Par Laurence Corroy , Université de Lorraine Si les adolescentes et adolescents se retrouvent confrontés de plus en plus précocement à de la pornographie en ligne, il leur est très difficile d’aborder le sujet avec des adultes. Retour sur une enquête de terrain alors que les éditeurs de sites sont sommés d’instaurer un contrôle d’âge pour l’accès à ces contenus sensibles. Dès que l’on parle des adolescents et de leurs relations au numérique, les débats se polarisent, sans qu’il y ait nécessairement le réflexe de recueillir leur témoignage. En recherche, il est pourtant extrêmement important de leur donner la parole, ce qui permet de mieux mesurer leur capacité d’analyse et de distance vis-à-vis des messages médiatiques. Dans le cadre de l’étude Sexteens , menée en Grand Est, nous avons rencontré plus d’une soixantaine d’adolescents pour évoquer avec eux les représentations de la sexualité et de l’amour dans les séries pour ados qu’ils regardent. Ces séries on...

L' État a lancé jeudi une table ronde pour clarifier la situation sur les éventuels risques sanitaires des radiofréquences.
Bien plus que le Grenelle de l'environnement sur lequel il est calqué, le Grenelle des antennes - officiellement baptisé « Radiofréquences, santé, environnement » - lancé hier par Roselyne Bachelot, s'annonce très délicat. Alors que plusieurs jugements récents ont demandé aux opérateurs télécoms de démonter des antennes et que l'inquiétude grandit notamment dans le Grand Sud, cette table ronde doit répondre à un paradoxe. D'un côté, les Français plébiscitent le téléphone portable et tous ses usages multimédia (SMS, MMS, télévision, internet mobile, etc.) et pestent dès qu'ils ne peuvent capter de réseau ; de l'autre, ils s'inquiètent, légitimement, des conséquences sur leur santé d'un environnement de plus en plus baigné d'ondes radios (cf. infographie).
Paradoxe également pour les opérateurs auxquels l'État impose de couvrir la quasi-totalité du territoire et qui se heurtent à la fronde d'associations de résidents, de parents d'élèves, de collectivités qui freinent l'implantation de nouvelles antennes pourtant indispensables pour répondre aux besoins numériques… Ce casse-tête se complique un peu plus puisqu'il n'existe pas d'études scientifiques incontestables, compte tenu notamment de la « jeunesse » de la technologie mobile mais aussi de méthodologies différentes. De fait les experts sont très partagés et chacun avance ses études, systématiquement controversées.
« Les informations accumulées n'ont jamais montré l'existence d'effets indésirables à court ou à long terme imputables aux signaux produits par les stations de base », dit l'Organisation mondiale de la santé (OMS). « Les antennes de téléphonie mobile entraînent une exposition aux champs électromagnétiques 100 000 à 100 000 fois plus faible que les téléphones portables », assure l'Académie des sciences. Mais des cancérologues de renom tirent la sonnette d'alarme ; des personnes « électrohypersensibles » refusent de s'entendre dire que le mal dont elles soufrent serait psychosomatique. Et des associations citent le rapport Bio-initiative (synthèse d'études sur tous types de rayonnement) pour réclamer, comme l'Agence européenne de l'environnement et le Parlement européen, une réévaluation des seuils d'exposition.
De cette table ronde, chacun des participants attend sans doute beaucoup trop et la déception risque d'être grande. Plus encore qu'avec les OGM, l'application du principe de précaution, réclamée hier par plusieurs députés, devra être finement pesée. L'État, qui tranchera fin mai après le travail des ateliers thématiques du Grenelle, devrait opter pour une charte de bonne conduite et la mise en place d'instances de concertation dans chaque préfecture. Et si un moratoire sur l'installation des antennes pourrait être mis en place durant le Grenelle, pour l'heure, la question de la baisse des seuils d'exposition reste en suspens.
Nous sommes cernés partout
Entre la radio, la box internet wifi, les lampes basse consommation, la télé hertzienne, etc. Nous sommes cernés par les ondes radio, dans la rue comme à domicile. Notre exposition aux ondes radio doit être inférieure aux seuils réglementaires en tout lieu (hormis dans le périmètre de quelques mètres interdit au public qui entoure une antenne relais). « Les seuils réglementaires sont de 28V/m pour la radio FM, 31 à 41 V/m pour la télévision, et 41, 58 ou 61 V/m pour la téléphonie mobile » explique l'Association française des opérateurs mobiles (AFOM). Les seuils d'exposition aux ondes radio recommandés par l'OMS et en vigueur en France sont révisés régulièrement. Plusieurs associations plaident pour un seuil contrôlé d'exposition maximal (et non moyen) du public de 0,6V/m pour toutes les ondes. Les opérateurs y sont opposés, estimant ce seuil sans fondement scientifique.
Dans la région, la guerre des antennes
Depuis le début l'année, plusieurs décisions de justice ont condamné des opérateurs à démonter leur antenne relais ou interdit des installations pour risques sanitaires : .Bouygues Telecom à Tassin-la-Demi-Lune le 4 février, SFR à Château-Neuf-du-Pape le 16 février et Orange à Notre-Dame-d'Alençon le 5 mars. Dans le Grand Sud, pas de condamnation pour l'instant mais une mobilisation grandissante. Que ce soit dans les centres villes ou les campagnes, des élus, des associations de riverains, des parents d'élèves s'inquiètent tant pour l'installation de nouvelles antennes que pour la présence d'antennes déjà intallées à côté de leur immeuble, de leur maison, ou de l'école de leur enfant et craignent un «Tchermobile.»
A Montauban, par exemple, une douzaine d'antennes inquiètent les habitants. A Cugnaux, près de Toulouse, la mairie a refusé en mai 2008 à Orange l'autorisation d'implantation d'une antenne non loin d'une école. «Au nom du principe de précaution», expliquait alors le maire Philippe Guérin. A Rodez, les habitants de la résidence Saint-Eloi sont mobilisés. A Albi, une résidante de la cité HLM de Rayssac se bat contre les antennes placées sur le toit de son immeuble et dont les ondes, sont, selon elles, à l'origine de pathologies lourdes. L'association nationale «Robin des Toits», créée en 2004, intervient très souvent sur ces situations locales. Les opérateurs s'appuient de leur côté sur un «guide des relations» avec les communes.