sur des sites web aux multiples ramifications pour écouler bijoux imités et faux médicaments. La cyber-pédophilie reste également une priorité de toutes les polices.
@ La fracture numérique. Un milliard d'internautes mais six milliards d'humain. Donner au plus grand nombre l'accès au web reste un défi majeur.


Demain, tous les objets seront connectés
Il y a eu le premier web, celui des pionniers de Genève. Puis le web 2.0 des années 2000, centré sur les utilisateurs avec des sites comme Wikipedia, Youtube, Dailymotion, Facebook, Twitter, etc.. Quel va être l'avenir du web ? Bien malin qui pourrait le dire. Certains imaginent le web 3.0 comme la commercialisation des services du web 2.0. Voire. Une piste toutefois fait l'unanimité : le web de demain sera sans doute le web… des objets. Les ordinateurs, les téléphones mobiles, certaines bornes dans les gares et aéroports sont connectés au web. Demain, ce sont des objets non-informatiques qui s'y connecteront pour effectuer des tâches bien précises. Votre frigo à écran tactile qui aura scanné vos courses saura passer commande sur internet de ce qu'il vous manque. Votre machine à laver en panne vous alertera ainsi que le réparateur. En revenant de l'école, votre enfant déposera son porte-clés doté d'une étiquette RFID sur un support pour qu'un e-mail soit envoyé à votre travail pour indiquer qu'il est bien rentré. Et à la maison, on surfera sur le web de multiples façons (écran de télé, tablette numérique portable, PC, etc.). Le web n'a pas fini de nous étonner.


A noter que le Cern a mis en place un site web spécial pour ce 20e anniversaire : http://info.cern.ch/www20/

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