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Les entreprises ne sont pas prêtes à réussir le déploiement de l’IA générative

Une nouvelle étude commandée par Alteryx , la plateforme d'IA pour l'analyse d'entreprise en France, révèle que les organisations ne sont pas prêtes à tirer parti de l'IA générative en raison de leurs données. Le rapport " Data Stack Evolution : Legacy Challenges and AI Opportunities", qui a interrogé 3 100 leaders mondiaux de l'informatique, a mis en évidence des obstacles qui empêchent le déploiement réussi de l'IA générative, notamment la gestion des piles de données, la stratégie technologique et les cultures d'entreprise. Un manque de confiance envers les piles de données L’étude souligne un décalage important entre la confiance que les responsables informatiques mondiaux accordent à leurs données et la réalité de leurs piles de données. En France, alors que 43% des répondants qualifient la maturité de leurs données comme étant "bonne" ou "avancée" et que 68% ont confiance dans leurs données, un cinquième a tout de même évo

Les enjeux géopolitiques de la 5G

5G huawei

Par Christine Dugoin-Clément, IAE Paris – Sorbonne Business School

Le débat relatif à la 5G, qui permettrait d’échanger sans temps de latence 14 à 20 fois plus de données que l’actuelle 4G, s’enflamme. Il se cristallise, notamment, autour des problématiques environnementales que soulève cette nouvelle technologie.

Cette question, évidemment essentielle, tend à monopoliser un débat qu’elle prive d’une lecture géopolitique du développement de la 5G. Or cet aspect est également d’une grande importance.

Des tensions économiques à une guerre économique

Si la 5G enflamme le débat français, la discussion dépasse également largement les frontières de l’Hexagone. En effet, l’un des principaux acteurs se trouve être une société chinoise, objet de l’attention toute particulière des États-Unis.

Dans la stratégie de sécurité nationale des États-Unis parue en 2017, la Chine est désignée comme un « concurrent stratégique » au regard de la sécurité, de l’influence et de la puissance américaines. Étaient notamment visées les pratiques commerciales offensives de Pékin, parmi lesquelles l’espionnage industriel.

Dès juin 2018, avec la première augmentation des droits de douane décidée par le président Trump, les deux États s’engagent dans une guerre commerciale intense. L’accroissement des taxes américaines sur 5 700 catégories de produits chinois est immédiatement suivi de menaces de la part de la Chine.

Si cette guerre commerciale affecte les deux pays, elle affaiblit particulièrement certains secteurs économiques américains. Il s’agit notamment de l’agriculture, majoritairement située dans les zones rurales et les grandes plaines. Or cette zone géographique constitue un important réservoir de votes en faveur de Donald Trump, qui se retrouve ainsi contraint de concilier le maintien de sa ligne « America first » et la sécurité économique de ses partisans.

Dans un esprit de riposte, les Américains signent alors un contrat de vente pour une soixantaine d’avions de chasse avec Taiwan, zone hautement sensible pour la Chine, qui déploie de plus en plus d’avions militaires aux bordures de l’espace aérien de l’île.

Un enjeu de souveraineté : espionnage industriel et vol de propriété intellectuelle

Outre la guerre économique, la relation entre les deux pays s’est particulièrement tendue après l’adoption par la RPC de la loi sur le renseignement en 2017. Ce texte fait « obligation aux citoyens chinois de soutenir le travail de renseignement national ». Même s’il n’autorise pas l’espionnage préventif, le travail de renseignement national devant avoir un caractère défensif, ce texte a fait l’effet d’une bombe car il a été interprété comme destiné à permettre, voire à imposer, l’espionnage par toute structure ou citoyen chinois.

Le rapport rédigé en 2018 par le Bureau de la politique commerciale et manufacturière de la Maison Blanche, intitulé « Comment l’agression économique de la Chine menace les technologies et propriétés intellectuelles des États-Unis et du monde », montre que ce sujet était déjà éminemment sensible aux yeux des Américains. Le climat se détériore encore suite aux différentes attaques menées par des groupes de hackers, notamment ceux connus sous les appellations APT 1 et APT 10, soupçonnés d’être liés au gouvernement chinois.

Dans ce contexte, on comprend l’inquiétude suscitée par l’accès de Huawei au développement de la 5G. En effet, cette technologie autorisera l’échange massif de données, y compris à caractère sensible, sans que puisse être totalement exclue, nonobstant les dénégations de Huawei, l’installation de systèmes permettant la captation des informations transitant par un réseau 5G maîtrisé par cette société chinoise.

Cette inquiétude ressort très fortement des chefs d’accusation présentés par le Département de la Justice américain dans sa demande d’extradition de Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei et fille du fondateur de l’entreprise, à la suite de son interpellation le 1er décembre 2019 au Canada à la demande de ces mêmes autorités américaines. Si l’accusation principale porte sur la violation de l’embargo contre l’Iran qu’aurait commise la firme chinoise, une dizaine de chefs d’accusation concernent exclusivement des faits d’espionnage industriel.

Dans la foulée, Huawei a été inscrite sur la liste noire du département du Commerce, ce qui interdit aux entreprises américaines de travailler avec elle, sauf à obtenir préalablement une licence spécifique.

Les États-Unis enjoignent clairement leurs alliés européens à adopter des mesures similaires. La crise s’accentuant avec la course au développement de la 5G, Donald Trump a signé le 6 août 2020 deux décrets exécutifs interdisant aux Américains de s’engager dans des transactions avec les sociétés mères chinoises des applications mobiles TikTok et WeChat, interdictions devant prendre effet à la mi-septembre.

La préoccupation concernant la possible captation d’informations par la firme chinoise est partagée par l’UE. Le 29 janvier 2019, le vice-président de la Commission européenne en charge du numérique a affirmé que, du fait de l’adoption de la loi chinoise sur le renseignement, il est possible que les composants Huawei comportent des portes dérobées, des programmes malveillants et des micropuces permettant un accès à distance aux dispositifs d’information.

Enjeu européen et affrontements stratégiques de puissance

Outre cette déclaration, l’UE est un théâtre de première importance, tant pour le développement de la 5G chinoise que pour la guerre commerciale sino-américaine. Pour la Chine, gagner le marché européen s’intégrerait dans une stratégie plus large d’affaiblissement de la puissance étasunienne sur le Vieux Continent. Avec la 5G, non seulement la RPC gagnerait un marché représentant une manne financière, mais elle pourrait aussi créer un lien, sinon une dépendance, des États européens l’ayant choisie au détriment du concurrent américain.

Si l’UE a conscience d’être un enjeu, elle ne présente pas un front uni, les pays membres affirmant des postures différentes face à Huawei. Certains, comme le Royaume-Uni, interdisent l’adoption de la technologie chinoise alors que d’autres, comme la France, adoptent une position médiane : ils l’excluent des secteurs sensibles comme ceux liés à la défense nationale, mais proposent des accès somme toute limités.

Même si le risque d’espionnage par la Chine est bien perçu par les États européens, certains d’entre eux ont peu apprécié les pressions américaines tendant à influencer leurs choix. En ce sens, proposer une voie médiane pourrait être un moyen d’affirmer une position géopolitique indépendante face aux États-Unis tout en essayant de négocier une politique de réciprocité, comme l’a récemment souligné le ministre français des Affaires étrangères : l’objectif serait de « rééquilibrer par le haut nos relations en matière de commerce et d’investissement en parlant d’une seule voix au niveau européen » afin d’obtenir de la Chine une ouverture réciproque de son marché.

En outre, l’UE dispose de deux entreprises à même de proposer leurs services en matière de 5G, Nokia et Ericsson, alors que les États-Unis en sont totalement démunis. Si ces deux entreprises accusent un certain retard relatif quant au déploiement de la 5G, elles restent néanmoins compétitives, notamment Nokia qui est en mesure de proposer la même complétude de services que Huawei et d’assurer la totalité de la chaîne, de l’accès, aux câbles sous-marins en passant par le transport et la transmission optique.

Au-delà même de l’enjeu que représente le continent européen, se joue là une autre question majeure : le signal envoyé au reste de la communauté internationale. En effet, si la Chine envoie déjà un premier signal fort avec son équipementier en capacité de déployer de la 5G, gagner le marché européen, alors que les États-Unis cherchent à l’en empêcher, porterait un coup au prestige de la bannière étoilée et renforcerait une politique globale ayant déjà permis à Huawei de déployer la 5G dans d’autres pays comme l’Afrique du Sud, la Turquie ou l’Indonésie.

Un pari sur l’avenir technologique : la maîtrise du monde de demain

Les États-Unis, nous l’avons dit, ne disposent pas d’entreprises capables de déployer la 5G. Or il s’agit là d’un enjeu structurant pour l’économie et l’industrie. Si la 5G permet à l’internaute de surfer bien plus vite et sans latence, elle permettra aussi de développer la télémédecine, les smart cities, l’Internet des Objets (IoT), de changer des modes de production ou de rationaliser les flux ferroviaires, maritimes et aériens. En termes de défense, elle deviendra également une pierre angulaire de nombreux changements tactiques et stratégiques.

Ainsi, de même que le passage à la fibre a pu changer les pratiques et représenter un avantage pour certaines entreprises, la 5G sera probablement une révolution technologique. Ne pas s’y associer pourrait engendrer une prise de retard potentiellement difficile à combler pour certaines entreprises. Or, à ce jour outre la Chine, seules deux sociétés, la finlandaise Nokia et la suédoise Ericsson, sont en mesure d’entrer dans la course. Ces deux États n’étant pas membres de l’OTAN, ils bénéficieront probablement d’une image positive de neutralité aux yeux des États extérieurs à l’UE et à l’Alliance atlantique.

Néanmoins, ces deux sociétés, bien que concurrentielles en termes de technologie, de brevets déposés ou de contributions au standard 3GPP, ne bénéficient pas de l’appui d’un État puissant pour soutenir leurs efforts de déploiement, tant financièrement que diplomatiquement. À la différence de Huawei en Chine, elles n’ont pas davantage la possibilité de déployer leurs technologies sur un vaste territoire. Les États-Unis ne sont pas en capacité d’entrer en compétition avec Huawei, quand bien même ils se lanceraient dès aujourd’hui dans le développement de ces technologies. Dès lors, ils pourraient parfaitement être tentés de procéder à la captation a minima d’une de ces deux entreprises, soit sous une forme collaborative, en proposant l’appui de leur puissance économique, financière et géographique, soit dans une approche plus offensive, spoliant ainsi l’Europe de ses champions dans une course qui semble déjà dessiner le monde de demain.

Dans l’implantation de la 5G, le rôle de l’opinion publique n’est pas négligeable. Or celle-ci redoute d’être victime de l’espionnage chinois et a une image globalement négative de la RPC du fait des agissements récents de Pékin à Hongkong, vis-à-vis de Taiwan ou encore envers la communauté ouïgoure.

Cette défiance, qui a contribué à rendre moins attractive la technologie de Huawei auprès des populations, a encore été renforcée par la communication particulièrement agressive des ambassadeurs de Chine, ces « loups guerriers » dont le comportement a été jugé insultant, caricatural et indigne du niveau diplomatique. À titre d’exemple, on peut évoquer un texte émanant de l’ambassade de Chine en avril 2020 qui a provoqué la convocation de l’ambassadeur au ministère français des Affaires étrangères.

On l’aura compris, la 5G voit s’affronter des acteurs pour des enjeux de pouvoirs où les rivalités et les manœuvres utilisées nécessitent, pour être décryptées, de recourir à une lecture mêlant géographie, histoire, économie, sociologie, et sciences politiques – en somme, une réelle analyse géopolitique.The Conversation

Christine Dugoin-Clément, Analyste en géopolitique, chercheuse à Paris 1-la Sorbonne ( IAE) et à Saint Cyr Coëtquidan., IAE Paris – Sorbonne Business School. Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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